"Le défi de la professionnalisation est de taille et fera passer Crans-Montana Tourisme d'un rôle d'exécutant à celui de promoteur de qualité. Ceci impliquera de nouvelles orientations et choix stratégiques à faire accepter au mieux." C'est le directeur de CMT Dominique Fumeaux qui s'exprime ainsi, dans une interview à lire dans le rapport de gestion 2007, interview que nous reprenons ci-après:
Votre prédécesseur Alain Barbey n'est resté à Crans-Montana Tourisme (CMT) qu'une année, mais il a eu le temps d'initier des changements. Est-ce que vous avez fait table rase à votre arrivée?
Non, nous travaillons dans la continuité, nous poursuivons et faisons évoluer ce qu'il avait initié, notamment pour ce qui est de la stratégie marketing et la volonté de communiquer une image plus jeune et dynamique de la région. Nous continuons de mettre plus en avant encore le potentiel de Crans-Montana, en valorisant l'ensemble des activités d'été et d'hiver, particulièrement les grands événements. Nous conservons comme public cible la clientèle traditionnelle de la station, tout en visant la population jeune et active qui dispose d'un pouvoir d'achat.
Cet hiver, la presse a beaucoup parlé de Crans-Montana!
Effectivement, notamment grâce à la campagne de communication de la société de remontées mécaniques, CMA SA, à l'occasion de l'inauguration du Nationale Express. Ce fut un énorme succès, CMA a fait très fort! La communication autour des épreuves de Coupe d'Europe et Coupe du Monde de ski a aussi attiré l'attention des médias, notamment en Suisse, ce qui est très bon pour nous puisque cela représente le 54% de notre clientèle. Le freestyle avec le Champs Open a permis de montrer de très belles images; la médiatisation du pré-événement à Lausanne dans les escaliers du Flon a fait parler de Crans-Montana. Tous ces événements ont mis en avant les qualités de notre domaine skiable: si l’on peut accueillir des épreuves de Coupe du Monde, c'est bien que notre domaine est aussi intéressant pour les très bons skieurs; avec le Champs Open, nous avons pu montrer un réel savoir-faire pour créer des modules et un tracé impressionnants.
Vous dites que la richesse de Crans-Montana, c'est d'avoir des activités à chaque coins de rue…
Nous devons plus mettre en valeur les espaces comme le driving range où sont proposées plein d'activités pour les petits, "à deux minutes du chocolat chaud". Il faut rendre performante notre signalisation, par exemple indiquer aux gens qu'ils sont à quelques minutes du snowtubing. Nous avons une patinoire en plein centre de la station, une soixantaine de kilomètres de sentiers balisés pour les balades en hiver, à proximité de la station, des commerces, terrasses et cafés. Il faut le faire savoir. D'ailleurs, la brochure d'été donne plus de place aux activités: cette publication, comme le site internet, doivent mettre en avant des produits, permettre aux clients de "consommer" des vacances. Le client, face à une table où sont des dizaines de brochures, emportera les plus accrocheuses, les plus vendeuses. Crans-Montana est une station chic ET vivante: voilà le grand défi que nous devons relever en matière de communication.
Le marketing, et donc la communication, continuent de s'appuyer sur l'événementiel?
Tout à fait. Mais nous n'allons plus subventionner les manifestations, nous serons désormais de vrais sponsors qui cherchent un retour sur investissement, c'est-à-dire une mise en valeur de Crans-Montana dans son ensemble. CMT ne sera plus là pour donner des coups de main à l'organisateur et verser des subventions, nous serons désormais partie prenante comme les autres sponsors, avec des exigences précises.
Vous dites que CMT doit être considérée comme une entreprise. Qu'est-ce que cela signifie?
Nous nous profilons effectivement comme une entreprise tel qu’on le conçoit dans le secteur privé et comme on le profile dans la nouvelle loi sur le tourisme. Nos missions de base sont l'information, la promotion, l'animation et, c'est nouveau, la participation au Plan directeur intercommunal (PDI). Les stratégies pour remplir ces missions ont été approuvées par le comité. Le défi de la profesionnalisation est de taille et fera passer CMT d'un rôle d'exécutant à celui de promoteur de qualité. Ceci impliquera de nouvelles orientations et choix stratégiques à faire accepter au mieux.
A l'interne, comment organisez-vous CMT?
Nous allons, par exemple, adopter une nouvelle approche pour l'information et la réservation directe. Cette dernière sera plus axée sur l'acquisition, les renseignement devant être la tâche des prestataires. Le département marketing a été agrandi, puisqu'il intègre maintenant la communication; la vente, que le précédent directeur avait séparé, réintègre ce département. En tant que directeur, je dois réussir à améliorer la coordination. Ce n'est pas facile, car l'éclatement de Crans-Montana Tourisme, avec des bureaux à plusieurs endroits, est un frein énorme pour l'entreprise.
C'est dans ce but que vous souhaitez la création d'une Maison du tourisme?
C'est mon objectif essentiel. La qualité du travail en dépend. Des points d'information de proximité pour guider le touriste jusqu'à son lieu de séjour subsisteront, mais pas forcément avec du personnel. Ce n'est qu'après avoir posé ses valises que le client se rend à l'office du tourisme. Il vient y chercher un plaisir, des idées d'activités. La Maison du tourisme doit être un lieu accueillant où le client se sent en vacances. L'office du tourisme doit vendre de la détente. Cela doit se percevoir dans l'ambiance même: on n'y accède pas par un parking souterrain, mais lorsqu'on se balade en station. Il doit y avoir un café, où on s'assied confortablement en attendant de passer au guichet, d'où l’on voit le magnifique panorama à travers la baie vitrée... En fait, toute la station doit être pensée comme un lieu de détente, l'hôte doit se rendre compte où qu'il soit qu'il est là en vacances. De point de vue de la communication et de la signalisation, l'ensemble de la station doit être améliorée.