Coiffeur auprès du maître M. Alexandre, embauché par le Vogue anglais en pleine époque du Swinging London, il deviendra maquilleur à Paris quelques temps après, dès lors commence une carrière exceptionnelle…
Aujourd’hui directeur artistique de la maison Guerlain, Olivier Échaudemaison est enthousiaste et énergique, un être hyperactif et curieux, au phrasé virevoltant, une personnalité très attachante, qui sait faire partager ses passions.
En compagnie d’Helène Leblanc qui partage avec moi le privilège de passer une heure avec l’artiste, nous ne manquons pas d’aborder, à bâtons rompus, une partie des sujets qui nous tiennent à cœur.
“Le luxe, un plaisir pour soi”
Et voilà qu’Olivier Échaudemaison nous conte l’histoire de son vieux pull en cashmere, celui d’une “vilaine couleur”, que l’on ne “voyait pas” car il le portait sous l’uniforme de l’armée, mais qui cependant lui “remontait le moral”, cette allégorie est l’expression du luxe.
Il se doit d’être subtil et simple d’apparence, « le luxe est un raffinement invisible ». Le silence et l’espace, aujourd’hui si difficilement accessibles sont un luxe. Le luxe est proche de l’abstraction.
Ce qui, je lui réponds, « nécessite alors, une certaine culture, que l’on doit faire découvrir pour voir par delà les paillettes”.
Les pays emergents
En Asie l’attrait pour luxe s’est longtemps exprimé à travers la possession du logo de la marque, l’ostentatoire et le visible. Les grandes marques internationales occupent tout l’espace, laissant peu de place aux jeunes créateurs ou aux designers locaux pour montrer “front row” leur talent.
Mais Olivier Échaudemaison, qui connaît bien ces pays, pense que les choses évoluent. Là aussi le luxe est abordé par la nouvelle génération de consommateurs de manière plus délicate, les asiatiques vont, à court terme, de plus en plus exprimer leur culture et leur singularité. Et de citer en exemple un intérêt plus important pour les soins concernant la peau que le parfum chez les populations asiatiques. Les Occidentaux devront s’adapter.
Le gotha de la mode, les têtes couronnées et madame “tout le monde”
Passant d’un sujet à l’autre nous traversons les continents et le temps. L’homme nous captive lorsqu’il parle de l’époque des “grandes rédactrices de mode”. Il a connu Diana Vreeland à ses débuts lorsqu’elle était au Harper’s Bazar! Une période où les rédactrices « donnaient un style », jusque dans les moindres détails, aux histoires créées pour leur magazine.
Diana Vreeland choisissait des filles au style spécifique et en faisait des stars (« La » Shrimpton, Twiggy, Marisa Berenson pour n’en citer que quelques unes), puis elle leur associait un photographe (Bernstern, Avedon…) selon son style (rock, bourgeois, british).
Les femmes d’alors se changeaient plusieurs fois par jour, passaient de la robe de déjeuner, au tailleur d’après-midi, de la robe de cocktail à la robe du soir, achetaient 30 modèles Haute Couture par saison. Le prêt-à-porter n’existait pas encore et les maisons de couture s’appelaient Jacques Heim, Maggy Rouff ou encore Guy Laroche.
Hier encore il avait du temps à consacrer à une seule personne, aujourd’hui notre rythme de vie ne le permet plus et il préfère, comme il le fait deux ou trois fois par an, maquiller « madame tout le monde », au sein d’un grand magasin.
Never look back!
Avec sa jeune équipe, il réinterprète constamment les courants, les adaptant au goût du jour, quitte à “faire des erreurs”. Nulle nostalgie dans ses propos, Olivier Échaudemaison est parfaitement en phase avec son temps, la curiosité et la passion comme guides.
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A lire
« Les couleurs de ma vie », suivi d’un abécédaire de la beauté, Olivier Échaudemaison, éditions Cherche Midi
La Modoscopie précédente était consacrée à Maria Luisa