Que déclare t-il au juste ?
« Depuis vingt ou trente ans, on ne réussit pas à avoir un niveau de chômage qui se situe au niveau des autres pays européens, il faut des mesures d'urgence et je demande au gouvernement de se réveiller (..) Je demande aussi au président de la République de prendre la question du chômage au sérieux (...) avant toutefois d'avouer : « personne ne peut faire le malin sur les questions de l'emploi (...) se souvenant avoir dû annoncer comme ministre "parfois de bonnes nouvelles et souvent des mauvaises". Mais "le chômage augmente deux fois plus vite qu'il n'augmentait au début de l'année 2012 (...) Première mesure d'urgence, " une baisse des charges dans les très petites entreprises, chez les artisans (...) » - Le Point
Outre que le montant des cotisations sociale n'a strictement aucun lien avec le carnet de commande des artisans, n'oublions pas que Xavier Bertrand a contribué avec Jean-François Copé au torpillage du processus de représentation des salariés dans les TPE défendu par les patrons de l'artisanat. Ce qui fait effectivement de lui un fin connaisseur de ce type d'entreprise !
Mais regardons de plus près comment notre expert a lutté contre le chômage
Avril 2011 : « Très sûr de lui » comme écrivait L'Express : Parce que les emplois qui manquent, Xavier Bertrand va les créer, en utilisant massivement les contrats aidés. Une recette que la droite boude, car contraire au dogme libéral, mais qu'elle pratique parce qu'elle est bien commode pour faire baisser les mauvais chiffres. L'argent sera débloqué puisque le chef de l'Etat a promis 250 millions d'euros supplémentaires pour financer 50 000 emplois aidés de plus. Déjà, en 2002, Jean-Pierre Raffarin, alors à Matignon, et son ministre des Affaires sociales, un certain François Fillon, avaient juré la fin de ces dispositifs avant d'y recourir quelques mois plus tard (...) grace à cette technique, il comptait : (...) réduire le taux de chômage de 9,2 % (fin 2010) à 8,5 % en décembre 2011 (...) »
Le tout s'étant soldé par la célèbre phrase de Nicolas Sarkozy sur la : « baisse tendancielle de l'augmentation du nombre de chômeurs »
Or, ces contrats aidés s'adressent aux populations les plus éloignées de l'emploi et comme le rapelle La MAIF, sont très souvent réservés aux organismes publics, parmi lesquels l'éducation nationale joue souvent le premier rôle.
Donc, exit la création de richesses au travers de l'emploi marchand que nous serinent régulièrement Xavier Bertrand et ses collègues de l'UMP ! Ce qui était d'ailleurs confirmé par les Les Echos : « (...) l'Etat compte concentrer son effort sur le premier semestre pour limiter la casse avant l'élection présidentielle. C'est ce que révèle la traditionnelle circulaire de programmation des contrats aidés que le ministère du Travail vient d'adresser à ses services déconcentrés. En date de 19 décembre, elle prévoit que, sur les 340.000 contrats du secteur non marchand (CUI-CAE) inscrits au budget, 225.000 devront être conclus au premier semestre. Cela correspond à une moyenne de 37.500 par mois. Un rythme particulièrement soutenu si on le compare à celui décidé pour le premier semestre de 2009, au plus fort de la récession, qui était de 32.000 par mois (...) l'éducation nationale (...) sera en particulier mise à contribution (...) »
L'emploi des seniors
A part déplacer l'âge de la dispense de recherche d'emploi pour les plus âgés dont, on trouve trace dans : un des volets de la loi n° 2008-758 du 1er août 2008 : La suppression à compter du 1er janvier 2012 de la dispense de recherche d’emploi pour les chômeurs âgés qui visait à : « (...) à relever progressivement l’âge d’accès à la dispense de recherche d’emploi, jusqu’à la supprimer définitivement en 2012, conformément à la politique d’augmentation du taux d’emploi des seniors (...) » on cherche vainement toute mesure en faveur de l'emploi des salariés âgés.
D'ailleurs, tout monde a pu se rendre compte que le nombre d'embauches de seniors a flambé durant la période où Xavier Bertrand était aux manettes !
On pourrait aussi, aborder les fameux « emplois non pourvus », qui permettaient à Xavier Bertrand et Nicolas Sarkozy de rejeter la faute sur les chômeurs. Ce qui faisait écrire au journaliste MarcLandré, du Figaro : « Plus c'est gros plus ça passe (...) D'où sort ce chiffre de 500 000 ? En fait, de nulle part. C'est un chiffre pifométrique et fantasmagorique (...) Il est tiré, à l'origine, d'un sondage réalisé il y a quelques années par les chambres des métiers afin d'estimer le nombre d'emplois non pourvus dans leurs secteurs d'activité (...) »
Par contre, Xavier Bertrand a su nous expliquer que les chômeurs étaient des privilégiés à qui il convenait de réduire la durée de leurs indemnités qui étaient : « des freins au retour à l'emploi » et qu'il fallait envisager : « la réintroduction d'une dégressivité des allocations chômage, incitative à la reprise d'emploi (...) »
En fin de compte, le seul domaine où Xavier Bertrand a su montrer l'étendue de son talent, c'est lorsqu'il déclarait que : « Nicolas Sarkozy est le seul à proposer des mesures puissantes pour faire reculer le chômage » et nous vantait la manifestation sarkozyste pour le vrai travail : « Certains font mine aujourd’hui de s'étonner que nous voulions un rassemblement pour fêter la valeur travail (...) Ni la gauche, ni l’extrême gauche ne nous imposeront un couvre-feu pour nous empêcher de nous mobiliser pour la valeur travail le 1er mai (...) Nous on veut mettre en avant la valeur travail et la différence avec l’assistanat (...) »
Et c'est ce brillant spécialiste qui vient aujourd'hui pérorer et donner des conseils ? On aurait pu penser qu'avec de telles références, Xavier Bertrand aurait eu la pudeur de se taire. Mais sachez qu'en politique l'outrance, l'incompétence et le cynisme font bon ménage !