La Vérité, vraiment?

Par Carmenrob

J’ai adoré ce bouquin, une brique de près de 670 pages, que j’ai dévoré en quelques jours. Mordue, que j’étais!

La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert a tout du thriller à l’américaine et resterait une œuvre légère si elle ne suscitait une réflexion sur certains aspects de la société tels que les médias, la justice et la littérature. La Vérité est une histoire touffue, multicouche, fragmentée dans le temps, et pourtant, cohérente et facile à lire. Un tour de force qui a, entre autres, valu à son auteur le Grand Prix du roman de l’Académie française 2012 et le Goncourt des lycéens 2012.

La Vérité, c’est d’abord celle d’un célèbre écrivain et professeur d’université accusé du meurtre d’une jeune fille de 15 ans, Nola, disparue depuis plus de 30 ans, et dont on vient de retrouver les restes sur la propriété de celui-ci. Un tsunami dans la petite municipalité d’Aurora, en Nouvelle-Angleterre. Nous sommes happés par une enquête d’une incroyable complexité, laquelle, de fausse piste en fausse piste, de suspect en suspect, finira par aboutir, mais non sans avoir profondément troublé les citoyens dont la réputation sera mise à mal, à tort ou à raison, par les médias si friands de scandales et de sensations fortes. Au fil des recherches, les apparences se fragmentent comme un miroir éclaté dont les tessons reflètent la face cachée des différents personnages, leurs inévitables mensonges et leurs indicibles secrets.

Sous l’enquête criminelle, le grand amour qui ne survient qu’une fois dans la vie et dont la perte détruit les amants. C’est Roméo et Juliette, c’est Tristan et Iseult. Sauf que Juliette est mineure, que Roméo en a trente-quatre, et qu’un tel amour, en Amérique, a pour nom perversion.

Troisième couche du roman, un autre thriller, celui qui oppose la littérature aux forces obscures de l’écrivain lui-même et d’une industrie cupide. Omniprésent, le livre est peut-être le principal héros de La Vérité. Comme tout héros, il vit des hauts et des bas et son histoire est sujette à de nombreux rebondissements. Succès phénoménal, panne d’inspiration, pression des éditeurs, vol d’œuvre, tout y passe et contribue à l’intérêt et au suspense du récit.

La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est susceptible de plaire à un grande variété de lecteurs, chacun y trouvant de quoi faire son miel.

Joël Dicker, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, 2012, Éditions de Fallois /l’Âge d’Homme, 670 pages.