Une centaine d'Indiens qui ont redécouvert leurs racines juives et se sont convertis au judaïsme, sont en attente d'une autorisation d'immigrer en Israël
Depuis des décennies, Israël connaît les émigrations juives les plus exotiques : d'Inde ou d'Éthiopie et même de Chine….
Un autre groupe humain des plus improbables va venir compléter cette mosaïque étonnante : une centaine d'Indiens, vivant au cœur de la forêt tropicale péruvienne, sur les rives du fleuve Amazone au Pérou, indubitablement juifs !
Leur histoire commence vers la fin du 19ème siècle.
Des jeunes juifs, des hommes principalement, arrivent du Maroc au Pérou ; ils viennent chercher fortune dans l'exploitation et l'exportation du bois à caoutchouc qui est très répandu dans la région d'Iquitos où ils s'installent – une ville considérée comme l'une des plus isolées au monde –.
Perdue au fin fond de la forêt amazonienne, elle ne peut être atteinte que par bateau ou avion.
Tous, pour la plupart célibataires, ont à cœur les premiers temps de maintenir un mode de vie juive mais au fil du temps, ils épousent des femmes indiennes de religion chrétienne.
Au fil des ans, leurs descendants qui ont gardé la connaissance de leurs racines juives, perdent peu à peu les coutumes et les traditions juives.
Il y a de cela une vingtaine d'années, le Mouvement Massorti – traditionnel – les a retrouvés et a tenté de les faire venir en Israël.
Quelques-uns d'entre eux sont arrivés dans les années 1990 suivis quelques années plus tard par un autre groupe. Ils ont tous subi une conversion de rite conservative (traditionnel) avant d'immigrer.
Les autres membres de la communauté poursuivent leur vie à Iquitos tout en rêvant à une immigration possible, un jour…
En attendant, pour redécouvrir leurs racines juives, ils ont commencé à adopter les coutumes juives, marquant le chabbat, priant dans une synagogue locale qu'ils ont construite eux-mêmes et demandant à être enterrés dans un carré juif dans le cimetière local.
Mezzouzot et étoiles de David ornent les portes de nombreuses maisons de leur communauté.
Il y a douze ans, 250 d'entre eux ont entamé un processus de conversion conservative et une centaine a manifesté son souhait de s'installer en Israël.
Célibataires, en famille avec des jeunes enfants et des bébés, personnes âgées, le groupe est très diversifié également d'un point de vue socioprofessionnel : ils sont indifféremment marchands, enseignants, employés du gouvernement ou conducteurs de "rickshaw" et devront probablement, comme beaucoup de olim 'hadachim (nouveaux immigrants) envisager une réorientation professionnelle.
Certains portent encore le nom d'origine de leur lointain aïeul : Pinto, Levy, Abramovich…
Le rabbin Andy Sacks du Mouvement Massorti a précisé que tous les membres du groupe détiennent des documents prouvant qu'ils ont été légalement convertis.
Les fonctionnaires de l'Agence juive ont déjà commencé à travailler sur un plan d'alya de groupe.
Pour Yehuda Sharf, directeur de la division des opérations spéciales de l'alya et de l'absorption de l'Agence Juive, leur intégration devrait être facilitée par le fait que la plupart d'entre eux ont déjà des parents installés avec succès en Israël au cours des années passées.
La balle est maintenant dans le camp du ministère de l'Intérieur qui a demandé des éclaircissements sur leur processus de conversion et réserve sa réponse. Une fois qu'il aura donné son feu vert, la route d'Israël leur sera ouverte.