LITTERATURE FRANCAISE
Editions Zulma, 2013
D'hubert Haddad, j'avais lu l'année dernière Opium Poppy, l'histoire d'un enfant afghan livré aux trafics de toutes sortes dans le monde de l'immigration clandestine en Europe. J'avais remarqué une écriture extrêmement poétique mais en même temps très froide.
Il en est tout autrement de son dernier opus, Le peintre d'éventail, qui nous plonge dans un Japon traditionnel et intemporel. Haddad, qui est aussi peintre, nous décrit à merveille les images symboliques du Japon, celles des estampes d'Hiroshige et d'Hokkusaï. Un lac, une barque, un temple shinto, les forêts de bambou ....la magie opère.
Mais Haddad va bien sûr au delà des clichés : le narrateur se rappelle soudain de son maître Matabei, en lisant un article de journal. Il décide de lui rendre visite. Voici le court prologue de ce merveilleux roman d'apprentissage. On est au Japon mais à quelle époque...l'auteur se garde bien de nous le dire.
Puis c'est au tour du maître Matabei de prendre la parole et de nous parler de son propre maître, Osaki, le peintre d'éventail. Alors qu'il fuyait un échec sentimental, il s'est arrêté à l'auberge de Dame Hison, près de l'île d'Honshu, où ses visiteurs viennent rêver, se ressourcer ou vivre une passion interdite. Derrière l'auberge, se cache un jardin somptueux, entretenu par le maître Osaki, auteur de haïkus, peintre d'éventail et jardinier.
Dans ce jardin zen hors du temps, les passions vont pourtant éclore et perturber le dou quotidien...
Matabei, pris dans la tourmente de la passion amoureuse, tenterade déchiffrer l'énigme de la beauté du jardin. Telles les correspondances baudelairiennes, la prose de Haddad fait dialoguer la nature avec l'écriture et la peinture.
Le jardin, les haîkus et les éventails semblent se parler en eux pour déchiffrer l'énigme de la vie.
Puis soudain, le présent d'une violence inouïe fait irruption dans le jardin zen. Haddad, à notre grande surprise, fait surgir l'actualité du Japon là on ne s'y attendait pas.
Un magnifique conte d'initiation où seule la force de l'art et de la transmission peut lutter contre l'évanescence, la vanité des choses.
En un mot, magique !