_ » Flèche, mon bon ami, vient donc t’asseoir un moment avec moi, j’ai une histoire d’importance capitale à te narrer. »
On ne me fait pas prier deux fois lorsqu’il y a une histoire a glâner, vous pensez bien, aussi, je m’attablai sans plus attendre et commandais à Gisèle, l’accorte serveuse un verre de côtes-du-Rhône blanc de chez « Guigal « , cuvée 2010.
_« Ce n’est un secret pour personne_commença Paul en se servant son 13e verre de Casanis_qu’une de très nombreuses passions est la pêche. Il se trouve que les ouvrages spécialisés que j’ai consulté récemment m’ont appris que les plus gros poissons ne se nourrissaient qu’après le coucher du soleil. »
-« Assurément, c’est souvent le cas ! »
_« Se munir d’une lampe torche que l’on trouve dans les commerces ad hoc est chose simple mais, cher Flèche, pourquoi faire « simple » alors qu’on peut faire « compliquer » ? »
_ » Voilà donc un raisonnement qui me plaît ! »
_ » Bien. Je suis certain que, cultivé comme tu sembles l’être, tu as entendu parler de ces fameux vers luisants, qu’on appelle aussi lucioles. Je ne t’apprendrai rien qu’en réalité, cet animal n’est pas un ver mais, que c’est un insecte coléoptère de la famille des Lampyridae, de la sous- famille des Lampyrinae, mot qui vient du grec « briller ». Ce sont les femelles de ce ver luisant que l’on trouve très facilement, les nuits d’été, grâce à leur postérieur lumineux. »
_ »Mon cher Paul, il ne se passe pas une seule journée sans que je n’entende parler de l’excitant postérieur lumineux de ces animaux ! »
- » Alors voilà. L’idée m’est venue d’en capturer une bonne cinquantaine, chose simple à l’aide d’un modeste filet à papillons, de les enfermer dans un flacon de verre muni d’un cordon que l’on s’attache aux cou. Et voilà une lampe économique vous permettant de marcher sans trébucher le long des berges des rivières, lorsque la nuit est tombée. »
- » Ah ! Paul, que ceci est merveilleux. Comment se fait-il que personne n’y ait songé auparavant ? »
- » Fainéantise contemporaine , un vrai fléau …Mais attend, mon cher Flèche, l’histoire n’est pas finie, loin de là.
Après avoir repéré un endroit adéquate, il suffira d’attacher à ton hameçon un de ces charmants animaux pour que les poissons convoités se précipitent dessus comme la pauvreté sur le bas clergé breton. Enfin, se disent ces braves truites, dans leur langue poissonnière, on voit ce qu’on bouffe. Quel progrès ! »
________________________________________________________________________________________________ A ce moment de la conversation, Paul en étant à son 17e Casanis, je cru bon de m’éclipser .