MON AMI
Résumé :
Cal et Teddy, deux anciens meilleurs amis, essayent de raviver leur amitié en élaborant un plan de kidnapping. Leur victime: la fille de leur patron, Cristal. Mais avec la famille de Crystal sur leurs traces et la femme de Teddy de plus en plus méfiante, tout commence à s'écrouler autour d'eux. Leur amitié survivra-t-elle à tous ces tracas?
Réalisateur:Rob Grant
Scénariste:Rob Grant
Acteurs :Mike Kovac,Scott Wallis,Bradley Duffy,Chelsey Reist,John Fitzgerald,...
Pays :Canada
Année : 2012
Critique :
Les couples de mecs en marge de la société à qui il arrive des choses hors du commun et qui sont victimes de leurs actes entraînant pléthore de situations délirantes allant crescendo, sont courants au cinéma.
Mon Ami de Rob Grant ne déroge pas à la règle avec ses deux personnages Ted et Cal, lacés par leur boulot dans un grand magasin de bricolage qui décident de mettre en oeuvre leur plan de kidnapping de la fille du patron. Évidemment rien ne se passera comme prévu. Tirant son comique du détachement des deux personnages principaux par rapport aux événements qu’ils vont subir, Mon Ami est un habile mélange d’absurde, de grand-guignol, et de dialogues savoureux. La construction narrative du métrage est habilement menée. Telle une montagne russe, le script nous propose un enchaînement de situations de plus en plus extrêmes tout en ne laissant pas de côté l’aspect humain des personnages.
Tourné pour 14 000 $, en gros le budget catering d’une production moyenne,Mon Ami est une réelle réussite rappelant ce qui se fait de mieux outre-Manche en comédie horrifique. Techniquement irréprochable, le film est agréable à voir: belles images,chouettes effets et rythme soutenu. Le duo d’acteurs Mike Kovac et Scott Wallis fonctionne à fond rappelant la nonchalance et l’humanité de Simon Pegg et Nick Frost dans Shawn of The Dead . N’oublions pas le reste du casting lui aussi,très bon qui apporte au métrage sa consistance et sa crédibilité. Rob Grant, évite les écueils débilisants du genre en ne versant pas dans la comédie lourdingue.
Bref,Mon Ami vous fera passer un bon moment et mérite largement une grande distribution.
Note: 18/20
Bande Annonce :
Producteur: True Hype Productions
Interview du réalisateur Rob Grant
Fantasticmovies:Pourriez-vous vous présenter en quelques mots aux lecteurs de fantasticmovies?
Rob Grant: Salut, mon nom est Rob Grant et je suis le scénariste/réalisateur du long métrage indépendant Mon Ami. Je travaille à plein temps dans un département de montage à Vancouver au Canada, et c’est pendant mon temps libre, entre deux shows, que j’arrive à faire ces films indépendants à zéro budget.
Fantasticmovies: Quel est le dernier film que vous avez vu qui vous a le plus marqué?
R.G.: Olala, question difficile. Je suppose que ce n’est pas vraiment un film de genre mais «Sound Of My Voice» m’a vraiment captivé l’année passée. Réellement envoutant pour un film à petit budget, très bien écrit, et intéressant.
Fantasticmovies: Quelles sont vos influences en tant que cinéaste?
R.G.: Mes influences sont généralement variées. La plupart du temps je dirais que c’est Stanley Kubrick puisque ses films sont à un autre niveau. Une de ses idées sur le cinema qui m’a vraiment marquée est que toutes les histoires ont déjà été racontées,il s’agit juste de les montrer de manières différentes.
Fantasticmovies: Que pensez-vous du cinéma de genre actuel en général et dans votre pays?
R.G.: Le cinéma d’horreur/fantastique/thriller canadien vit quelque peu des moments difficiles. Il y a des règles bien précises afin de recevoir des aides etc. pour la réalisation d’un film. Il faut que les films contiennent un certains nombre de contenu canadien. Bien évidemment cela rend le film très ... canadien, ce que nous devons essayer d’éviter car le reste du monde n’y est pas très réceptif. Donc en essayant de recevoir un peu d’aide pour un script un peu fou comme celui de Mon Ami, nous n’avions pas beaucoup de chance. Afin de faire quelque chose de différent, vous devez presque essayer de le faire seul pour éviter d’y voir «l’influence canadienne». Ca vous menotte concernant ce que vous pouvez réaliser avec peu ou pas d’argent. Donc je pense qu’il y a beaucoup de très bon films indépendants réalisés ici en dehors du système, mais j’aimerais voir les plus grandes productions prendre plus de risques pour pousser le cinema de genre parce qu’il y a beaucoup de talents par ici.
