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Débat sur la pédophilie maghrébine : ce que nous refusons de voir

Publié le 12 avril 2008 par Naravas

Débat sur la pédophilie maghrébineenfant

             Ce que nous refusons de voir

Ce texte, écrit de manière emportée lors d’une polémique avec une adhérente à une association contre le tourisme sexuel, reflète à mon avis les cécités qu’on peut promouvoir sur la pédophilie maghrébine, du simple fait qu’on soit un maghrébin « culturellement bien formé » (pour paraphraser Chomsky). C'est que le phénomène n'est pas aussi universel qu’on le pense ; il se décline au contraire en fonction de la société spécifique qui le produit.

L’association en question s’appelle SOS Morocco. Elle est constituée par « un groupe de Marocains, en majorité résidant en Amérique du Nord ». Leur mission consiste à « sensibiliser contre le tourisme sexuel de nos enfants, à mettre de l’avant les droits des enfants marocains à avoir une vie de dignité et de respect et à aspirer à un avenir meilleur. » Voici donc pourquoi j'ai refusé de signer leur pétition et en quoi consistent mes points de désaccord avec leur vision, par ailleurs bien intentionnée.

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                    Je ne signerai pas, par énervement, par protestation contre ce déluge de bonne foi, de politiquement correct et de naïveté sociologique. Mais je rêve…

Comme si nos enfants étaient menacés par les étrangers qui viennent faire du tourisme chez nous. Non madame, la menace ne vient pas de l’ennemi extérieur, nos enfants sont menacés par nous, par les plus proches parents qui tournent autour d’eux, par leurs profs et leurs éducateurs !!! Et vous savez pourquoi ? Parce que nos hommes et nos femmes sont affamés sexuellement, parce que notre culture a plombé nos sexes, parce que l’Etat, la Famille et la Religion ont décrété le plaisir illégal et péché.

Nous n’avons pas de vrais pédophiles comme en Europe et en Amérique du Nord. Nos pédophiles sont des gens normaux qui se rabattent sur les enfants parce que toutes les portes du plaisir leur sont fermées. C’est faute de femmes pour les hommes et faute d’hommes pour les femmes que les uns et les autres se déportent vers des sexualités clandestines et déviantes ! C’est la terrible et extraordinaire famine sexuelle qui pousse les gens à se taper des enfants, faute de mieux. La collectivité elle-même ferme les yeux devant les abus d’enfants car elle (re)connaît plus ou moins consciemment sa responsabilité dans le phénomène : c’est elle, par les conditions dramatiques qu’elle a créées, qui condamne des millions d’adultes à vivre sans le sexe opposé.

Ceinture_de_chastete
C’est les vacances, faites un tour au Maroc et discutez avec les femmes. Vous tâterez leur détresse, leur misère physique et affective, le poids de la morale sociale conventionnelle qui pèse sur leur corps et ses possibilités de plaisir. La masturbation est un sport national, Madame ! Le Maghreb est le pays des regards affamés, hagards, pathologiques, farouches, parce que privés de tout ce que le plaisir sexuel a d’humain. Consultez les statistiques de Google et vous verrez ce que tapent comme requêtes nos frères et nos soeurs du Maghreb.

C’est une situation digne d’une aide humanitaire ! Il faut appeler l’ONU ! Croyez-vous que les Maghrébins cherchent l’émigration pour les seules raisons économiques ? Croyez-vous que le rush dans les cybercafés est dû à la consultation d’informations scientifiques ? Pensez-vous que l’importance de la parabole est dûe au sport et aux films d’aventures ?

Madame, votre association est fondée sur une erreur sociologique !

C’est pourquoi je n’y adhérerai jamais !

Le problème de la pédophilie est national, il vient des conditions dramatiques suscitées par notre culture autour du plaisir. Il vient de l’honneur octroyé à la virginité des femmes et de la gestion collective des organes et des activités sexuels.

Les étrangers sont statistiquement innocents !

Excusez moi mon emportement !

PS/

Crééz une association qui clamerait le droit de tout un chacun au plaisir et j’y adhérerai. Car un Marocain adulte qui a devant lui des possibilités d’affection, d’amour et de plaisir ne se rabattrait jamais sur un enfant !!!

C’est moi qui vous le dit !

Idem pour les femmes, dont on tait la pédophilie.

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Eclaircissements

                 Je suis désolé pour mon commentaire « passionnel » (comme vous dites) qui pourrait, je le comprends bien, être pris pour une attaque. Chacun son combat et je ne suis pas là pour discréditer le vôtre. En revanche, au-delà de mon emportement, je voulais souligner certains points qui, eux, me paraissent objectifs.

1) D’abord, il est très facile de dénoncer, de condamner les comportements que l’on combat. Je connais très peu de gens qui excusent la pédophilie ou le meurtre, tous les rejettent avec la dernière énergie. Mais cette attitude « normative » n’est pas suffisante sur le terrain. Il faudrait comprendre et décrire les mécanismes qui engendrent le fléau contre lequel on se dépense si l’on veut être un peu efficace dans la recherche des solutions. Cette autre attitude « descriptive » et « explicative », je crois l’avoir adoptée en situant la pédophilie dans le système qui la génère et sans doute la génèrera en permanence, malgré les indignations…

2) Supposer par exemple que seuls les hommes sont « pédophiles » est une erreur du sens commun. Tout comme supposer que seuls les hommes sont affamés sexuellement et que la prostitution est une solution au problème…

3) Ensuite, créer une association contre le « tourisme sexuel », c’est supposer que la menace d’abus sur les enfants vient principalement du tourisme, c’est-à-dire des étrangers. Et c’est cela le « politiquement correct » : il est bien vu au Maghreb de supposer que nos maux nous viennent de l’extérieur, de l’étranger, de l’ancien Colonisateur, et j’en passe. C’est le fantasme de la « main étrangère » qui permet surtout de nous éviter des remises en cause salutaires.

