Je me languis du pays qui n’est pas,
car tout ce qui est, je suis fatiguée de le désirer.
La lune me parle en runes argentées
du pays qui n’est pas.
Le pays où chaque souhait sera exaucé merveilleusement,
le pays où toutes nos chaînes tomberont,
le pays où nous rafraîchirons notre front lacéré
dans la rosée de la lune.
Ma vie fut une brûlante erreur.
Mais j’ai trouvé et j’ai gagné ceci, vraiment :
le chemin vers le pays qui n’est pas.
Dans le pays qui n’est pas
va celui que j’aime avec une couronne étincelante.
Qui est celui que j’aime ? La nuit est sombre
et les étoiles tremblent de répondre.
Qui est celui que j’aime ? Quel est son nom ?
La voûte des cieux est de plus en plus haute,
et l’enfant de l’homme se noie en un brouillard sans fin
et ne sait nulle réponse.
Mais l’enfant de l’homme n’est rien d’autre que certitude.
Et il tend ses bras plus haut que tous les cieux.
Et il vient une réponse : je suis celui que tu aimes et aimeras toujours.
Edith Södergran