Magazine Culture

La vie à Paris, je commence à en avoir marre.

Publié le 07 mars 2013 par Alanlimo @ChristoChriv

banlieue parisienne, vue de ma chambre

[coupdegueule]

Après avoir écrit 77 raisons qui me laissaient penser que Paris était la plus belle ville du monde, voilà que je commence à descendre de mon nuage.

Dix mois que j’y suis. Déjà. Dix mois. J’avais pensé qu’il s’agissait d’une escale entre deux voyages et m’y voilà pris au piège, entre deux reportages et une amoureuse dégotée à l’improviste, qui vous tombe du ciel comme on tombe sur un bateau qu’on attend au port depuis belle lurette.

Paris, c’est chouette, ça brille ça bouge et ça danse à tous les coins des sens. Mais, ça y est, je commence à y étouffer. A retrouver cette sensation étrange, cette certitude que j’y ai ma place, mais que je n’appartiens pas encore à cet endroit.

Parce qu’on y voit pas l’horizon. Parce qu’on y respire mal. Parce que les piétons sont désagréables et qu’il y fait un froid terrible. Parce qu’il n’y a pas d’étoiles dans le ciel et que les nuits sont glauques, tristes et hantées par les noctambus et les noctambules ivres morts.

Parce qu’à moins de passer par un site spécialisé, trouver un logement à Paris est proche de l’impossible. Un studio dans le centre de 10m2 pour 500 €, des hordes de postulants à chaque visite, des coups bas et des placards à balais pour une somme astronomique – et le sentiment qu’on est en permanence rejeté. Peut-être que je finirai par faire comme un touriste dans ma propre ville, et louer un appartement à Paris le temps d’une semaine, d’un mois, entre deux balades où j’irai prendre de l’air et des infos.

J’ai besoin d’avoir un quelque part où poser mon ancre. D’un port d’attache où planter mes clics et mes clacs, où caser mes livres et mes longs souvenirs, et mes pantalons troués et mes vieux billets étrangers déchirés. Peut-être que j’ai trouvé quelque chose qui y ressemble mais, pour le moment, rien n’est à moi, et ça me manque.

On dit que le sac-à-dos du voyageur est comme sa maison. C’est probablement vrai ; reste que, pour l’instant, ma maison tiendrait dans mon sac-à-dos. Ça me permet de quitter Paris pour aller parler à des gens dans la rue sans qu’ils ne fuient. D’aller tremper les pieds dans l’eau sans me soucier d’un mec qui voudrait piquer mon sac. De marcher d’un bout à l’autre sans avoir à m’entasser dans un métro. Décoller à l’arrache, d’un jour à l’autre, sans forcément prévenir ou prévoir – libre de travailler où bon me semble. Mais cette liberté, putain, elle est effrayante et commence à me faire peur, elle aussi. Comme un saut dans le vide qui se prolongerait encore, encore et encore, sans pouvoir toucher le sol, sans savoir s’il s’agira d’un crash ou d’un atterrissage en douceur pour, une nouvelle fois, redécoller, repartir.

J’aime Paris – mais j’ai comme envie de la quitter encore, et pour longtemps. Probable que j’appartienne, encore, aux trajets en bus, aux routes, aux chemins de traverse et aux sentiers virevoltants. Pas sûr que cette bougeotte soit enviable ou même saine mais, bordel de nouilles, j’en ai marre des voitures, j’en ai marre de l’odeur et des sons qui voyagent avec moi dans la ville, j’en ai marre des pistaches et des picotins dans les yeux, j’en ai marre de passer mes journées assis, j’en ai marre d’avoir des choses en face de moi sans bouton « stop ». Marre de ne pas pouvoir trouver un seul endroit où le silence, et la paix, règnent autour de moi. Marre, de ne plus avoir le temps de marcher.

[/coupdegueule]


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Alanlimo 9727 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines