LANGAGE: A 6 mois de grossesse, il vous entend déjà – PNAS

Publié le 28 février 2013 par Santelog @santelog

A la naissance, les nouveau-nés sont capables de distinguer des syllabes proches, de reconnaître la voix de leur mère, et de différentier différentes langues. Mais après seulement 6 mois de grossesse, le cerveau encore immature du nouveau-né prématuré est capable lui-aussi, donc 3 mois avant terme, de distinguer les syllabes et les voix masculines et féminines. Ces résultats publiés dans l’édition du 25 février 2013 de la revue PNAS montrent, avant tout apprentissage, une organisation précoce, voire innée, déjà très sophistiquée, des régions cérébrales impliquées dans le traitement linguistique et la communication sociale chez l’Homme.

On pouvait penser que ces capacités chez le nouveau-né pouvaient être liées à un apprentissage rapide des caractéristiques de la voix maternelle pendant les dernières semaines de grossesse. Cette recherche, qui a évalué les capacités de discrimination auditive de 12 nouveau-nés prématurés de 28 à 32 semaines d’aménorrhée, montre que cette capacité intervient bien avant terme, à un stade, précise le communiqué de l’Inserm, où le cerveau est encore immature. A cet âge, écrivent les chercheurs, l’organisation corticale en couches n’est pas terminée. De nombreux neurones sont encore en plein processus de migration vers leur emplacement final.

 » ga  » ou  » ba « , voix d’homme ou de femme ? Les chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Picardie Jules Verne et du centre d’imagerie NeuroSpin du CEA, ont stimulé auditivement les nouveau-nés prématurés, en les exposant à deux sons de syllabes proches ( » ga  » et  » ba « ) prononcées soit par un homme soit par une femme et ont enregistré leur réponse cérébrale grâce à l’imagerie optique fonctionnelle. Les chercheurs observent alors plusieurs points de similitude avec le réseau linguistique des adultes. Alors que les syllabes suscitent plus de réponses de l’hémisphère droit que de l’hémisphère gauche, la région temporale échappe à ce schéma et montre des réponses plus rapides et durables sur l’hémisphère gauche vs droit. Les réponses à un changement de syllabe et de voix entraînent déjà l’activation des aires frontales inférieures, même chez les plus jeunes enfants. Enfin, alors que la région frontale droite répond à ces 2 types de changements, la région frontale gauche ne réagit qu’au changement de syllabe. Autant de similitudes des zones cérébrales et des réseaux impliqués dans cette tâche de décryptage du langage, avec l’adulte.

Ces résultats démontrent non seulement la réceptivité, malgré un cerveau encore immature, des petits prématurés aux changements de voix et de syllabes, mais une organisation déjà très sophistiquée des zones impliquées. Alors que l’organisation des aires cérébrales est régulée par l’expression des gènes au cours du développement du fœtus, les auteurs suggèrent que la genèse des fonctions linguistiques est en grande partie influencée par des facteurs innés.

Source: Communiqué Inserm et PNAS 25 février 2013 Doi : 10.1073/pnas.1212220110 Syllabic discrimination in premature human infants prior to complete formation of cortical layers

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