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4) Or, j’ai trois reproches à faire à ce postulat :

a) c’est d’abord une contrevérité « qualitative ». Ceux qui connaissent le dossier de la pédophilie savent que la menace vient de là où les parents ne l’attendent pas : des gens au-dessus de tout soupçon, des proches, des cousins et cousines, des éducateurs, des enseignants, des animateurs de clubs de vacances, de tous ceux auxquels on confie sans arrières pensées nos bambins. C’est le cercle immédiat autour de l’enfant qui est le milieu naturel des pédophiles, pas celui des lointains étrangers.

b) C’est ensuite une contrevérité statistique. Ce n’est pas parce que France 3 a consacré une “Une” à ce sujet qu’il est le plus important, le plus lourd statistiquement, le plus urgent et le plus scandaleux. Un militant doit se méfier des médias. Or, vous le savez autant que moi, vous n’avez aucune statistique ! Mettons les chiffres les plus alarmants : 5 % (ce qui est énorme !) des 5 millions de touristes qui se rendent chaque années au Maroc pendant 1 mois en moyenne sont « pédophiles » et réussissent à trouver des proies. Mais que devrons-nous penser de la menace que font peser sur les enfants les 60 % de Marocain(e)s affamés sexuellement, vivant dans l’entourage immédiat, pendant onze mois (si l’on excepte le mois sacré du Ramadhan) ? Bref, je pense que la “pédophilie étrangère” n’est si importante que parce qu’elle occupe tout l’espace dans les médias. La pédophilie nationale, elle, n’est pas “vendable” pour les télés étrangères, elle est impensables pour les télés nationales, elle est ambiante et banale pour le commun des Maghrébins qui sont naturellement portés à la sousestimer, à l’excuser et à la tolérer, de par la nature même de leur système culturel. J’ai eu l’occasion d’entendre in situ des discours justificateurs du genre : “nous avons tous subi la même chose quand on était petit et nous ne sommes pourtant pas moins normaux que les autres”. Le système général pousse à la pédophilie et crée ensuite des mythes pour l’excuser…

c) Enfin, je ne vois pas pourquoi on devrait séparer dans la lutte contre la pédophilie entre une « pédophilie nationale », dont on ne se préoccupe pas, et une « pédophilie étrangère », qui serait plus scandaleuse et à laquelle il faut consacrer une association et un travail exclusif. Quand on est militant humaniste, Madame, on condamne toutes les pédophilies d’où qu’elles viennent. On n’a pas à pointer un doigt accusateur envers le « tourisme » et faire le silence sur « nos » crimes, parce qu’ils sont faits par les « nôtres », par des « musulmans » comme nous.

5) Le fait est que, dés qu’on commence à poser le problème de la pédophilie dans toute sa dimension, dans tout son poids statistique, on se trouve face à face avec l’immense et épineuse question de la famine sexuelle. Dans les autres sociétés, l’abus sexuel est un phénomène marginal. Pas au Maghreb, où il est massif, destructeur et structurel. Il est structurel parce qu’il est prévu par l’économie générale du plaisir, marquée par l’inhibition et le tabou, mais aussi par l’enfermement des femmes, l’obsession collective de la virginité et le meurtre d’honneur. Expliquer le phénomène n’est pas l’excuser (comme vous me le reprochez) mais c’est être plus armé pour le combattre. Savoir qu’au Maghreb on assassine un homme et une femme qui prennent du plaisir, mais que l’on tolère les adultes qui abusent des enfants est un premier pas ! A méditer…

Je vous souhaite un bon courage !

Naravas

PS 1 sur la prostitution :

Depuis quand, Madame, une poignée de prostituées sont-elles qualifiées pour régler les problèmes affectifs, amoureux, sexuels, de toute une société ? Depuis quand les prostituées sont-elles des distributeurs de bonheur ? Vous parlez de prostituées, mais vous n’ignorez pas que les femmes n’ont pas de « maisons closes » où elles pourraient s’épancher : quelle est donc cette justice qui vous permet d’exclure ces dernières du droit au bonheur physique ou affectif ? Quelle est cette société qui paye pour accéder au bonheur de vivre dans la mixité ? Les Maghrébins, comme tous les peuples émancipés, ont le droit au don gratuit du cœur et du corps.

PS 2 sur la prostitution :

Je voudrais souligner l’inconscience qu’il y a pour une femme de renvoyer les hommes aux prostituées, avec la croyance de se débarrasser ainsi d’un problème. N’importe quelle vraie femme devrait chercher à comprendre ce trafic d’êtres humains de sexe féminin, assortis de rapts, de crimes et de viols, qu’on appelle prostitution. Parce que derrière l’avilissement marchand d’une fille de 20 ans, c’est l’avilissement de toutes les femmes qu’on doit considérer. Derrière le viol d’une Ukrainienne qu’on terrorise par la violence sauvage, ce n’est pas la solution d’un problème social qui est cherchée, c’est l’argent, à travers les atteintes aux droits de l’homme. Cette Géorgienne qui travaille à Istanbul pour le grand bonheur des commissaires de police corrompus, des maris infidèles de la bourgeoise turque ou du touristes en manque, cette femme a une famille, qu’elle n’ose plus regarder, elle a un père, laissé inconsolable, et une mère qui vit avec la douleur d’une fille sans nouvelles. Alors, mesdames, avant de nous conseiller d’aller voir les prostituées, réfléchissez à ce que vous dites, soyez humaines, à défaut d’être solidaires !


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