Chateaubriand voyage

Par Alain Bagnoud

Au fur et à mesure que le récit remonte des souvenirs à la description du présent, les Mémoires d'outre-tombe changent. C'était un récit autobiographique, ça devient un journal.

Je viens de lire la description du voyage que fait Chateaubriand vers Prague, puis vers Venise, en 1833, à la demande de la duchesse de Berry. Celle-ci, romanesque et aventurière, épouse du premier fils de Charles X, qui a été assassiné en 1820, accouche d'un fils posthume, l'enfant du miracle, sept mois et demi plus tard.

Quand Charles X doit abdiquer en juillet 1830 après avoir voulu imposer sans succès les ordonnances qui rétablissaient l'absolutisme, son second fils, Louis de France, le dauphin, se retira avec lui au profit de l'héritier, Henri V, qui ne régna d'ailleurs jamais.

Il aurait pu le faire, en 1871, rappelé par les légitimistes, mais il refusa d'adopter le drapeau tricolore, s'obstina à conserver le drapeau blanc, et mourut en exil.

La duchesse de Berry, donc, s'était persuadée qu'elle allait soulever le peuple au profit de son fils. Personne ne la suivit, elle fut trahie, arrêtée. Elle était enceinte d'une fille. On la força à avouer son mariage secret afin de la déconsidérer. C'est alors qu'elle fit appel à Chateaubriand pour plaider sa cause devant Charles X en exil, qui ignorait sa grossesse.

Le Vicomte, donc, voyage et tient un compte exact, au jour le jour, de son trajet. Journal de voyage, impressions, rêveries romantiques, et toujours cette pose de simplicité. Magnifique.