Magazine Société
Comme le coucou fait son nid chez les autres, Ségolène Royal a lancé, l'air de rien, son OPA sur le PS.
On a beaucoup glosé sur la trahison supposée de Fabius qui aurait été déloyal en faisant campagne - plutôt discrète - pour le non en 2005.
Je ne sais pas bien comment se compare la campagne de Ségo à celle de Fabius, mais tout n'y respire pas la sincérité affichée...
1. Un site internet est lancé, www.congresutileteserein.com (.com ?), dont le look pompe allègrement
celui du PS, histoire d'apparaître comme un truc officiel. Ségolène n'est pas Première secrétaire du PS mais se comporte déjà comme telle.
La question posée est claire : comment le congrès du PS peut-il être utile aux français ? Comprendre : comment choisir le bon candidat pour la présidentielle et ne se lier en rien
par des questions idéologiques (beurk) ? Ou comment contourner les éléphants et les millitants par un appel à l'opinion publique (qui n'en a pas grand chose à faire au demeurant).
Ce à quoi aboutira la méthode royaliste est clair, et parfaitement décrypté, par Eric Dupin :
"...La vérité de leur démarche [des royalistes] est exprimée sans fard par Gaëtan Gorce, l'un des soutiens les plus réfléchis de Royal, dans une lettre aux dirigeants socialistes. Ce "rénovateur" convaincu fait du changement du "fonctionnement" du parti un
"préalable" à sa renaissance. Il prône courageusement une présidentialisation du PS: le premier secrétaire serait élu avant le congrès indépendamment d'un texte politique; les
courants disparaitraient au profit d'une "vaste consultation" de la base qui serait arbitrée on ne sait trop comment (ou plutôt si). Tout cela s'inspire à la fois des moeurs contestables de la
Vème République - au moment même où il est question d'y remédier - et des pratiques encore plus douteuses du "centralisme démocratique" de culture communiste."
Retour à Georges Marchais ? Je crois que je préfère les guerres de courant...
2. Des réunions Désirs d'Avenir ont lieu pour préparer le congresutileetserein, dont les secrétaires de section PS relaient les invitations (en tout cas le mien), mettant ainsi le fichier
des adhérents du PS à disposition de Désirs d'avenir :
EN PRESENCE DE DAVID ASSOULINE SENATEUR ET CONSEILLER DE PARIS, MEMBRE
DU GROUPE DES 20 AUTOUR DE SEGOLENE ROYAL.
PROGRAMME
LANCEMENT DU PACTE RENOVATEUR
DEFINITION DE GROUPES DE TRAVAIL
POUR REPONDRE A LA CONSULTATION PARTICIPATIVE
LANCEE PAR SEGOLENE ROYAL SUR LE THEME
COMMENT LE PARTI SOCIALISTE PEUT IL ETRE UTILE AUX FRANÇAIS ?
3. Ségolène a ses locaux propres (financés par Pierre Bergé) ; Vincent Peillon, qui apparaît de plus en plus comme son bras droit, a lancé sa propre fondation, l'Institut Edgar Quinet, qui vient
concurrencer la Fondation Jean Jaurès... Bref, ceux qui ont jeté la pierre à Fabius pour fractionnisme peuvent en préparer deux ou trois autres pour Ségo.
En tout cas, pas question pour moi de jouer le serin utile de cette démarche de coucou. Tout comme Jospin, Ségolène ne montre en rien en quoi elle aurait suffisamment changé pour que sa défaite passée se transforme en victoire. Comme le relève Versac, la même méthode d'enfumage militant que celle qui a prévalu lors de la présidentielle est à
l'oeuvre : "Comme lors du précédent désirs d'avenir, il semble que ces deux fonctionnements restent cloisonnés : d'un côté, le bon peuple des forumeurs, bons à s'étriper sur des forums, de
l'autre, les cercles intellectuels (bien constitués, manifestement, avec la fine fleur des intellectuels de centre-gauche)."
Au final, on sait bien qui rédigera le programme de Ségo, dans un petit bureau (Vincent Peillon, pas effrayé, annonce sur la vidéo d'accueil de la cage à serins que le programme "sera écrit à
100 000 mains". Certes. Et après 100 fleurs refleuriront...)
En synthèse, l'argumentaire royaliste est le suivant :
1. il faudrait voter Ségolène au PS car c'est la meilleure,
2. elle n'a pas d'idées mais une méthode,
3. sa méthode n'a pas marché en 2007 mais elle reprend la même.
Il y a à mon avis une de ces trois propositions qui est fausse...
Ah, j'oubliais : la méthode choisie, par questionnaires ouverts (liste de
10 questions-fatras) est parfaitement faux-cul : à quatre années d'échéances électorales, on aurait
aimé que Ségolène cesse de dire que son choix sera celui des français pour plutôt exprimer ses propres positions et propositions. En toute bravitude.
Person Eric Dupin
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