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Flash back # 1: La rencontre

Par Kakrine
Flash back # 1: La rencontreLa rencontre avec nos filles Agathe et Garance le 2 janvier dernier, il y a maintenant presque 2 mois jour pour jour , s’est parfaitement bien déroulée, fluide, facile, et simple, juste heureuse et belle...
La veille au soir,  nous avons consciencieusement tout préparé et tout re-checké à plusieurs reprises. A commencer par l'horaire de départ avec la société de transport (nous avons booké une voiture avec chauffeur pour la journée, plutôt que de nous fier à des taxis), on a bien dû demander trois fois à la réception confirmation de la durée prévisionnelle du trajet pour être à l'heure au RV au DSDW!
Tous les papiers ont été revérifiés, le cartable vidé, re-rempli, juste histoire d'être sûrs. On a finalisé notre liste de questions à poser, qu'on a fait imprimer à la réception. On avait fait repasser nos tenues, on les a ré-essayées, moi j'ai hésité avec une autre, que j'ai essayée aussi, pris l'avis de mon Namoureux, et finalement, nous sommes restés sur ce qui était  initialement prévu. On a choisi des tenues colorées, beige et orange pour moi, beige pour mon Namoureux, pas des trucs noirs et tristes à l'occidentale qui risquent de leur faire peur!  Et nous finalisons la préparation de leurs petits sacs à dos, ainsi que le cadeau à remettre à notre assistante sociale.
On a peu mangé, beaucoup discuté, on s'est beaucoup interrogé sur la manière dont la journée allait se passer, dont les filles allaient réagir, si on rentrerait avec elles le jour même ou seulement le lendemain... Un mélange de nervosité, de sérénité, de soulagement, et de très grande impatience d'y être enfin! On se couche vers une heure... et oui, nous avons dormi!
Le matin du jour J, le réveil sonne tôt, histoire d'avoir le temps de nous préparer et de ne rien oublier, histoire surtout d'avoir l'air sympas et propres sur nous ;-), et de leur faire une bonne première impression !!
A 7h30, RV avec notre chauffeur, Teddy, un  gars bien sympa, qui nous détend un peu, mais qui respecte aussi notre silence un peu angoissé. En même temps, je me sens heureuse et étrangement sereine, calme. Je me demande bien sûr si je vais pleurer ou non, j'ai les yeux humides plus d'une fois,  mais je ne ressens rien de négatif, je ne me sens pas oppressée. J'ai ce sentiment d'y être enfin, d'être à ma place, et cela donne une sorte de force tranquille très apaisante, qui me surprend.
Flash back # 1: La rencontreOn arrive très en avance au DSDW, à 8h15 pour un RV à 9h,  ce qui laisse le temps à mon Namoureux de fumer une cigarette dehors, tous les deux un peu tendus quand même. Ensuite, on entre au DSDW et on monte à l'étage du lieu de RV, qui sera aussi l'étage où se tiendra le board. On nous installe dans une salle , l' "intake room 2" , dans laquelle se trouvent deux bureaux séparés d'une cloison amovible et des vieux clapets / piles de documents, on n'ose pas trop s'asseoir, donc on attend debout. Un autre couple avec un enfant arrive un peu plus tard, puis vient Mme Ruthairath, tout à fait charmante, qui reçoit d'abord l'autre famille du fait d'un départ en province à suivre pour se rendre à l'orphelinat de leur enfant. Nous proposons donc de quitter la pièce et attendons dehors.
Mme Ruthairat nous reçoit vers 9h30, pour un RV rapide, une demi-heure environ. Le RV avec elle a surtout consisté en un calage administratif des pièces restant à finaliser d’ici le board (passeports des filles et traduction de la lettre de placement), et en réponses à quelques-unes de nos questions. Peu de réponses ont été obtenues, en fait... A priori pas d'infos dispos... Nous lui remettons son cadeau, qu'elle n'ouvre bien sûr pas en notre présence (cela ne se fait pas en Thaïlande), mais nous remercie chaleureusement.
Nous sommes ensuite partis avec elle en direction du Pakkred Babies' Home, à environ une quarantaine de minutes. Elle s'excuse de porter un pantalon, nous expliquant qu'elle avait prévu initialement une jolie robe, mais devant le froid ce matin-là (28°), elle a renoncé et mis un  tailleur pantalon. On sourit poliment, nous on meurt de chaud déjà depuis un bon moment ;-) ... Pendant le trajet, elle nous explique le déroulé prévisible de la journée, et  nous prévient que nous ne rentrerons peut-être pas avec les filles en fin d'après-midi, qu'il faudra peut être revenir le lendemain. Nous parlons de l'orphelinat, de son fonctionnement... Elle pense même à demander au chauffeur de garder le ticket du péage de l'autoroute pour  nous le remettre en souvenir, une vrai pro! Lorsque nous quittons l'autoroute et que nous voyons le panneau de la commune Pakkred, je me mets à pleurer: je pense aux filles, au bouleversement que va connaître leur vie ce jour-là, ça me retourne. Je respire, je me calme, je me reprends, et déjà nous arrivons devant l'orphelinat. ça arrive bien vite!
