Valérie Trierweiller ne supporte pas l’ex- de son Président de petit copain. Elle enrage de voir Ségolène Royal s’avancer avec confiance vers la Présidence de l’Assemblée Nationale, qui ferait d’elle le quatrième personnage de l’Etat dans l’ordre protocolaire - alors qu’elle-même compte pour du beurre – en vertu d’un accord passé avec le désormais Président durant la campagne électorale. Du coup, elle en éprouve de la sympathie pour Olivier Falorni, écarté comme une vielle chaussette de l’investiture promise à Ségolène et chassé du PS parce qu’il persiste à concourir. Jusque là, rien que de très banal. Pathétique à tous égards, mais banal.
Seulement voilà : la compagne du Président a jugé opportun d’apporter publiquement son soutien audit Falorni, via un « tweet ». Ici-même, nous constations la semaine dernière que la prétention de Valérie Trierweiller à demeurer journaliste malgré son nouveau statut ne posait somme toute qu’un problème mineur, dans la mesure où son employeur, « Paris-Match », présente en matière d’agitation d’idées politiques un encéphalogramme parfaitement plat. C’était sans compter la personnalité de l’intéressée qui, visiblement, ne supporte pas d’être réduite au silence médiatique : heureusement il y a « Twitter », alors « twittons », comme si de rien n’était. Ce n’est pas vraiment un conflit d’intérêts au sens strict, c’est probablement la manifestation d’un ego désinvolte et surdimensionné, quoiqu’il en soit c’est incontestablement une connerie. Et même une connerie monumentale:
- En pleine campagne des législatives, ce « tweet » envenime une situation déjà passablement sordide – un fidèle parmi les fidèles comme Falorni traité comme un malpropre, ça commence bien, la France « juste » - que le bon sens politique inclinerait à minimiser sur la scéne des médias
- Cette boulette fait ricaner la droite, c’est bien naturel. Or on aimerait davantage la voir pleurer de rage à la perspective de l’inéluctable cohabitation qui lui pend au nez, sa cohabitation avec le Front National
La présidence Hollande s’annonçait plutôt bien : grave mais sans trémolos, déterminée mais pragmatique, a priori avare de coups médiatiques, bref le jour et la nuit en comparaison du quinquennat précédent. Mais les idées de génie de la compagne « journaliste » du Président, comme le chantait Hubert-Félix Thiéfaine, si ça continue, faudra que ça cesse. Car ce genre d’initiative, à la longue, peut transformer un exercice du pouvoir jusque là formellement respectable en histoire de corne-cul.
Bob Woodward et Carl Bernstein étrillèrent autrefois le Richard Nixon du Watergate avec « Les Hommes du Président », histoire portée à l'écran par Alan J. Pakula, avec Dustin Hoffmann et Robert Redford. Personne n’a besoin d’un remake hexagonal de cette histoire – une version forcément bien franchouillarde, loin de la gravité de son modèle américain - un « Trierweillergate » qu’on titrerait « Les Femmes du Président ».
Le sarkozysme avait offert le spectacle tragique d’un pouvoir décrédibilisé par sa connivence avec les puissances de l’argent. Les électeurs n’ont pas brutalement baissé le rideau de cette pièce de théâtre pour entendre sonner les trois coups d’un vaudeville.
Valérie Trierweiller était, encore récemment, journaliste politique de métier - elle était a priori bien placée pour savoir ce qui l’attendait. Alors il va falloir qu’elle se fasse une raison : c’est sans doute cruel, dur à vivre, mais une compagne ou une épouse de Président, en matière politique, ça ferme sa gueule, ou bien ça ferme sa gueule. Et si elle décide de plaquer son mec, ce n'est pas de la "matière politique".
Espérons qu'elle le comprendra vite, qu'on puisse passer à autre chose.
See you, guys