Or que s’est-il passé ces huit dernières semaines ? Non seulement les médias (même le « Figaro ») ont largement couvert l’élection primaire organisée par le Parti Socialiste, mais en plus ils ont dû, dans l’ensemble, faire leur deuil d’une guerre fratricide, d’un pugilat sanglant, d’une « conjuration des egos » qui aurait occulté les vrais nuances de tempérament et d’interprétation du projet socialiste à l’origine même de cet exercice électoral. Cependant, cette séquence a largement publicisé les propositions du PS en matière économique, sociale, fiscale etc., bref plus de « fond » et moins de « petites phrases » qu’anticipé. Mieux, tandis que les électeurs de gauche étaient amenés à décider qui d’Aubry, de Baylet, de Hollande, de Montebourg, de Royal ou de Valls était le mieux à même de leur faire gagner les élections de 2012, ceux de droite en étaient à se demander qui de Bourgi, de Djouhri ou de Takkiedine avait le plus de chances de les leur faire perdre - décidément, comme disait l’autre, "c’est quand il y en a plusieurs qu’il y a des problèmes ».
D’où la rage à peine dissimulée des Copé, Morano, Fillon, et autres, quelques semaines, soit dit en passant, après s’être fait rafler le Sénat. La riposte s’organise sur deux axes : 1. « Çà fait bien trop longtemps qu’on n’entend parler que du PS, maintenant ça suffit » ; 2. « Le succès des primaires est un malentendu, le programme du PS est truffé de conneries »
Pour ce qui concerne le premier point, en toute honnêteté on ne peut qu’opiner du bonnet, cependant la question du second souligne, par contraste, l’assourdissant silence de la droite quant à sa « vision » pour le quinquennat 2012-2017. En admettant que les pistes proposées par le PS soient impraticables, on se demande bien quelles sont les idées que l’UMP entend soumettre aux électeurs l’an prochain, à part bien évidemment celle du renouvellement du mandat de son génial leader. La vérité est que le logiciel de la droite française est sérieusement défaillant : le « travailler plus pour gagner plus » fait la joie des humoristes et les surenchères « identitaires » celle de Marine Le Pen, tandis que le « moins d’Etat » hérité du Reagano-Thatchérisme ne fait plus rêver que quelques fanatiques isolés. Quant aux solutions apportées aux problèmes de l’insécurité, seul le Ministre de l’Intérieur est en mesure d’en parler sans rire.
• Le « changement », slogan du PS, ça ne vous rappelle pas 1981 ?• Variante du précédent : le programme du PS est archaïque, la modernité c’est nous• François Hollande est notoirement un indécis, il faut en ces temps de crise un décideur, un vrai, suivez mon regard• La France a gardé son « rating » AAA auprès des agences de notation, avec Sarkozy c’est moins grave que si c’était pire• Variante des deux précédents : on ne change pas de capitaine en pleine tempête• Grâce à Sarkozy les Libyens sont libres, c’est important la liberté, d’ailleurs c’est une valeur bien française • Augmenter les impôts c’est ballot, vous voulez payer plus d’impôts, vous ?• Et l’immigration, hein, l’immigration ? Ben nous, on expulse pas loin de 30 000 personnes par an, et on peut faire plus !
Je pense que ces quelques « éléments », ressassés en boucle, permettront à la majorité de tenir jusqu’à Janvier 2012 : c’est le moment que choisira Nicolas Sarkozy pour entrer en campagne et là, l’UMP n’aura plus qu’à espérer qu’il fasse des miracles. « Chez ces gens-là, Monsieur, on ne pense pas : on prie »
La droite n’a pas besoin de « primaire », elle a un président sortant. La droite n’a pas besoin de programme, elle a un président sortant. La droite n'a pas besoin de remettre ses idées en question, elle a un président sortant. Mais il est urgent de lui rétablir son temps de parole, ça serait dommage pour le débat démocratique, sinon.
See you, guys.