Quand on est loin de sa famille et que l’on vit à des milliers de kilomètres de ce que l’on a toujours connu, on se rend compte que l’on est bien plus fragile que ce que l’on pensait.
La wonderwoman qui se disait qu’elle s’adapterait à tout tant qu’elle avait ses enfants et son mari à ses côtés , qu’ elle pouvait poser ses valises n’importe où , et bien je t’avoue qu’elle a pris un sacré coup dans la tronche , elle a même arrêté de se pavaner dans son mini short bleu à paillettes( bon ça j’avoue que c’est à cause du régime « mafé/Tiep bou dieunn /fatayas »,du coup les bourrelets c’est disgracieux quand ça déborde du dit short)
Quand on a perdu tout ses repères, on passe par tous les états, il y a les coups de gueules, les coups de blues, les pétages de plombs (injustifiés), on est plus susceptible, sensible, irritable…
Pourquoi ? parce que tout simplement on ne sait plus vraiment pourquoi on est là, on se dit que c’était tellement mieux chez nous, alors qu’on en est parti justement car ce n’était pas si bien que ça .Mais ça évidemment on l’oublie !
Bientôt deux ans que nous sommes à Dakar , deux années au cours desquelles je me suis plusieurs fois demandé si je n’étais pas devenue bipolaire ou même schizophrène ?
Passer du rire au larme, version Jean-qui- rit et Jean -qui -pleure au cours d’une même heure c’est déroutant !
Adorer Dakar car on a passé une « bonne »semaine et que le qualificatif « bonne » n’est du qu’au pantalon sergent major (je ne suis pas « marques » du tout je précise, c’est juste que c’est un petit bout de France pour moi) qu’on a trouvé neuf pour sa fille et que l’on a payé seulement 300 francs au marché du jeudi ! C’est pitoyable.
Que même quand tu vois celles qui sont devenues tes amies et que tu passes une super après-midi en leur compagnie, tu es vite rattrapée par la réalité. Mais quelle réalité ? Tu ne sais pas même pas, tu es juste dans un état que Gad Elmaleh appelle le « jesaispascequejai »
Que ton humeur du jour soit déterminée par le comportement du taximan qui tentera de t’arnaquer ou et que tu es arrivée en retard à ta réunion parce qu’ une fois de plus il t’a affirmé qu’il connaissait l’endroit et qu’au final il t’a emmené carrément à l’opposé de l’endroit où tu devais te rendre et qu’évidemment tu n’as pas su lui indiquer le chemin pour enfin trouver ton point d atterrissage .
Que tu aies envie de chialer car tu te rends compte que tu ne peux faire aucune des activités proposées par ton association, bowling, cours de wolof, conférences, soirées et j’en passe, qui t’auraient bien aidé à t’intégrer car tu as deux petits bouts de choux dont l’un scotché à toi 24h/24 (oui bien entendu je sais qu’ils vont grandir ….)
Que ta bonne volonté à essayé de faire quelque chose, régime, sport, recherche de boulot, sorties etc. s’effondre au moindre minuscule obstacle.
Que ton bonheur ne soit conditionné que par l’éventualité d’un voyage ou d’un retour en France (on peut rêver) et de ce fait tu te questionnes sur ta vie ici car si pour une raison x ou y tu ne peux pas retourner dans ta Lorraine natale pendant plusieurs années, que va-t-il se passer ?
Quand tout ça t’arrive, toutes ces émotions alors que tu n’es pas une traine savate, que tu es une battante pas du genre à te plaindre pour un rien et que logiquement tu aurais du te prendre en main il y a bien longtemps car la vie à Dakar c’est loin d’être un enfer (au contraire), et que cet enfer c’est toi seule qui le crée, tu finis par te demander ce qui cloche chez toi.
Suis-je devenue folle ? Suis-je entrain de faire une dépression ?
Est-ce que toutes les femmes qui ont suivi leur mari au bout du monde réagissent de la même manière ? Non mais sérieusement, ça fait ça à tout le monde ?