ROCK/ROCKABILLY - Lâchez les chiens, rentrez les enfants, la bête est dehors et elle n'est pas prête de se laisser apprivoiser. La bête, c'est cette femme moderne, toute en contraste et en puissance que Sallie Ford and The Sound Outside incarne dans son nouvel album. Libérée, sans gêne, rien ne l'arrête "“I can fuck, I can drink and I don’t care what you think,”. Mais toujours dans le plaisir et l'amusement.
Les deuxième albums ont souvent un goût de déjà-vu plus ou moins prononcé. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Sallie Ford and The Sound Outside ne se sont pas laissé prendre à ce jeu-là. Leur deuxième opus UNTAMNED BEAST, aux sonorités bien plus rock, les empêche de plier sous le poids des étiquettes vintage et rétro. C'est la révolution du vintage et la colère est clairement un des ingrédients de cet album. Adieu conformité et style défini, le quartet de Portland a pris du grade et un petit virage féministe aussi!
Sallie Ford nous montre qu'elle a autant de punch et de coffre que n'importe quel chanteur rock (ou que Brittany Howard des Alabama Shakes pour rester chez les filles) et Jeffrey Munger joue de façon aussi experte que frénétique avec une bonne dose de reverb (comme dans "Lip Boy") et des riffs bluesy bien gras qui répondent à merveille à la voix entêtante de Sallie Ford. Quant au bassiste Tyler Tornfelt et au batteur Ford Tennis, ils font mieux que suivre leur tornade de chanteuse, ils lui font un écrin musical adapté à ses envolées.
On commence fort avec "They Told Me". Ce titre d'ouverture fait tout de suite table rase du dernier album, DIRTY RADIO. Moins de rockabilly, de jazz et plus de rock. Ce titre, tout comme "Bad Boys", est un véritable hymne à la révolution, à l'indépendance. Cette bête sauvage, loin d'être apprivoisée, c'est la jalousie et Sallie Ford nous dit dans "They Told Me" qu'elle l'a en elle. Dans "Addicted", Ford transforme des paroles en apparence douce en menaces acérées sur de belles harmonies. Plus de timidité dans cet opus, on est dans les émotions nues, à vif. Mais sous les cris d'indépendance et de girl power se cache les regrets des amours perdus. Dans "Shivers", une des plus belles chansons de l'album, c'est la nostalgie des caresses et dans "Paris" le regret d'avoir quand même un cœur et des sentiments.
Alors oui, UNTAMNED BEAST est beaucoup plus rock mais cela ne veut pas dire que tout ce qui est rétro a disparu. "Devil" revient sur leurs premières amours avec une mélodie très rockabilly (on dirait même une version plus rock de "This Crew" de leur précédent album"). "Do Me Right" est a fond dans les années 50. Ça claque, ça swingue et vu que l'album n'est pas composé que de titres de ce style, ça passe bien, même très bien. L'album se finit avec un dessert, une mélodie plus douce portée uniquement par Sallie Ford, sa voix et sa guitare.
Au final, il sort de cet album un sentiment d'urgence irrationnelle, de rush qui contraste magnifiquement avec les sonorités rétro. Si vous aimez le rock à bout de souffle, les mélanges de genre sans gêne, alors précipitez-vous sur UNTAMNED BEAST et laissez-vous emmener dans sa course effrénée.