Magazine France

Les 18 rendez vous de Tapie avec Sarkozy

Publié le 01 mars 2013 par Juan
Les 18 rendez vous de Tapie avec Sarkozy Les enquêteurs en trouvé 18. Dix huit rendez-vous scrupuleusement mentionnés dans les agendas de l'ancien Monarque entre 2007 et 2010: six avant l'élection présidentielle, dix après. Pourquoi donc Bernard Tapie avait-il besoin de se rendre si fréquemment chez Nicolas Sarkozy ? Pourquoi donc Nicolas Sarkozy, candidat puis président, avait-il ce besoin de recevoir Bernard Tapie ?
Indécence moderne.
C'est presque un feuilleton prévisible. Un président quitte son mandat et nous attendons que les affaires révélées pendant sa mandature le concernant se développent, s'approfondissent et se payent. François Mitterrand était mort trop vite. Jacques Chirac dut répondre trop partiellement des emplois fictifs de la mairie de Paris et des frais de bouche de l'Elysée. Avec Nicolas Sarkozy, la liste était plus longue, plus grasse. Il y avait 36 scandales dont nous souhaitions la conclusion parfois judiciaire. Cette affaire Karachi, énorme mais dont Nicolas Sarkozy n'était évidemment que l'une des pièces du puzzle balladurien; ces troubles relations libyennes nouées avant la prise de fonction élyséenne. Et cette incroyable affaire Tapie.
En mai 2011, Dominique Strauss-Kahn était explosé en vol dans ses prétentions présidentielles quelque part dans une suite de Sofitel à New-York. Christine Lagarde, ministre des finances de l'ancien Monarque, jouait des coudes pour lui succéder. En France, nous étions déjà persuadés que son rôle dans la résolution du litige "Tapie versus Crédit Lyonnais" solderait ses ambitions. Après tout, la procédure avait été incroyable.
 "Il est impossible qu'une décision de cette importance ait pu être prise sans l'avoir sinon l'impulsion de la Présidence de la République." François Bayrou, jeudi matin sur France info.
Le règlement arbitral de cette immense affaire du Crédit Lyonnais s'était soldé par le versement de 400 millions d'euros a l'ancien homme d'affaires, dont 45 millions au titre du préjudice moral. Sur France info, Bayrou compare cette dernière somme à un chiffre glaçant : les 30 000 euros d'indemnité que chaque victime de l'amiante - ou ses proches - recevra en dédommagement.
"On devrait toujours se méfier de ses agendas" écrit l'Express. L'hebdo a pour une fois raison. Il est parfois meilleur, mais avec retard, quand il investigue. Nicolas Sarkozy consignait trop, trop souvent, trop précis. C'est un régal. "Ce répertoire fastidieux s'est transformé en trésor, en 2012, lorsqu'il a été saisi par les policiers dans le cadre de l'enquête Bettencourt." L'ex-Sarkofrance s'est trouvée en émoi. On la comprend, les carnets sont toujours de dangereux documents intimes.
Sarkozy-Tapie, une vieille histoire
Nicolas Sarkozy a rencontré Bernard Tapie bien davantage de fois que ces seuls 18-là. Le rapprochement datait du passage de Sarkozy au ministère des Finances en 2004. Le processus de médiation a été lancé à cette date. En septembre 2005, Tapie gagne en justice, 135 millions de dommages et intérêts, mais le Crédit Lyonnais fait appel. Un an plus tard, il perd tout en Cassation. Tapie s'agite et tente de convaincre le gouvernement d'alors d'accepter un arbitrage. Le dernier ministre de l'Economie de Chirac balance : "Il apparaît contraire aux intérêts du CDR et de l'Etat, est-il écrit dans ce document, d'accepter la proposition des liquidateurs du groupe Tapie de régler l'ensemble des contentieux dans le cadre de la procédure arbitrale, eu égard aux risques évidents qu'une telle procédure présenterait pour le CDR."
