Elle m’offre son premier visage. Celui du matin. Souvent avec ses traits tirés par une courte nuit du à un surcroît de travail qui l’amène à faire des nocturnes. Elle peut travailler de chez elle. Situation qu’elle choisit souvent de faire pour être sûr que son fils ne manque de rien.
La lumière de la salle de bain s’allume. Progressivement après quelques clignotements elle se retrouve dans la lumière m’offrant son visage aux traits réguliers et équilibrés, ses sourcils posés d’une manière convexe et délicate au dessus de ses yeux foncés .
Soudain c’est l’illumination. Son t-shirt s’élève au dessus de sa tête et atterrit dans un coin de la salle de bain. Elle se tourne pour prendre sa douche. Je distingue rapidement les rondeurs si féminines de l’épaule, de la chute des reins, de la hanche. Elle offre son corps à la douche. Je suis jaloux de la douche, qui prend tout.
Quelques minutes plus tard, pressée, elle me fait de nouveau face. Elle ne s’est pas lavé les cheveux. Son planning ne le lui permet pas. Aujourd’hui un simple chouchou fera l’affaire. Il lui permet de s’attacher les cheveux. Ceux-ci tirés en arrière lui font un visage de danseuse étoile. Le maquillage est une étape courte, fond de teint uniforme pour harmoniser et cacher les stigmates d’une nuit pleine de labeur et de musique qui la motivait à finir sa dernière mission. Le pinceau qui prolonge sa main nerveuse à tendance quelquefois à surdoser le blush. Je ne peux rien suggérer. Je suis muet. Je ne peux pas dire stop. Le plus important c’est qu’il ne masque pas les fines parenthèses que formes ses adorables fossettes encadrant son joli sourire.
Dans le coeur de mon essence, je hurle silencieusement “les poignets”, “les poignets”, mais le temps est compté. Le smartphone au loin a de nouveau sonné. Il faut y aller. Elle me remet d’aplomb, me repose vivement sur la tablette et disparaît finir de s’habiller. Je lui ai donné tout ce que j’avais. Je lui ai offert ma fragrance intégrale, c’est plus que quelques gouttes sur sa peau. La lumière s’éteint. Je vois s’éloigner ce corps de lionne, fait pour la bataille et l’amour, sa silhouette de princesse qui va se cacher sous un jean normal et un gros pull informe.
Mon esprit se reconcentre dans mon flacon transparent en attendant avec ferveur le prochain rendez vous. Mon bouchon rose termine sa course lente et circulaire à coté de moi comme une toupie qui achève ses rotations au ralentit.
Eau de parfum Léonard
Famille olfactive : Oriental
Note de tête : Ylang-Ylang, Baie de Rose, Fleur d’Abricot
Note de coeur : Fleur d’oranger, Fleur de Frangipanier, Seringa
Note de fond : Vanille, Santal, Muscs Blancs