Nous sommes donc arrivés à l’orphelinat vers 11 h moins le quart, et avons été accueillis dans la petite pièce de la maison des parents par la directrice adjointe . Nous ont été remis leurs dossiers médicaux, un cadeau et surtout un album photo des filles depuis leur naissance, que nous avons regardé en les attendant, tout en commençant à poser des questions sur leur mode de vie et leurs habitudes. Nous nous sentons heureux et c'est un grand bonheur de découvrir des photos d'elles bébé, de voir leur évolution, et de les voir toujours souriantes sur les photos!
Un petit quart d’heure après, les filles sont arrivées tenues par la main par leur nourrice, Sim, qui s’est chargée d’elles depuis qu’elles sont âgées 6 mois. Elles ont l'air concentré, un peu tendu, le visage un peu fermé, mais déterminées. C’est mon Namoureux qui a vu leur reflet dans le miroir de la pièce, car elles sont arrivées derrière nous. Nous sommes sortis et les avons donc rencontrées dehors.
Après un waï (salut thaï) elles nous ont regardés et nous avons commencé à leur parler. Elles avaient à la main les peluches que nous leur avions envoyées. Nous sommes souriants, hyper souriants, une joie immense et sereine en même temps nous envahit. Je sais que je ne pleurerai pas, je me sens si bien... Elles sont impressionnées, mais nous regardent, s'approchent, nous touchent... nous pouvons donc les prendre par la main pour entrer dans la maison des parents!
Elles sont adorables: elles portent chacune une jolie robe blanche, pas identique, Agathe avec quelques fleurs au milieu au  niveau de la ceinture, Garance avec des petits fleurs à plusieurs endroits, de jolies petites ballerines à brides visiblement toute neuves, blanches avec des perles roses pour Agathe, et roses avec des perles blanches pour Garance.  Par-dessus, elles portent chacune... une laine polaire! (il faisait si froid, ce matin-là...)
Les filles ont rapidement « discuté » avec nous, nous ont dès le départ regardé dans les yeux et appelés Papa Maman, en français. Elles ont visiblement été très bien préparées! Elles ont très vite été très à l’aise avec nous, faisant dire à Mme Ruthairath au bout d’une dizaine de minutes qu’elles étaient prêtes à partir avec nous !  Ce que nous trouvions quand même un peu court ;-) !
Après un petit quart d’heure dehors tous ensemble, nous sommes rentrés dans la maison des parents, et avons continué à faire connaissance,en les prenant sur nos genoux, et notamment, en leur donnant leurs petits sacs à dos et leur contenu (une boite à musique, une poupée, puis un peu plus tard le sachet de bonbons- très gros succès; pour les feutres on a préféré renoncer....). Elles nous regardent, nous touchent, jettent aussi de temps en temps un oeil à leur nourrice, bien sûr. Leur nourrice nous a remis d’autres albums photos, des CD  de photos, tous visiblement faits par une bénévole qui semble s'être beaucoup occupée d'elles, et les albums que nous leur avions envoyés et elle a répondu à d'autres questions de notre part, via la traduction de Mme Ruthairat. Elle est ensuite sortie de la pièce quelques minutes, visiblement très émue....
Nous nous sommes ensuite tous rendus dans leur pavillon, avec leur nourrice,  qui nous a confié leurs brosses à dents, "en souvenir a-t-elle dit, et pour continuer à les utiliser" ! Une vingtaine d'enfants était dans le dortoir en période de "sieste/temps calme", mais aucun ne dormait, bien sûr!  Il y avait aussi toute l'équipe des autres nourrices en charge de ce pavillon, 7 ou 8 personnes. Nous avons pris des photos tous ensemble, ainsi que des photos du dortoir (climatisé!!) , de la salle de jeux, de la salle de bain... Les filles n'avaient d'yeux que pour leur nourrice et pour nous; elles nous ont scotché: pas un regard vers les autres enfants. On pensait qu'elles auraient eu un ou deux camarades plus proches et qu'elles auraient été émues, mais rien. Résolument tournées vers l'avenir, et vers nous. Bluffant.  On se dit aussi qu'un au-revoir avait surement été organisé plus tôt dans la matinée, et en même temps, on nous a demandé de ne pas rester trop longtemps dans le dortoir, ce qui se comprend...
Enfin, retour à la maison des parents,  où on nous a également remis un sirop pour la toux et du paracétamol car Garance avait une bronchite, ainsi que les couches utilisées pour elles de jour et de nuit, même si elles ont eu un "entrainement" au "potee". Rangement de toutes les affaires, remise du don, et départ autour de 12H30 vers notre hôtel.
Les filles ont adoré être en voiture, assises tout contre ou sur nos genoux, très à l'aise, juste une évidence... Elles dévoraient de leurs grands yeux le paysage, lançant des "oohhhh" étonnés régulièrement, en grignotant les biscuits donnés par l'orphelinat pour les faire patienter jusqu'au déjeuner...

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