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La solitude

Publié le 28 février 2013 par Legraoully @LeGraoullyOff

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La solitude est un courant d’air frais dans l’obscurité.

La solitude c’est d’avoir offert son lit à ceux qui viennent vous voir en couple.

Qu’on les envie ou qu’on les plaigne.

C’est un réveil de plus après seulement quatre heures de sommeil sur le carrelage froid d’une petite pièce sans aucun bras pour vous réchauffer.

Bonne pour la tête, mauvaise pour le cœur.

C’est un verre de whisky à cinq heures du matin.

La soule bénédiction qui semble encore en valoir la peine.

C’est écouter le chant du coq d’à côté en griffonnant d’une écriture tremblotante les quelques phrases que voici.

La solitude est une nouvelle région.

Une route sur laquelle ne passent que des voitures qui vous épient bizarrement sans jamais lever le pied.

Elle est un fort planqué au milieu des bois.

Une petite fontaine avec une photo de la vierge que l’on aimerait bruler.

Une balade en forêt à ramasser des bouts de bois que l’on lance à son chien tout souriant de la queue.

La solitude est une flasque presque vide dans la poche arrière droite d’un blue jeans.

Une envie de fumer, un paquet de tabac sans feuilles et un cendrier presque plein.

Elle est un coup de téléphone à une personne à qui on ne parlerait jamais sobre.

C’est un pardon sans fautes.

Une absolution enrobée de laïcité.

Un sms que l’on regrettera surement plus tard comme tant d’autres avant ce dernier.

Une culpabilité que l’on fait passer pour en créer une nouvelle.

Un souffle saccadé sur une planche dégrippée.

Des rideaux translucides qui nous laissent miroiter ce que l’on n’est pas prêt d’avoir.

Comme la vitrine d’un magasin de luxe parisien.

Des pages blanches à noircir à volonté.

Une gorgée pour jouir.

Une lampée pour sourire.

Une échappée du peloton jamais avare de discourir.

La solitude c’est de refuser ce que la vie se sent forcée de devoir nous apporter et de vouloir nous obliger à sourire alors qu’elle sait qu’on y croit plus vraiment.

C’est contredire tout et tout le monde et se le mettre à dos pour biberonner peinard.

C’est respecter le sommeil de ceux qui parviennent encore à le trouver sachant qu’ils ne le font jamais les rares fois où vous y arrivez.

Un seau d’eau glacée dans laquelle pataugent les mouches n’attendant plus qu’une langue leur pousse pour pouvoir en laper.

Des chaussettes trouées de partout qui vous créent de belles ampoules tumescentes aux pieds.

La solitude c’est d’enfin voir le soleil se lever en écoutant les oiseaux chanter.

L’âne henni

Les autres grognent

Ah que nenni !

Je ne vais plus faire dans la charogne.

La solitude c’est d’être à sa place dans le container marqué du sigle approprié.

C’est une remorque sans voiture.

Une longue et lourde table de chêne massif intransportable à quatre où ne s’asseyent jamais plus de trois personnes.

La solitude c’est de se sentir seul même entouré de dix personnes que vous aimez.

Elle est un projecteur qui ne fait apparaître qu’une de vos multiples ombres aux mensurations similaires au grand rien du vide.

C’est se sentir Spartacus sans armée pour monter prendre le Sénat.

Réveiller son monde parce qu’on ne peut plus dormir.

Elle est une trace récurrente difficile à nettoyer sans un bon détachant.

Une femme que l’on quitte au petit matin avant même qu’elle n’ait soulevée ses paupières mal démaquillées.

Les habitudes ont décidément la vie dure.

Et dure.

Encore et encore.

La solitude c’est de ne plus avoir un rond pour se relooker et inviter sa conquête au restaurant. Couvrir sa belle nuque dégagée d’une rivière de diamants que refléteraient ses yeux mutins.

La solitude c’est la pauvreté.

Une bonne blonde bien roulée que l’on ne cesse de rallumer pour en tirer encore une bouffée.

C’est la prémisse de la détestation.

C’est rouler au-dessus de la vitesse autorisé sur une autoroute bondée et donner un violent coup de volant sur le voisin d’à côté.

C’est cacher tout l’amour dont vous disposez.

C’est une canette de coca qui déborde de bourbon pour donner l’illusion de mœurs acceptables.

C’est d’être observateur plutôt qu’acteur pensant en tirer un quelconque bénéfice.

Tu ne tireras rien comme ça mon fils !

Aussi solitaire q’une araignée piégée dans sa propre toile

Les pattes qui collent

Les crochets qui déconnent.

La vérité sous un voile opaque

La mendicité, mon royaume pour un pack !

Une chandelle mal tenue et qui brûle son bougeoir.

Un mal de tête pire qu’un orage sur un océan dont on ne croit jamais qu’on en verra le rivage.

Peu importe lequel.

Les pieds ne touchent plus terre depuis longtemps de toute manière.

La solitude est une salle d’attente pleine à craquer qui se délecte de la vie des célébrités.

C’est un contrôle technique non approuvé

Des réparations, tu vas casquer !

Un mensonge que l’on n’a pas besoin d’avouer.

Elle est un cerveau bien rempli avec deux hémisphères gauches.

Un beau riff qui donne la chair de poule.

Un solo de jazz au piano.

Un bon vieux blues en remontant le Mississippi jusqu’à Chicago.

Un bend d’harmonica bien placée.

Le bottleneck sur l’annulaire qui glisse sur le dobro accordé en open de sol sur une corde raide parfumée à l’éthanol.

La filature malsaine d’un amour possible projeté rien que d’après la vision enchanteresse et idyllique d’un regard alléchant.

La solitude c’est de délaisser l’horrible attroupement de bestiaux de la rue sainte Catherine pour s’en aller se jeter trois Picon-bières en observant ce qui se passe sur les quais.

C’est boire et suffisamment ouvrir sa gueule pour se réchauffer un soir prochain.

C’est un forfait illimité.

C’est un téléphone portable qui tourne sur une table et qui indique la Garonne sans agglo à portée de main pour être vraiment sûr de couler.

La solitude, en définitif et malgré tout, c’est ce que je préfère car la solitude c’est d’avoir le temps de lire tous les bons auteurs et parfois même les mauvais. De se cultiver l’intérieur à la sortie des périodes de brouillards. D’écrire, de s’étendre, de se répandre, de vomir, de se libérer, de hurler sans autre bruit que celle des touches du clavier, de proclamer, de procrastiner…

La solitude c’est la liberté.

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