Upside Down (Juan Solanas, 2012)

Par Doorama
Dans un autre système solaire, deux monde à la gravité opposée se côtoient. Adam vit dans le monde du bas, pauvre, Eden dans celui du haut, plus riche. Alors que tout est fait pour qu'ils ne se rencontrent jamais, ils tombent pourtant amoureux, et devront dépasser les règles physiques qui régissent leurs mondes pour se retrouver.
Science-fiction et romance ont encore très récemment donné vie à deux chouettes projets : L'Agence et surtout ce Perfect Sence qui avait affolé les nôtres... Upside Down tente donc l'aventure en mélangeant deux mondes que tout oppose, deux mondes comme deux aimants retournés se repoussent, alors que sur chacun d'eux se trouve des personnages qui rêvent de se toucher. Dans le ciel, le monde de l'autre, au sol la fracture sociale... Upside Down vise haut, la chute n'en sera que plus dure...
L'amour plus fort que ce qui nous sépare, l'amour qui réunit quelque soient les barrières qu'il doit franchir. C'est ce que nous propose Upside Down en traitant son sujet avec autant de gravité que celle qu'il met en image (non sans certaines images étonnantes). Maintenus en bas les pauvres, en haut les riches qui les exploitent et les méprisent... Un monde à deux vitesses, sujet de prédilection de toute bonne science-fiction qui se respecte (Gattaca, Rollerball, etc...) et ces gens qui refusent cette séparation aveugle. Comme ça, sur le papier ça a l'air bien, fort, et symboliser ce combat par une histoire d'amour semblait bien vu et tout à fait adapté. Mais hélas, les forces semblent inégales, et l'histoire d'amour l'emporte maladroitement sur son fond. C'est là le choix de son réalisateur (et donc non contestable), mais il échoue à donner crédibilité et force à cet "amour éternel" (qui trouve sa source dans l'enfance de ses personnages et resurgit malgré les souvenirs effacés de la Belle...).
Upside Down, malgré ses images chiadées, à bien du mal à convaincre ! Upside Down, malgré sa belle romance, à bien du mal à nous émouvoir aussi... Juan Solanas s’emmêle les pinceaux, perd ses objectifs, hésite, se déconcentre et met finalement en image un joli fourre-tout à l'esthétique soignée, mais à l'intensité défaillante. Adam et Eden (tout le monde a compris ? C'est bon ou on développe ?) livrent un combat bien mou au vu des forces qu'ils combattent, l'attraction de leur monde respectif exerce une force aussi faible que celle censée les réunir à l'écran... Juan Solanas ne parviendra pas à insuffler une quelconque intensité à son film, il échoue à donner l'importance suffisante à ses enjeux, préférant se cantonner à poser bien trop sagement les petites étapes pratiques, plutôt que symboliques, qui réuniront les deux amants. Upside Down déroule son scénario laborieusement, gérant maladroitement ses virages, et peinant même à lui donner une fin digne de ce nom. Le spectateur clôturera Upside Down à coup de lance pierre, sans qu'aucun suspense ne l'ait un tant soit peu titillé auparavant, en deux trois mouvement à peine perceptibles, on lui annonce la fin de la récré.
Un ensemble qui laisse une impression de bâclé... un manque de conviction... une intensité bien molle... On subit deux histoires (pourtant sympathiques sur le papier) de plein fouet sans éprouver d'excitation. Upside Down avance ses billes sans parvenir à trouver une âme, sa romance sert de toile de fond à sa science-fiction, et sa science-fiction de toile de fond à sa romance, oubliant en chemin de traiter chacune d'elle. Dans l'absolu, il n'y a rien de'honteux ou misérable dans ce beau projet ambitieux, mais on ne peut que déplorer son traitement trop superficiel, bien trop plat pour faire naître l'émotion que réclamait son histoire d'amour compromise, et bien trop conventionnel pour imposer sa société froide et futuriste. Trop timide, peu audacieux, Upside Down reste implacablement sur le plancher des vaches, incapable de nous laisser respirer, de nous laisser rêver, de nous emmener dans son monde. Comme écrasé par la peur d'échouer à représenter son monde à deux gravités, il en oublie tout le reste, y compris le plaisir et les attentes basiques du spectateur. S'il y a bien une chose aboutie dans Upside Down, c'est son titre, parfait pour un film où rien n'est réellement à sa bonne place... tout sens dessus dessous !

Procurez-vous Upside Down ou d'autres films de Juan Solanas ou avec Kirsten Dunst ou Jim Sturgess