Me voici donc dans le train vers Toulouse. Ce jeudi 28 février au soir, je serai dans la ville rouge pour parler de la démocratie locale et particip-active dans le cadre des « Jeudis à gauche » à l’invitation de mes amis Rémi Vincent et Jean-Christophe Sellin, lequel nous représente dans des conditions difficiles. Le maire de la ville lui a retiré sa délégation, parce que Jean-Christophe a refusé de voter « l’intégralité » du budget municipal 2013. Et c’est dans cette ville, que je connais et que j’aime, où j’ai fait – pour l’Humanité Midi-Pyrénées – mes premières armes de journaliste, que je dois parler de démocratie locale et de citoyenneté. Autant parler de la difficulté de faire la démocratie.
La démocratie, ou pouvoir au peuple, est un concept passablement mis à mal en ce moment. Alors qu’elle se renforce des débats vifs, des confrontations assumées, des échanges virils mais corrects, le parti au pouvoir mène une opération de caporalisation de ses « partenaires » écolos ou radicaux. Pour le Front de gauche, le parti dit « sérieux » joue sur deux tableaux, en essayant encore et en vain de diviser notre rassemblement. D’un côté, il donne droit à quelques positions politiques du Parti Communiste, prenant soin de les vider de leur portée ; de l’autre, il cogne à boulets blancs sur le Parti de Gauche réduit à son co-président, pour tenter d’accréditer la fiction d’un « homme seul ».
Le vote final de la loi d’amnistie sociale constitue une illustration de cette stratégie. Le texte a été voté au Sénat. Certes. Mais ne sont concernés par l’amnistie que les faits passibles de peines d’emprisonnement inférieures à 5 ans et seulement dans le cadre de conflits « liés au logement ou au travail ». Exclus les faucheurs volontaires, par exemple. De fait, les militants condamnés dans le cadre de lutte relatives à la santé et à l’environnement ne bénéficieront pas de l’amnistie. Une loi qui passe mais vidée de sa dimension politique. Un clin d’œil concédé aux camarades communistes pendant qu’on fustige les éclats de Mélenchon… Outre que la ficelle est un peu grosse, se pose un sérieux problème démocratique. Je partage le coup de colère de mon amie Corinne Morel-Darleux.
Le travail des représentants du peuple est en effet vidé de sa substance par des arguties de petite politique. « Sois plus docile et je te donnerais plus », semble être le mot d’ordre du parti dit « sérieux ». Cela ne vaut que pour les nôtres : les petits, les sans argent, celles et ceux qui souffrent et qui luttent. A ceux qui se gobergent de dividendes et autres plus-value réalisées sur la sueur des autres, tout est donné. Il leur suffit, comme les « pigeons » de hausser les sourcils pour que le parti de Solférino se soumette. Oubliant aussi par qui et pour quoi il a été élu. Autre problème démocratique majeur. Il a des répercussions sur toutes les forces politiques, soit dit en passant, même si ce n’est pas avec la même violence.
Quand la politique faillit à sa tâche, qui reste de proposer un contrat social partagé par le plus grand nombre, l’atomisation de la société, largement entamée par la mise en œuvre des oukases du capital, s’accélère. Le repli sur soi et le refus de la règle se trouvent encouragés. C’est avec cela qu’il nous faut faire, c’est de cela dont il faut que nous, militants révolutionnaires, nous repartions. Parce que nous faisons toujours avec le réel tel qu’il est et pas tel que nous le voudrions. Bref, les militants politiques que nous sommes ont pour devoir de rassembler ce qui est épars.
La démocratie particip-active, telle que j’en parlerai ce soir salle Osète à Toulouse, est un des outils que nous voulons utiliser pour réconcilier les citoyens et la pratique politique, en faisant la preuve par l’exemple que nous tenons nos engagements. Déjà. Elle a aussi pour mission de rassembler, autour de l’élaboration d’un compromis politique co-construit et donc partagé, les éléments éparpillés du corps social. Nous ambitionnons enfin de réinjecter de la citoyenneté dans l’action publique. C’est un des enjeux de l’insurrection citoyenne que nous préparons. Elle nécessite l’émancipation et, cela aussi, c’est un des buts de la démocratie particip-active.
Je ne vais pas vous dévoiler ici tout mon propos de ce soir, sinon je me ferai morigéner par mes amis toulousains. A tout le moins, vous avez quelques idées déjà pour que nous en débattions plus tard.
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Bonus vidéo : Arctic Monkeys « Don’t Sit Down Cause I’ve Moved Your Chair »