Fantasticmovies:Comment est né le projet?
R.G. : L’idée m’est venue après que nous ayons terminé notre premier film, le film de zombies «Yesterday». Les gens nous demandaient tout le temps quelle serait la suite. J’avais toutes ces différentes idées en tête mais j’ai toujours été attiré par l’écriture d’un film qui mettait en lumière les méchants plutôt que les gentils. Je pensais que ce serait un chouette challenge à écrire et à filmer afin de voir si c’était possible de garder un public captivé et sympathique envers des méchants du cinéma.Ensuite, tout s’est mis en place quand j’ai pensé à comment les gens de tous les jours essayeraient de devenir des criminels. Une de mes plus grandes bêtes noires dans d’autres films était de voir une personne moyenne simplement prendre un pistolet et être capable de tirer comme un tireur d’élite sans entrainement. Je voulais essayer de montrer une version réaliste de gens ordinaires essayant de commettre des crimes.
Fantasticmovies: Mon Ami est vraiment très beau à regarder et le travail du son est vraiment bien, était-ce beaucoup de travail en post-production?
R.G.: Merci ! Notre directeur photo, Michael Baier, mérite tous les compliments concernant l’esthétique du film. Il avait des ressources très limitées et a rendu l’aspect du film irréel. Nous avons tourné en 17 jours ce qui correspond en gros à tourner à plein régime tout le temps, il avait beaucoup de pression sur lui pour rester dans le timing et il a assuré. Je ne pourrais pas être plus content de ce qu’il a fait et je pense qu’il s’en sortira bien dans ce business.
Le film a été fait avec 14.000$ ce qui est un avantage et un désavantage. Evidemment ça limite le champ d’action et vous manquez de délai de tournage. On a pris deux ans à monter ce film, ce qui est énorme pour gros budget. Mais cela nous a offert la chance unique de trouver le bon ton pour une comédie si noire. Nous avons essayé plusieurs version des scènes jusqu’à ce que ça soit parfait. Nous avons même invité un bon paquets d’amis avec leurs amis et avons fait trois différentes projections test.
Durant tout ce temps, notre sound designer et premier assistant Ian Robinson a participé au processus de montage. Ca nous a permis de beaucoup communiquer sur le son. Beaucoup de peaufinage avant notre première au Fantasia Film Festival de Montréal.
Fantasticmovies: Pourquoi le titre du film est en français? «My Friend» c’était trop banal?
R.G.:Il y a plusieurs raisons à cela. Nous voulions tout d’abord l’appeler tout simplement «Friends» mais ce nom était déjà pris par une célèbre série télé (rire). Nous avons aussi pensé à «My Friend» mais Mon Ami sonnait beaucoup mieux. Nos deux acteurs principaux qui sont très prétentieux ont ainsi pu jouer dans un film qui a le prestige d’avoir un titre français.
Fantasticmovies:: La narration et la façon dont vous dépeignez vos personnages, rappellent le style anglais. Dites nous comment vous avez construit le script?
R.G.:Le script a changé radicalement durant l’année de préproduction. Il était au départ beaucoup plus sombre et moins drôle. Nous pensions que nous pouvions perdre du public si nous continuions sur cette route. Nous avons fait en sorte que les personnages puissent se racheter par la comédie tout en évitant de traiter le sujet de manière maladroite. On nous a souvent dit que notre film relevait de l’humour british cela est dû au fait que les punch lines sont dites simplement. Nous avons travaillé durement dessus car elles sont en décalage par rapport aux situations comiques hors normes du film sans être stupides. Nous avons fait en sorte que les personnages ne rigolent jamais. Ils devaient prendre les choses au sérieux pour être crédibles.
