Surtout n’emportez pas ce roman si vous devez être hospitalisé, ou même si vous ne devez subir qu’un bête examen médical, et encore moins une radio ou un scanner ! Vous risqueriez au bout de quelques pages de repartir en courant de la salle d’attente…
En effet, dans « 7 morts sans ordonnance », c’est l’hécatombe dans le service de radiologie de cet hôpital de l’Est de la France, et personne ne comprend cette hémorragie de décès, qui bien sûr entache la réputation de l’établissement, mais surtout sème la panique parmi le personnel.
Malgré la présence du lieutenant de police Borlin, une sacrée caricature vraiment bien troussée même si le type est passablement imbuvable, ou plutôt à cause de ce lieutenant, le jeune Luc Fraxin est soupçonné de suite. Il faut dire qu’il travaille dans le service de radiologie et est donc souvent sur les lieux du crime. Mais il semble pourtant plus perturbé par la disparition de la femme qu’il aimait sans explications que par l’ambiance meurtrière qui l’entoure.
Malgré l’enquête en cours, les morts s’accumulent : un ambulancier, un chirurgien, un infirmier, uniquement des personnes en lien avec l’hôpital même si parfois le crime a été commis en dehors. C’est donc au cœur du monde hospitalier qu’il faut chercher : malade non soigné qui veut se venger, famille d’un malade, médecin jaloux ? Quel peut-être le dénominateur commun à ces personnes, hormis le centre hospitalier ?
L’écriture est incisive et agréable à lire, et surtout l’auteur, qui connait bien le système médical puisqu’il y exerce depuis plusieurs années, fait montre d’une imagination débordante dans le déroulement des meurtres. Même si les connaissances médicales du lecteur sont au stade du niveau zéro, il ne pourra s’empêcher de parfaitement imaginer le déroulement des véritables supplices très raffinés et élaborés qu’ont enduré les personnes assassinées et ne regardera plus jamais d’un même œil un scanner ou une salle de radiographie. Et il vaut peut-être d’ailleurs mieux ne pas trop en savoir, au cas où le modus operandi du tueur est applicable dans la réalité…
Alors les cadavres s’amoncellent, et l’intrigue se complique, et le lecteur a du mal à lâcher les pages de ce roman qui commencent en trombe avec des morts qui s’enchainent, mais devient de plus en plus psychologique. Pourquoi, voilà la question qu’on se pose, et dont la réponse ne sera donnée que dans les dernières pages, qu’on aura dévoré avec un plaisir un rien sadique jusqu’à la chute plutôt inattendue.
« L’énorme électro-aimant développait cent mille fois le champ magnétique terrestre et une force phénoménale collait les quatre paires de menottes en acier à la paroi de plastique. Suspendu à l’avant de la machine, un mètre au-dessus du sol, le fer lui entaillait la peau des chevilles et ses pieds commençaient à bleuir par manque de circulation sanguine. Il avait attrapé les chaînes des menottes emprisonnant ses mains et tirait dessus de toutes ses forces, mais malgré sa forte musculature, il ne parvenait à soulager ses jambes endolories que quelques instants. Il ne connaissait pas bien la technologie des appareils d’IRM. Son métier d’infirmier anesthésiste ne nécessitait pas ce savoir. Cependant, il s’était aperçu, en accompagnant les malades dont il s’occupait, que le personnel de ce secteur prenait garde à la force magnétique colossale se dégageant de l’énorme aimant de trois mètres de diamètre percé d’un tunnel de soixante centimètres où il aidait souvent à installer le patient pour son examen. Il aurait dû s’en souvenir plus tôt et se méfier. Désormais il était trop tard ! La traction qu’il exerçait de tout son poids sur les chaînes ne suffisait pas à les faire glisser de quelques centimètres. La force physique étant une cause perdue, il se résigna à implorer… »