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Autobiographie fictive par Firgae

Publié le 10 avril 2008 par Pandora

Je vous avais invités à vous essayer au difficile exercice de l'autobiographie fictive et  Firgae est la seule à avoir osé se lancer pour écrire ce joli texte, merci à toi.

HHHmmm, à mon âge, c´est difficile de résumer sa biographie en une page. Mais qu´est ce que je ne ferais pas pour ma chère Pandora.  Je le lui ai promis en plus, voilà maintenant 30 ans, déjà ;  à l´époque elle voulait me publier sur son blog…

J´ai eu une vie bien remplie. Elle l´est toujours d´ailleurs. Certains disent que je change le monde; en mieux. D´autres (moins nombreux, heureusement) que je suis un illuminé dangereux. Au fond, je ne suis qu´un être humain comme des milliards d´autres.

Je suis né le 27 juillet 1973. A Benin City, Nigéria. Autant dire qu´on ne peut parler de destin tout tracé. J´étais au mieux parti pour exceller dans la création de chefs d´œuvre en laiton, ou devenir super producteur d´huile de palme. Bon, sachant que mon père a accompli cette dernière tâche avant moi, l´avenir s´annonçait déjà plus rose que pour un quidam. Ma mère je ne l´ai pas connue, elle est partie quand je suis arrivé, « hémorragie de la délivrance », expression  presque poétique pour désigner une mort stupide au vingtième siècle, un des inconvénients de naître en Afrique.

Fils unique, et m´étant d´ailleurs fait attendre pendant de longues années, j´ai donc grandi avec pour principal compagnon une fidèle culpabilité. Tourner un tel tourment vers les autres, on obtient un jeune agressif et dangereux. Moi j´étais un enfant sans histoire en apparence, dans le sens où je ne me suis jamais joint aux violences de la rue, mais, à force de me laisser ronger par le remords du crime de ma naissance et d´en « oublier » de manger, j´étais en bonne voie pour mourir quand même, sans avoir besoin d´un coup de couteau bien placé.

C´est alors que j´ai fait la rencontre qui a changé ma vie. J´avais 23 ans et aucune vocation pour poursuivre la culture de palmiers ni pour quoi que ce soit d´autre d´ailleurs. Un homme, Marshall Rosenberg, est venu faire un séminaire au centre ville, et je m´y suis rendu un peu par hasard. Ça a été le coup de foudre. D´abord avec l´une des personnes qui l´accompagnait, qui, captant ma détresse, s´est approchée de moi et m´a offert ma première écoute empathique. C´est ce qui m´a fait renaître, d´avoir enfin pu exprimer tous les rêves impossibles, les beaux projets que j´aurais eus avec ma mère, et ma colère et mon impuissance sur l´injustice de sa mort prématurée. Et ensuite, j´ai observé Marshall : Les gens parlaient d´anéantir leurs ennemis ; et lui il écoutait, il comprenait, il reformulait en des termes qui allaient droit au coeur, et le miracle avait lieu à chaque fois, la haine tombait et le désir de bâtir et de paix naissait.

Au fil des jours je sentais que je reprenais des forces et l´envie de vivre. Je me suis remis à manger, discuter, et tout simplement éprouver du plaisir. Alors tout naturellement j´ai eu envie suivre ce chemin, répandre cet espoir, propager l'harmonie autour de moi, amplifier la joie. D'abord, je suis allé étudier à Genève: Politique et relations internationales. C'était très dur au début, car j'ai d'abord dû passer l'équivalence du bac. Mais j'étais entraîné par une énergie fantastique, avec une partie invisible venant du plus profond de moi, et l'autre, beaucoup plus tangible, qui porte le nom d'Anne, femme exceptionnelle décrite par ma filleule comme "celle qui quand elle vous regarde, vous vous sentez la personne la plus importante du monde". Aujourd'hui, à plus de 80ans, elle ressemble à un vieux sage avec l'oeil qui brille.

Bon, je ne veux pas vous embêter avec mes histoires. Les années suivantes ont été passées à voyager, partager et enseigner le cadeau de Marshall, la Communication Non Violente, aux 4 coins de la planète. Beaucoup de volontés, parfois du découragement devant les nombreuses résistances ( "C'est une secte votre truc", "si ça marchait, ça se saurait" etc...) dues à un fort besoin de sécurité, tout à fait légitime soit-dit-en passant, mais parfois assez épuisant à nourrir. Faut dire que y'a du boulot, je ne vous l'apprends pas.

Sur le plan familial je me suis marié en 2008, à l'âge de 35 ans, avec une pianiste hors pair. Je me sens un peu gêné de détailler. Je vous dirai encore qu'on a 2 filles qu'on a vu s'épanouir avec beaucoup de plaisir. 

Voilà les grandes lignes de ma petite vie. Je me rends bien compte que j´ai été un peu vite sur la 2ème moitié. Mais bon, résumer en quelques phrases des années d´apprentissage, c´est pas facile. Mes amis me conseillent de supprimer les dernières lignes, qui auraient tendance au prosélytisme. Je dois reconnaître qu´ils ont un peu raison ! Je suis tellement enthousiaste quand je vois tous les bienfaits qu´entraine la pratique de ce simple outil de communication, que y´a une partie de moi qui voudrait bien que tout le monde en profite ! Alors je les laisse, en partageant avec vous ma confiance dans la Vie, mon espoir de paix, mon amour du Vivant. 

PS : Toute ressemblance avec des personnages connus n'est absolument pas fortuite…


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