Communiqué de l'ASPAS
Le 25 janvier dernier, la Commission Européenne a fait parvenir une mise en demeure aux autorités françaises au motif qu’elles ne luttent pas contre le braconnage et le trafic très lucratif du bruant ortolan (Emberiza hortulana).
Cet oiseau qui pèse de 20 à 27 grammes, est un grand migrateur. Piégé dans les Landes, il arrive du nord de l’Europe pour aller hiverner en Afrique tropicale. Il a besoin de milieux semi-ouverts pour se reproduire. Mais la transformation des milieux agricoles, un peu partout en Europe, a considérablement fait chuter sa population au cours des dernières décennies.
Cependant, depuis plusieurs années et à la demande de quelques élus influents, une tolérance totalement illégale, permet aux braconniers landais de capturer vivant ce migrateur lors de son long voyage.
En 1988, la France avait déjà été condamnée pour la non protection de l’ortolan. Mais depuis rien n’a changé. En 1999, devant la mauvaise foi avérée de la France, une nouvelle condamnation est prononcée, avec cette fois une astreinte de 142.425 € par jour !
Le bruant ortolan est alors officiellement protégé en France. Officiellement, mais pas sur le terrain. Il est de notoriété publique qu’il existe un pacte de tolérance entre la fédération des chasseurs des Landes et les autorités françaises, qui « autorisent » les braconniers à tendre leurs matoles (pièges supposés "traditionnels"). Quelque 50.000 ortolans seraient ainsi braconnés chaque année dans ce département, soit 10 fois plus que la population totale de l’espèce en Allemagne, Hollande et Belgique réunies !
Face à cette situation inadmissible, l’ASPAS a fourni à la Commission Européenne les éléments nécessaires à une saisine de la Cour Européenne de Justice. Celle-ci ne manquera pas de sanctionner très fermement la France à cause de sa volonté manifeste de contourner les droits français et européen, et de faire fi de ses deux condamnations.
L’ASPAS se félicite de la mobilisation des associations de protection de la nature qui se sont déjà investies, chacune à leur façon, dans ce très difficile dossier (LPO, SEPANSO).
L’ASPAS en appelle à la ministre de l’Ecologie, au Premier ministre et au Président de la République pour qu’enfin cessent les captures illégales des ortolans (mais aussi des pinsons), et pour que les réseaux de leur commerce occulte soient une fois pour toutes démantelés.
À l’heure où notre pays traverse de graves crises écologique et économique, le gouvernement français continuera-t-il à soutenir ce braconnage et ce commerce de nantis, au risque de verser à l’Union Européenne des amendes colossales, au frais de ses citoyens ?
Source : ASPAS