Hugo est agent de sécurité, mais également tueur à gages au service d’Esteban, un entrepreneur véreux qui fait souvent appel à la méthode forte pour négocier ses contrats. Il n’hésite pas à tirer si on lui en donne l’ordre et ne se pose pas de questions. Jusqu’au jour où il rencontre par hasard un prêtre complètement alcoolique dans un bar, qui lui glisse Don Quichotte dans la poche, ainsi qu’un chien, un petit chien qui bêtement vient se coller contre lui, comme s’il le choisissait comme maître (il faut dire qu’Esteban vient de liquider le maître en question…). Ces deux rencontres vont l’amener à réfléchir et à faire travailler ses trois neurones, d’autant plus que pour la première fois de sa vie, il se met à lire, et lui faire découvrir la vie sous un autre jour. Et voilà qu’il ne veut plus tuer, mais devenir un homme de bien !
Mais il n’est pas évident avec un tel métier de claquer sa démission du jour au lendemain et son attitude devient suspecte pour son patron et ses collègues, avec lesquels il entretenait déjà des relations basées sur la méfiance, notamment Boris, un ex-mercenaire venu de l’Est dont on ne sait pas grand-chose sauf qu’il veut prendre la place d’Esteban, que le patron considérait jusque-là comme son bras droit, et qu’il est dangereux, très dangereux.
Donc Esteban continue à travailler, mais le cœur n’y est plus. D’ailleurs, il emmène de plus en plus souvent avec lui Bion, le petit chien, devenant aussi prévenant qu’une mère et frisant souvent le ridicule (rappelons qu’il n’a que quelques neurones en état de marche !). Il ne veut plus tuer, mais tente de raisonner ses victimes pour les exhorter à céder afin qu’il ne soit pas dans l’obligation d’obéir à son patron, mais il semble que la manière douce soit moins efficace, car les problèmes s’accumulent et le pauvre Esteban est un peu paumé.
Or son boss a besoin de lui pour trouver et faire la peau aux hackers qui se sont attaqués à son groupe et qui sont près de le ruiner, un groupe qui se fait appeler Vendredi 13, et qui a des allures de Robin des bois moderne, volant l’argent des riches en rêvant de le redistribuer à des associations caritatives.
La confrontation des uns et des autres n’en sera que plus déstabilisante pour le tueur, et truculente pour le lecteur. Ce roman est totalement déjanté et bien sûr à lire au second degré, puisqu’il est truffé de stéréotypes dont s’amuse l’auteur, qui manie avec virtuosité l’ironie. On ne s’y ennuie pas une seconde puisque les évènements s’enchainent très rapidement, et en même temps, on rit de la bêtise d’Esteban tout en ayant envie qu’il réussisse dans sa démarche de devenir un homme meilleur. Les personnages sont extrêmement caricaturaux et on se délecte de leurs descriptions, pleines d’humour et totalement satiriques. Les malfrats sont d’une bêtise sans nom, et en même temps doté d’une candeur incroyable et le lecteur s’amuse sans discontinuer de ce polar-comédie vraiment original qui se termine comme sur la scène d’un théâtre, dans un monde où l’absurde est roi. Bref, un régal !
Ce roman et ses personnages feraient très certainement un malheur au cinéma !