Ecrire est le plus sérieux des jeux. Dans le territoire du roman, on écrit un peu à la façon dont on joue à la marelle, on pousse les mots de ligne en ligne, de page en page, on avance à cloche-main, et les espaces traversés ne sont pas sans danger. Mais on ne vise aucun paradis, aucun ciel; c’est vers le silence que l’on tend, que l’on conspire, en écrivant. Vers ce silence que l’on devine ouvert en amont du langage, que l’on pressent béant en son aval, et que l’on sent bruire autour, et tout au fond de chaque mot.
Sylvie Germain, Rendez-vous nomades (Albin Michel, 2012)