MIKE PATTON’S STYLE – Mike Patton, chanteur mythique de Faith No More, Fantomas, et en ce qui nous concerne, de Tomahawk, est un vieux briscard du rock. A la tête nombreux projets, il sait depuis longtemps comment innover dans le milieu du hard quitte à souvent s’en éloigner. Avec Tomahawk, super groupe, il revient à la charge cette fois avec un nouveau bassiste pour tenter de nous dérouter. Il faut le dire, le précédent album du groupe, halluciné et hallucinant par son côté expérimental façon indiens d’Amérique, en avait perdu plus d’un. Trop kitsch pour certains, génial pour les autres. Dès lors, que penser de ce nouvel opus que personne n’attendait ? Retour en forme ou échec délirant de Mister Patton et de ses sbires ?
Du doux nom d’« Oddfellows » (drôles d’oiseaux, bizarreries, etc…), on tire toute suite la conclusion que cette fois encore, Patton et sa bande ne vont pas se priver de nous entraîner dans un délire collectif. Car, il faut le savoir, le titre de cet album est tout sauf usurpé. Véritable bande son de films bizarres, à la fois horribles et comiques, les titres qui nous sont proposés sont d’une originalité à toute épreuve. A la fois bancals et hystériques, fous voire furieux, grotesques ou désespérés, ces derniers mis côte à côte composent un ensemble musical dérangeant mais captivant.
Patton, dont la réputation vocale n’est plus à faire s’en donne à cœur joie : à la fois crooner diabolique, soulman désespéré, chien enragé, mélodique mais hargneux ou encore Monsieur Loyal, il endosse toutes sortes de costumes et nous accompagne avec brio dans un univers ahurissant et malsain. L’orchestre, quant à lui, suit le chef. Pas de chichis ou de froufrous. Les constructions sont simples mais pas évidentes. Le groupe, très pro, sait s’en tenir savamment juste à l’essentiel. En ce sens, pour ce qui est de la production, on tape dans un son très clair et pur mais aussi sale et épuré.
La guitare sonne très hard 80’s, punk-hardcore façon vieille école ou heavy-métal. Parfois même un mélange des trois. La basse efficace, ronde et propre se contente la plus part du temps de soutenir l’ensemble par des lignes simples. Juste ce qu’il faut en somme pour garder une énergie brute. La batterie, très propre, violente et boisée, donne beaucoup de pêche à l’ensemble. Elle sait cependant aussi se faire lente et lourde ou simplement délicate et subtile. Sans compter le nombre d’effets et de sonorités qui enrobent le tout.
Dans l’ensemble, le combo réussi une performance étonnante. Treize titres ou « drôles d’oiseaux» qui nous font tant rire que frémir, hurler ou taper du pied (voire « headbanguer » follement pour les plus furieux d’entre vous). Tout d’abord, avec les deux premiers hits de l’album qui tabassent et nous font sombrer dans la démence du groupe. Un mélange de violence et de psychose contenue, d’horreur et de rage. Le clou s’enfonce. La suite nous offre en bonus des sons bizarres, des chœurs et des voix fantomatiques qui se mêlent au registre vocal débridé de Patton.
Tout est permis jusqu’aux mélanges les plus improbables toujours cernés par un cadre très rock n’roll voire « heavy ». Ambiances Western, James Bond, ou Swing revisitées façon « hard » ne sont que quelques échantillons de ce à quoi le combo, très en forme, s’amuse. Le jazz se mêle à l’horreur, le slow est poussé à son paroxysme, le lourdingue et l’horrible rattachés au bonheur. On peut donc sans hésiter dire que « le général » revient en très en forme et que l’influx de sang frais a contribué au grand retour du groupe. Patton, fidèle à lui-même pioche dans tous ses univers pour nous offrir le meilleur de lui-même façon 2013. Un disque à prendre donc très au sérieux ! Ou pas trop, faute de déraper…