Liseuses électroniques: déjà la fin?

Publié le 29 janvier 2013 par Numzen @NumeriqueZen


E-book, e-reader, livre électronique ou liseuse, quel que soit son nom, on nous promettait l’été dernier, une explosion des ventes en France (lire ici) avec une croissance de plus de 100% entre 2011 et 2012, pourtant en ce début d’année 2013, on nous annonce déjà leur déclin (lire ici).

Ces 2 informations paraissent à première vue contradictoires. Pourtant, malgré ce paradoxe apparent, les deux sont justes. La France avait un vrai retard sur ces équipements par rapport à l’Angleterre et plus encore aux Etats-Unis (nous étions 40 fois moins équipés que les américains!). En 2012, elle a comblé une partie de ce retard quand les autres marchés étaient déjà en repli.

Pourquoi ce recul? Les coupables sont les tablettes dont les ventes ont explosé. Le parc de liseuses et des tablettes cumulé permet ainsi une croissance forte des ventes de livres dématérialisés. Mais au niveau des supports, il y aurait une cannibalisation des ventes.

J’avoue mon étonnement face à ces données. Comment peut-on mettre ces deux produits en concurrence?

Si vous aimez la lecture et que vous n’avez jamais essayé une liseuse, vous passez à côté de quelque chose.

La première fois que j’ai pu voir un de ces appareils, j’ai cru avoir affaire à un modèle de présentation factice. On aurait dit qu’une feuille de carton imprimée avait été glissée derrière un film plastique. Pourtant c’était bien une liseuse fonctionnelle que j’avais devant moi.

Depuis, je possède une de ces liseuses et le plaisir que j’ai à l’utiliser tous les jours est sans cesse renouvelé.

Il faut dire que les qualités sont nombreuses: c’est un appareil petit, léger, peu cher, qu’on peut facilement glisser dans une poche ou un sac. On peut ainsi emporter des dizaine de livres sur soi en permanence, le confort de lecture est exceptionnel, on peut changer la taille des caractères, on peut lire en plein soleil ou avec une lumière tamisée,on peut surligner des passages pour les retrouver plus tard, un dictionnaire intégré nous donne en un clin d’oeil la définition de mots inconnus (très utile pour les ouvrages en anglais!), on obtient un livre en quelques secondes même à l’autre bout du monde avec une simple connexion wifi et l’autonomie est fantastique.

A titre d’exemple, lors de mon dernier voyage, après avoir lu peut-être 4 livres en 12 jours, il me restait encore plus de la moitié de l’autonomie initiale! Et quel gain de place et de poids dans les bagages!

Des qualités qu’on ne retrouve pas ou moins sur des tablettes: elles sont plus lourdes et plus grandes, leur lecture en plein soleil est au mieux inconfortable, parfois impossible, leur autonomie est au moins 7 à 8 fois inférieure. Mais surtout, le confort de lecture est infiniment moindre! En raison de la luminosité intrinsèque de l’écran, j’ai l’impression que la vision fatigue plus vite et que la lecture est beaucoup moins agréable.

Alors certes, elles ont la couleur en plus et une foule de fonctionnalités s’ajoutent à la lecture. Les BD et les magazines bénéficient d’ailleurs grandement de leurs écrans. Mais comparer une liseuse et une tablette, c’est un peu comme comparer un tracteur et une voiture: il y a 4 roues, un moteur, un fauteuil et un volant dans les 2 cas, on peut se déplacer dans les 2 engins mais la comparaison s’arrête là: l’usage n’est pas le même!

Que manque-t-il aux liseuses pour rebondir? La couleur est la première chose qui vient à l’idée. Toutefois, cette avancée mainte fois annoncée n’est toujours pas arrivée. La faute à des couleurs fades si on veut maintenir les qualités de l’appareil due à l’encre électronique (contraste, économie d’énergie, confort de lecture).

Pourtant d’autres produits sont annoncés. Tiendront ils leurs promesses? Nous le verrons très rapidement.

Au-delà de cet aspect technologique, il y a encore des freins à l’usage auprès du grand public.

Tout d’abord ce sont des produits méconnus: la plupart des personnes à qui je montre ma liseuse sont aussi surpris que moi il y a quelques années par le procédé e-link. Ils connaissent bien sûr l’existence de ces appareils mais n’en ayant pas forcément essayé, ils ne mesurent pas la différence avec une tablette plus répandue.

Ensuite, il y a un frein pour une grande partie des lecteurs (et j’en fait partie) qui est sensible à l’aspect « objet » du livre, à sa conservation, ces lecteurs qui ont une bibliothèque qu’ils aiment parcourir régulièrement, qui aiment prêter leurs ouvrages sont encore réticents à l’aspect dématérialisé du livre électronique.

Je vois des solutions éventuelles à ces deux points:

- Pour familiariser le grand public, quoi de mieux que l’école? Je serai curieux de connaitre le prix des achats de livres scolaires chaque année pour l’administration et les parents. Alors qu’il serait tellement plus simple de les télécharger sur une unique liseuse qui en allégeant considérablement le poids des cartables, soulagerait ainsi le dos des écoliers! L’enfant garderait ainsi tout au long de sa scolarité les ouvrages dont il a eu l’usage et pourrait facilement les consulter à tout moment. Les parents échapperaient aussi à la corvée des protections à mettre chaque année sur les nouveaux livres! De nombreux écoliers ou étudiants se sont vus dotés de tablettes ou d’ordinateurs qu’ils s’empressaient de revendre. Une liseuse personnelle pour chaque enfant me parait beaucoup plus indiquée dans le cadre scolaire!

- Pour les amoureux des livres, la solution existe déjà aux Etats-Unis pour la musique alors qui sera le premier à offrir en France (ou au moins proposer pour un surcoût modique) la version électronique d’un livre acheté? Une telle offre enlèverait d’un seul coup 2 freins : le livre perdurerait en tant qu’objet pour ceux qui le souhaitent, le coût d’un livre dématérialisé parfois excessif par rapport à la version papier, surtout quand l’ouvrage existe en poche, ne serait plus un souci.

Est-ce que la liseuse rejoindra le rang des magnétoscopes V2000, des HD DVD au panthéon des produits technos morts avant d’avoir pu se développer malgré des qualités indéniables ou les FNAC et autre Amazon sauront-ils persévérer pour un produit culturel accessible et utile?

Réponses dans les mois à venir!

MAJ: un article intéressant qui donne une vision un peu différente de la baisse des ventes constatée aux USA:

Un autre site réalisé par 2 auteurs qui prennent parti pour le livre numérique et qui présente parfaitement les arguments des liseuses face aux tablettes. D’autres articles dignes d’intérêt sur ce site à découvrir. A vous de farfouiller!