Excentricité : n.f dérivé du latin excentricus ou « hors du centre » désigne une personne originale, bizarre et extravagante qui fait souvent l’objet d’admiration mais ne laisse jamais indifférent.
Jamais le streetstyle nous a autant montré son engouement pour la désharmonie. Même si rien n’est plus subjectif que le « style » ou le « non style », la recherche de singularité semble aujourd’hui sans limite…
Des looks catastrophes, aux audaces d’une génération 2.0 GAGAisée, l’institué « bon goût » serait-il devenu complètement has been ?
Pourquoi ?
> L’utilisation des nouveaux outils numériques d’image (Pinterest, Tumblr) par la génération 2.0 a bouleversé sa manière de se représenter. Il s’agit désormais de « moodboarder » sa vie : ses envies, son style, son quotidien.
Puisque l’individu devient créateur/constructeur de son propre « je », le corps devient son meilleur outil marketing, support à son désir de création infini. Le look c’est leur self branding.
> La toile étant devenue une source perpétuelle et infinie d’inspirations esthétiques, cette génération n’est jamais en manque d’idées. Ils épluchent le web à la loupe, images, références, arts, design, cinéma tout est passé au prisme de leur œil expert. Du coup, ils empruntent, réinterprètent, accessoirisent et se différencient plus par l’accumulation de signes distinctifs plutôt que par l’harmonie qui fait sens.
« Pour être singulier, il faut montrer que l’on décroche, trouver la faute de goût qui fera toute la différence. » Nouvel Observateur article « les bomos » (bourgeois moche).
Les nouvelles familles stylistiques qui ont le vent en poupe
> Le HIPSTER ou la nouvelle bête à tuer
S’il ne fait pas bon vivre pour les Hipsters, ils ne se démontent pas pour autant. Leur crédo ? Upgrader toujours plus la valeur du négligé et celle du « grand’ma style », à la limite du crado. Ils spéculent autour de la valeur du Formica, investissent les quartiers « chauds », se remettent au tricot, à la machine à écrire (mais seulement pour décorer). Le « vieux c’est beau » va même jusqu’à réinstaurer une relation intergénérationnelle entre Hipsters et retraités. En tête, Iris Apfel, 80 ans, court toujours les vernissages underground. C’est l’apologie de ces héros qui ont connu Woodstock et dont les Hipsters se sentent les dignes descendants.
> La cyber communauté des SEA PUNK
C’est le mouvement alternatif qui re-boost les ventes de « La petite sirène » et milite pour la sauvegarde des dauphins. Inspiré des fonds de l’océan « Fantasy Land » fait fureur aux US chez les 15-25. Une sorte de néo-gothique popisé d’algues tie&dy, de cyber coquillages, de poneys, voire même de licornes. Un rêve ecstasique partit de Tumblr qui regroupe désormais des milliers d’adeptes.
So what ?
Si ces deux typologies sont plus ou moins récentes, elles démontrent l’engouement autour d’une revisite du POPulaire. Néanmoins, il ne s’agit plus d’une « culture » du look à proprement parler (cadrée, instituée) mais plutôt d’un mix & match d’excentricités accumulées. Rien n’est plus banni ou tabou, au contraire ; l’important est « d’être créatif » et le nouveau challenge d’esthétiser le moche.
On peut désormais trouver sur une même silhouette le barbour d’un tradi couplé d’une chevelure rose anis ou encore le nœud pap’ d’un dandy sur un skate bref cette hybridation des styles et, par conséquent, des familles stylistiques annonce une toute nouvelle typologie de consommateur, celle des « tout style ».
« Parce que chaque excentrique est unique et qu’il en existe autant que de manière de l’être, l’excentricité ne se théorise pas mais se liste ».
Et si les « dicos looks » devenaient obsolètes ?