Flexibilité, travail, femmes: intox à tous les étages.

Publié le 06 mars 2013 par Letombe

Les manifestations contre l'accord CFDT/MEDEF sur la flexibilité n'ont pas séduit grand monde. Les critiques sont plus virulentes que le texte. A Bercy, des fuites se multiplient sur de nouveaux efforts de rigueur. A l'Express, Christophe Barber sévit encore avec une immonde couverture.
Où vivons-nous ?
Intox.
Les manifestations organisées contre l'accord sur la flexibilité de l'emploi, soutenues par Solidaires, Force Ouvrière et la CGT mardi 5 mars, étaient nombreuses, mais les rangs étaient clairsemés. Elles ont rassemblé quelques milliers de personnes. On a beaucoup entendu ces critiques. La journée fut largement suivie, parfois avec outrance, par les chaînes d'informations. Quelques slogans étaient violents. Hollande comparé à Sarkozy, la mort prétendument programmée du CDI, la "casse sociale" organisée au sommet de l'Etat, "CFDT = Medef", "accord scélérat".
Certains ont oublié que l'accord - si imparfait soit-il - était le fruit d'une négociation en partenaires sociaux. Jean-Luc Mélenchon (PG) a ainsi déclamé sur RTL: « C'est aux parlementaires de faire la loi, pas au Medef ». Et de caricaturer ensuite que l'accord « n'a pas été signé par les partenaires, mais par le Medef ». C'est une mauvaise manière. Faudrait-il récuser le dialogue social quand celui-ci ne produit pas les effets escomptés ? Le candidat-président Sarkozy, en février 2012, avait justement axé ses messages de campagne contre ces fichus corps intermédiaires.
Certains pensent donc que cet accord est la ruine de tout, la fin d'un monde et je-ne-sais quelle catastrophe. Cet accord est désagréable, mais il n'est pas la caricature qu'on en fait. L'intox vaut des deux côtés.
D'autres, ou les mêmes, sont convaincus que cet accord n'est pas valable puisque la CGT et FO ne l'ont pas signé. Avec 8% de syndicalisation parmi les effectifs salariés, quelle est donc le sens de cette dispute de représentativité ?
Intox (bis)
Sur le front économique, les chiffres se succèdent et ne se ressemblent jamais.
Jérôme Cahuzac pensait à 6 milliards d'euros d'impôts et/ou d'économies à trouver l'an prochain. Le Monde, mardi 5 mars, croyait savoir qu'il faudrait supporter 4 milliards de rabots supplémentaires. On imagine que la fuite vient de Bercy, quelque part dans les couloirs d'une administration insuffisamment purgée après l'alternance politique de juin dernier.
Un chef de service a cru bien faire, à moins que la fuite ne vienne de plus haut, avec l'objectif secret de rassurer une Commission bruxelloise qui aimerait sanctionner tout écart de trajectoire vers la réduction des déficits budgétaires en-deça des critères du Traité de Maastricht.
Pourtant, l'austérité budgétaire n'est pas contestée qu'en France. Le désastre électoral italien d'il y a 8 jours n'est rien d'autres qu'un désaveu multiple: contre la droite, la gauche, et l'Europe. Devinez qui va pointer son nez ?
Immonde
Christophe Barbier se surpasse. Pour la Journée de la Femme, funeste commémoration pour une égalité des droits qui progresse peu et lentement, voici que l'Express publie l'une de ces couvertures dont son patron a le secret. Une petite saloperie - osons le terme - pour un faux appel au débat. Nous vous la livrons en miniature, une taille déjà trop grande pour ce qu'elle mérite.
Des consoeurs et confrères relayeront notre indignation.
Pour cette Journée de la Femme, la patronne des patrons n'avait pas grand chose à dire que de regretter le manque de dirigeantes à la tête des entreprises du CAC40. Est-ce donc là la seule et simple préoccupation de Laurence Parisot ? Rien sur les écarts de salaires, les carrières interrompues, la précarité.
Ségolène Royal, lundi 4 mars sur France inter, avait un message plus fort à délivrer: la France compte trop peu de créatrices d'entreprise: « Parmi les créateurs d’entreprise il n’y a que 25% de femmes, alors qu’elles sont plus diplômées que les hommes » . Le site de la radio concurrente LeLab raille immédiatement un autre de ses propos - les femmes plus aptes à gérer puisqu'elles gèrent les sous du foyer. Le garçon qui signe l'article - pardon, le "billet"- n'a pas compris grand chose de la symbolique.

Chroniques de Juan