On se souvient ensuite comment Tapie appela à voter Nicolas Sarkozy en 2007, pour mieux s'enthousiasmer publiquement de sa victoire ensuite. Au nouveau monarque, il réclama un arbitrage plutôt que de suivre la procédure qui l'opposait au Consortium de Réalisation (CDR), l'organisme chargé de gérer le passif du Crédit Lyonnais (évalués à 4,4 milliards d'euros fin 2009).
La surprise était feinte quand quelques mois plus tard, l'Etablissement public de financement et de restructuration (EPFR), acceptait la « proposition » des liquidateurs du groupe Bernard Tapie de soumettre le litige à un tribunal arbitral plutôt que de poursuivre la voie judiciaire normale. L'Express - qui aurait consulté les dits agendas - relève que le 16 novembre 2007, "un compromis est passé entre les protagonistes, d'un côté le Consortium de réalisation (CDR), créé pour le règlement des contentieux du Crédit lyonnais, de l'autre le liquidateur du groupe Tapie" pour accepter "pour la première fois, après des mois de discussions parfois houleuses, le recours à l'arbitrage". Et, surprise, le lendemain, "un samedi, en fin d'après-midi, Bernard Tapie est reçu à l'Elysée."
En juillet 2008, l'EPFR recevait des instructions de Christine Lagarde pour accepter le changement de procédure.  Et ce contre l'avis des services...  La Cour des Comptes se décide à enquêter en 2009.
En février 2011, elle saisit la Cour de discipline budgétaire et financière contre le président du CDR Jean-François Rocchi et celui de l'EPFR Bernard Scemama, tous deux hiérarchiquement soumis à Mme Lagarde. Cette procédure est rarissime - une dizaine de cas par an à peine. En cause, un « défaut d’autorisation législative » et, pire encore, une falsification: le plafonnement général des indemnisations des époux Tapie à 50 millions d'euros d'indemnités voté par les administrateurs du CDR est finalement signé dans une version « différente du texte et des modifications qui ont été approuvés par le conseil d’administration du CDR »
En juin 2011, Christine Lagarde devient patronne du FMI.  En aout suivant, on s'interroge: Sarkozy sera-t-il rattrapé par cette désinvolture ? 
L'enquête, enfin ?
Le 27 février, le domicile de Claude Guéant est perquisitionné. L'homme est en fait visé par deux affaires. La justice investigue aussi les soupçons de financement occulte dans l'affaire Karachi.
Concernant cette affaire Tapie, force est de constater que les juges sont au moins curieux. Tous les protagonistes ont subi une perquisition: : Bernard Tapie, les trois arbitres ayant pris une décision favorable à ses intérêts (Pierre Mazeaud, Jean-Denis Bredin, Pierre Estoup), Stéphane Richard (actuel patron d'Orange mais à l'époque directeur du cabinet de Christine Lagarde, et même les avocats des parties.
Dans les colonnes du Monde du 28 février, Pierre Mazeaud, 83 ans, a nié toute pression sarkozyste à son endroit, sans pour autant comprendre pourquoi il avait été nommé arbitre du dit conflit.
Annexe:
Voici la liste des dix-huit rendez-vous de Nicolas Sarkozy et de Bernard Tapie entre janvier 2007 et novembre 2010, publiée par l'Express. 
  • Lundi 8 janvier 2007 18 h 30 
  • Mercredi 17 janvier 2007 vers 9 h 30 
  • Mercredi 31 janvier 2007 9 h 30 
  • Mardi 6 mars 2007 9 heures - 10 h 30 
  • Mardi 24 avril 2007 10 h 30 
  • Samedi 28 avril 2007 14 heures . 
  • Vendredi 15 juin 2007 9 heures 
  • Lundi 30 juillet 2007 10 heures -10 h 30 
  • Samedi 17 novembre 2007 17 heures 
  • Samedi 16 février 2008 19 heures 
  • Samedi 24 mai 2008 10 h 30 
  • Samedi 24 janvier 2009 12 h 45 
  • Samedi 21 novembre 2009 sans précision d'horaire 
  • Lundi 14 décembre 2009 19 heures 
  • Vendredi 2 avril 2010 17 h 45 - 18 h 15 
  • Samedi 5 juin 2010 17 heures - 17 h 30 
  • Jeudi 7 octobre 2010 9 h 30 - 10 heures 
  • Dimanche 21 novembre 2010 17 h 30 - 18 heures

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Juan 53884 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte