Je n'instruis pas, je briefe
« Composé tout autant de termes du quotidien que de concepts spécialisés », Le Design des interfaces numériques en 170 mots clés vient de paraître chez l'éditeur Dunod.
Cet ouvrage écrit en langue simili française – pardon, en langage spécialisé – s'attèle à donner au lecteur averti (ingénieurs, designers, étudiants) les principales définitions des mots qu'il sera amené à rencontrer dans le cadre de son travail. Une démarche qui sera donc profitable aux premiers intéressés. Je ne m'attarderai pas ici sur le choix des mots qui ont tous le mérite, même pour les plus cryptiques, d'être bien expliqués. Les praticiens de la langue française, eux, peuvent se retourner dans leur tombe.
Ecrire un dictionnaire n'est pas à la portée de toutes les mains, et Le Design... nous le rappelle bien. Si l'entreprise d'ancrer un langage technique est louable de la part des personnes à l'origine de ce projet, l'objet lui-même n'est pas des plus pratiques. L'informatique et le numérique sont deux domaines aux anglicismes et néologismes nombreux. Dans cette volonté de fixer ce langage particulier, il eut sans doute été plus ambitieux de profiter de cette occasion jusqu'au bout, quitte à pratiquer le néologisme et le barbarisme outrancier.
Un exemple : « Brief », mot anglais, dont la traduction française est : « Instructions (très peu usité) ». Ah. C'est vrai. Un coordinateur ne donne jamais d'instructions, il « briefe » et, d'ailleurs, on n'utilise jamais ce terme dans la langue française.
Pauvres juges d'instructions.