Progressivement, les GABs ("Guichets Automatiques de Banque") ne se contentent plus de distribuer des espèces et s'enrichissent de nouvelles fonctions. Certaines d'entre elles sont déjà dans une phase de généralisation, tandis que d'autres s'aventurent dans de toutes nouvelles directions. Voici 3 exemples, glanés dans l'actualité récente, couvrant une bonne partie de ce spectre...
La première nouveauté de cette série ne devrait pas surprendre. En effet, l'annonce de l'espagnole Banco Sabadell est le reflet d'une tendance qui devrait atteindre tous les automates, à plus ou moins court terme : il s'agit tout simplement de permettre des retraits d'argent sans carte, en utilisant les services en ligne ou mobiles de la banque.
Comme dans les autres expériences du même genre (par exemple celle du Crédit Mutuel – CIC), le client doit faire une demande dans son espace personnel, en indiquant le montant du retrait et le numéro de téléphone sur lequel doit être envoyé le code secret de la transaction. Sur le GAB, il suffira, après avoir choisi l'option "Instant Money", de saisir le numéro de téléphone et le code transmis pour recevoir l'argent.
Le scénario d'usage ciblé par Banco Sabadell est clairement l'envoi d'argent à un proche, bien que le dépannage en cas d'oubli de sa carte reste possible.
Beaucoup plus disruptif, le partenariat que viennent de conclure Coinstar et PayPal va, encore une fois, conduire la seconde à piétiner (légèrement) les plates-bandes des banques. D'ici peu, les presque 20 000 automates collecteurs de monnaie de la première permettront ainsi à leurs utilisateurs d'alimenter leur compte avec les pièces et billets qu'ils déposent.
Mais ce n'est pas tout : les consommateurs vont également pouvoir retirer des espèces directement depuis leurs comptes PayPal, grâce au fonctionnement des appareils de Coinstar. Installés dans des boutiques et centres commerciaux, ceux-ci sont conçus pour délivrer un reçu après le dépôt d'argent, qui peut être utilisé pour un achat en ligne ou échangé contre des espèces auprès du commerçant "hôte" (pour une conversion de pièces en billets). Avec le nouveau mode opératoire, il suffit de fournir ses identifiants PayPal pour demander un "retrait", qui sera donc finalement réalisé auprès du marchand.
Avec ce système, la filiale d'eBay apporte une brique de plus à son service, (uniquement aux États-Unis, apparemment) qui ressemble décidément de plus en plus à un véritable compte bancaire, qui plus est accessible aux populations non bancarisées (grâce au dépôt d'espèces). Heureusement pour la concurrence, les frais facturés pour les dépôts et les retraits sont plutôt dissuasifs, ce qui limitera probablement (pour l'instant) l'utilisation des nouvelles fonctions à des cas d'urgence.
La dernière innovation de cette série est encore à l'état de prototype, mais elle est certainement la plus radicale. Deux jeunes entrepreneurs américains ont créé un automate convertissant des dollars en bitcoins, la monnaie alternative P2P en vogue. L'objectif affiché est de faciliter les transferts transfrontaliers mais on ne peut éviter d'y voir aussi un moyen de réaliser des transactions financières dans un anonymat total.
Les concepteurs de ces distributeurs très particuliers imaginent de les installer dans des bars et restaurants, pour un accès facile et rapide. En l'état, l'acceptation du bitcoin est encore relativement marginale et il est donc difficile de voir un marché important pour une telle solution. A l'avenir, si sa popularité croît significativement, le risque n'est pas nul que le régulateur commence à s'inquiéter des multiples initiatives de ce type, qui échapperaient à tout contrôle...