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Lorsqu'elle trousse ma chemise

Par Vertuchou

Lorsqu'elle trousse ma chemise et met la main entre mes cuisses,

nous nous taisons l'une et l'autre. Lorsque ses doigts se remettent à bouger,

ce n'est plus qu'un simple frôlement : ils sont mouillés à présent,

ils glissent et, en glissant, comme ses lèvres qui se frottent aux miennes,

semblent se doter de vie et m'aspirer, hors des ténèbres et de ma forme naturelle.

Je croyais la désirer avant, mais le désir que je ressens maintenant est tellement grand,

tellement âpre que je crains qu'il ne reste à jamais inassouvi.

Il me semble qu'il ira toujours grossissant, de plus en plus effréné, à me rendre folle, à me tuer.

Pourtant le mouvement de sa main est toujours aussi lent. Elle murmure :
- Comme tu es douce ! Comme tu es chaude ! J'ai envie...
Sa main ralentit encore, en appuyant. Mon souffle reste un instant suspendu.

Elle hésite, mais presqu'aussitôt accentue à nouveau la pression de ses doigts.

Sarah Waters

Du bout des doigts / 2002


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