... Pour ceux qui ne le sauraient pas mais c'est pas grave on peut aussi vivre sans sans problème, "Stranger passing" est un livre et une série de photographies de Joel Sternfeld, grandissime photographe américain (3 livres essentiels : "American Prospects", "Walking the High Line" et donc par là même, forcément "Stranger Passing").
"Strangers passing by" est aussi un exercice auquel je me suis attaché lors d'expositions, que ce soit les miennes dans ma vie d'avant de quand j'étais un artmistme (voir la série lors de l'exposition collective avec Sandrine Estrade Boulet ici link) ou celles de la galerie SHAG. Lors des trois jours de l'expo SHAG à l'Espace Landowski pendant la Carte Blanche aux galeries d'art de Boulogne, je m'y suis à nouveau essayé. Choisir un cadre, laisser les visiteurs y vivre quelques instants et capter le bon moment sans qu'ils ne s'en rendent compte. Au sujet du cadre et d'autres éléments qui constituent une photographie, je vous recommande aussi plus que chaudement un autre livre intitulé "Leçon de photographie" par le non moins talentueux Stephen Shore qu'est pas vraiment un tocard au niveau de l'objectif.
Dans ce livre, Stephen Shore reprend des photographies célèbres de collègues renommés tels que Walker Evans, Mitch Epstein, Dorothea Lange, William Egglestone, Berenice Abbot, les Becher, Edward Weston et Joseph Stieglitz et Lee Friedlander et August Sander et Robert Frank, bref, que des tout petits photographes de seconde zone. En s'appuyant sur ces images, Stephen Shore parle, analyse et décortique la photographie avec des mots simples, des évidences et des fulgurances.
Jour 1
Stephen Shore à propos du cadre :
"Une photographie a des bords, le monde n'en a pas.
Les bords séparent ce qui est dans l'image de ce qui n'y est pas."
"Le cadre définit d'emblée le contenu de la photographie."
"Les objets, personnes, événements ou formes qui captent l'attention du photographe lorsqu'il effectue ses délicats choix de cadrage sont les bénéficiaires de l'accentuation donnée par le cadre."
"Celui-ci résonne en fonction d'eux et, en retour, attire l'attention du spectateur sur eux."
"Le cadre dynamise l'espace qui entoure les figures."
"Dans certaines images, le cadre agit passivement."
C'est là où l'image s'arrête."
Jour 2
"La structure de l'image commence à l'intérieur et se prolonge en dehors du cadre."
Obligé de bouger l'appareil, je n'arrive pas à recadrer exactement de la même manière à la première image.
J'essaye de le retrouver à la suivante.
"La structure de la photographie induit un monde qui se prolonge au delà de ses bords."
Jour 3.
Cadre plus large pour capter plus d'attitudes.
Mais je reviens vite au plus serré qui condense plus le sujet. Même vide.
Mais ça ne dure pas longtemps.
"Dans certaines images, le cadre est actif. La structure part du cadre et progresse vers l'intérieur."
"Le monde propre de la photographie est enfermé à l'intérieur du cadre."
"Il ne s'agit pas d'un fragment d'un monde plus vaste."
Alors laisson juste le cadre agir. Pour voir.
Merci Stephen. Et Dorothea. Et Walker. Et Joel. Et Robert et Lewis et les autres.