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« Wind and Wuthering » ou le souffle éternel de Genesis

Par Cedsaison

Genesis - Wind and Wuthering

L’introduction de « Eleventh earl of Mar » fait un appel d’air au Mellotron de Tony Banks qui propulse d’un grand souffle dans une dimension spatio-temporelle, vers la légende. Seuls mes yeux continuent de fixer dans le vague cette neige qui cristallise le quotidien, la réalité. La blancheur immaculée de l’extérieur se fait la toile diffuse d’un passé, qui voile pour un temps ce présent figé dans l’hiver rude et cruel.

J’entends à pleines rafales échappatoires combien Tony Banks est un orchestre symphonique à lui tout seul sur ses claviers. Ses mains se dédoublent d’une foule de détails. Les autres musiciens sont valorisés ou parfois comme challengés par ces nuées de sons, déjà très travaillés en cette année 1976, à la fois brillants, incisifs et voguant sur les brumes. « Wind and Wuthering » fait tomber une pluie de notes, en très grand nombre, qui ont toutes quelque chose à exprimer : le romantisme, la malice, la nostalgie, la menace, la joie, l’amour. Tony Banks tire son groupe vers le haut, à travers les stratus de l’inspiration. Genesis reproduit des contes et des légendes, des climats de l’automne-hiver : la douce complainte de « Blood on the rooftops » évoquant la télé des longues soirées sombres, la tourmente de « Wot gorilla », qui emporte au gré de son tourbillon de synthé soliste, les hauts (de Hurlevent ?) gelés servant de décor à « One for the vine »…

Dans « All in a mouse’s night », le même synthé soliste de Tony Banks finit par littéralement épouser la guitare de Steve Hackett dans ce qui sera une étreinte rondement jouissive, illustration du texte de la chanson. Les deux musiciens se retrouveront pour un ultime duo, peut être un duel à l’avantage de Tony Banks, dans « In that quiet Earth », qui préfigure déjà de futurs instrumentaux de Genesis, (donc sans Steve Hackett) : tranchants, métalliques, puissants. Le guitariste aura sans doute donné son meilleur au groupe dans cet album, mais son partenaire aux claviers était implacable dans l’inspiration, dans l’exécution  Que pouvait-il bien faire de plus, Steve Hackett, sur « Wind and Wuthering », sans tomber dans une forme d’excès ? Tony Banks était et sera éternellement juste plus « Genesis » que lui. « Wind and Wuthering » se doit de nous le rappeler, à notre bon souvenir d’éternels admirateurs de Genesis.

« I miss you more » conclue Phil Collins, d’une voix bien moins falsetto que je ne me souvenais, dans un « Afterglow » qui ne me prend pas aux tripes comme dans ses versions live des années 80, il me glace d’un courant d’air, celui de la réalité, dernier souffle de « Wind and Wuthering »,  que je n’avais pas écouté depuis 15 ans.


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