René Frégni devant les lycéens de Vieljeux (suite) par Sheumas1
Au début de ses conférences qui ont fait le régal des élèves, René Frégni rappelle toujours le gamin marginal qu’il était à Marseille à l’âge où les enfants se moquent de ceux qui ne sont pas comme eux. Lui était dans ce cas : le jour de sa rentrée au CP à six ans, sa mère lui avait acheté une grosse paire de lunettes de myope et aussitôt, on l’a montré du doigt et on l’a surnommé « quatre œil ». Alors, dès le lendemain, il a jeté ce « costume d’intello » et il commencé à tricher, à mentir au maître en refusant obstinément d’apprendre à lire.
Plus de livres, plus d’alphabet, rien que la « profondeur apparente de l’imbécile ». René-Jean est devenu l’enfant du couloir, celui qui fuguait, qui regardait les affiches de cinéma, qui errait dans les quartiers populaires de Marseille et qui contemplait, à la faveur d’un éclairage, d’un projecteur, le dos d’une femme, la chevelure ondoyante d’une métis, parfum, balancement des hanches entre « les deux hémisphères », dans « la rue assourdissante », d’une créature baudelairienne d’avant la Création.