Il y avait aussi toutes sortes d’informations qui devaient être relayées tout au long du film. Nous avons essayé de les concentrer pour pouvoir les incorporer dans les scènes ou les retirer rapidement. Presque personne n’ entre ou ne sort des scènes, elles commencent dans un lieu avec les personnages . On a essayé de rendre tout cela dynamique. Le premier montage durait 2:30. Nous ne voulions pas que le film dépasse l’heure et demi. Nous avons dû réellement hacher les scènes et les condenser.
Fantasticmovies: Les critiques sur internet comparent votre film avec le travail d’Edgar Wright. Etes-vous d’accord avec cela?
R.G.: Je peux reconnaître la comparaison dans la manière dont nous avons monté le film mais je ne peux pas me prononcer sur l’entièreté du film. Je peux juste me sentir heureux d’ être comparé a un si talentueux réalisateur.
Fantasticmovies: Parlez-nous des effets spéciaux.
R.G.: Nous avons essayé ,dans la mesure du possible, à tout réaliser sur le plateau. La tête qui passe à travers le pare-brise a été faite grâce à un mannequin qui portait une perruque. L’effet du robinet a été réalisé grâce à un tuyau sous pression sous l’évier. Les seuls éléments digitaux que j’ai du ajouter lors de la post production, sont les panneaux de parking réservés 'Hal's Hardware'. J’ai dû aussi effacer quelques fois la tête du voisin . Par contre nous avons réellement aspergé l’entièreté du mur avec du sang(rire). Les scènes principales ont été tournées dans la maison de mes parents quand ils étaient en vacances. Ils ont été surpris de tout ce sang déversé sur les murs lors de la vision du film.
Fantasticmovies:Fut-il facile de trouver des acteurs et une équipe motivés pour le film?
R.G.: Oui, trouver une équipe motivée n’est pas difficile quand vous travaillez avec vos amis. La True Hype team est composée de Scott Mainwood, de moi-même et de nos deux acteurs principaux :Mike Kovac et Scott Wallis. Les autres personnes qui sont associées au projet sont des gens dont nous sommes proches ,en qui nous croyons et avec qui nous avons déjà travaillé. Nous avons travaillé dur pour que les gens se sentent inclus dans le tournage. Cela doit se passer ainsi lorsque vous demandez à des équipes de travailler gratuitement. Si ils ont envie d’être là, l’environnement créatif ne sera que meilleur.
Fantasticmovies: Que pouvez-vous nous dire à propos des conditions de tournage?
R.G.: Nous somment vraiment chanceux sur ce film comparé à notre premier. Aucunes caméras cassées, aucun problème en faite. Les choses se sont passées très facilement. Notre seule difficulté a été le tournage du kidnapping dans la rue. Comme nous ne pouvions pas nous offrir les permis, nous avons tourné la scène à la «kamikaze» en espérant que personne n’appelle la police. Nous avons fait de notre mieux pour prévenir les voisins et faire en sorte qu’ils se sentent à l’aise avec le tournage. Un des voisins n’était pas content et a menacé de nous dénoncer. Tout ce que nous pouvions faire c’était de filmer le plus rapidement possible. Heureusement la police n’est pas venue.
Fantasticmovies: Avez-vous une anecdote à raconter à propos du tournage?
R.G.: L’entièreté de la seconde partie du film a été tournée dans et autours de la maison de mes parents. J’avais l’habitude d’inviter les acteurs et l’équipe à rester à la maison pendant cette période afin que tout le monde se connaisse mieux. Donc sur plusieurs jours, nous tournions puis nous sortions les chaises longues jusqu’à ce que chacun ait besoin d’aller au lit. Je trouve cela très chouette le fait de rester dans la zone créative durant le tournage.
Fantasticmovies: Des projets futurs ?
R.G.: J’ai plusieurs projets en cours parce que je ne sais pas rester en place. L’un d’eux est un film que j’ai tourné sans équipe et sans argent durant les week-ends et le montage de Mon Ami. C’était complètement improvisé et c’est juste une manière pour moi de continuer à pratiquer. En quelque sorte un film en est sorti. Je me demande comment le distribuer.
Je suis aussi en train d’écrire le script d’un film qui s’appelle «Reset» et qui raconte l’histoire de trois collégiens qui sont capables de réapparaître après leurs morts.
Fantasticmovies: Un mot pour la fin?
R.G.: Merci pour l’intéret que vous portez à Mon Ami.