Il cherche ses affaires. Il s'énerve. Le temps passe. Il va être en retard. Comment vous dire au revoir? Ou serait-ce plutôt adieu? Que doit-il faire? Courir comme tout le monde? Se conformer? Se résigner? Se recroqueviller?
Il a une mission, un horaire, un chemin, un chewing gum, il n'a pas à se poser de questions, qu'est-ce qui fait qu'il ressent un vide dans son coeur, une angoisse? Rien n'y fait, il a envie de disparaître. De ne plus se soumettre à la dictature du paraître, de ne plus promettre que ce qu'il voit à travers la fenêtre. Ça fait longtemps qu'il ne parle avec personne, ça fait longtemps que personne ne s'intéresse à lui. Il se dit qu'il est entré dans le sas de décompression, que lentement il doit se préparer à sauter, l'écran est pâle et silencieux, les étoiles sont éteintes, pas un pas dans la salle, tout est tellement vieilli, tout est si triste, tout est si moche depuis qu'il n'y croit plus.
Il marche et remarche encore, dans les rues, il scrute les façades maussades, le monde est dépeuplé, les pierres sont à l'arrêt, il n'en peut plus de chercher, il ne sait même pas ce qu'il doit chercher, il marche, encore et toujours, il voudrait crier, mais il se sent ridicule rien que d'y penser.
Alors il se tait, comme il s'est toujours tu. Il pense que tout a toujours été comme ça. Il pense que la vie l'a toujours ennuyé. Il pense que l'attente et l'insatisfaction ont toujours été son pain quotidien. Il voudrait s'affranchir des amertumes d'avant. Il voudrait s'endormir et faire de beaux rêves.
Pauvre bougre. Pauvres bougres. Pauvres nous.