Un futur éventuel mien ami a publié sur le blog de Nicolas de Rouyn (lui, ni éventuel, ni futur mais bien présent) un billet reposant la question du protocole "aveugle" utilisé par le GJE.
Les correspondances qu'il met en musique m'interpellent. Et en appellent d'autres. Ne serait-ce que (exemple) le besoin, pour bien échanger, d'avoir la signature du bloggeur plutôt que la citation d'une région du sud-ouest de la France, aussi prestigieuse soit-elle.
Mais bon, la perfection n'est point de notre monde, n'est-il pas !
Donc, ce Monsieur Phil est capable de certaines nervosités si, à l'écoute de Tristan, on ne lui a pas dit auparavant s'il s'agissait de la version de Boehm, de Knapperbusch ou de Solti.
Figurez vous les amis, que c'est totalement idem pour bibi. J'ai impérativement besoin de savoir que ce troisième de Rachmaninoff, c'est la fameuse version de Martha Argerich qui a pris ce jour là des risques insensés pour tout donner de ce concerto plus que redoutable. A mon humble avis, un bon riesling dégusté juste avant l'arrivée en scène, ça devait aider. Bon, je m'égare !
Et donc trois fois oui, on a besoin, dans tout le monde artistique, de connaître les signatures. Voir un Picasso signé et un autre non signé, ce n'est probablement pas la même chose pour l'amateur discriminant. Souvenez vous : Ajar, un nom inconnu qui a fait que tout le monde littéraire a fouillé partout pour trouver enfin que c'était Romain Gary ! On voulait, il fallait savoir !
Vous êtes fou de littérature. Vous lisez un texte sans nom. Vous cherchez très vite si c'est le style de Gide, de Voltaire, de Rimbaud, d'Apollinaire. Ne vous mentez pas : on a tous ressenti un petit frisson quand quelqu'un, qui nous lisait un poète sans dire son nom, et qu'on était capable, devant une assistance attentive, à crier Victor Hugo, Chateaubriand, Verlaine !
Et bien, imaginez laurentg s'écriant Lafite 59 (en oubliant de préciser qu'il l'a dégusté la veille). C'est-y pas un petit moment de gloire là ? Cela m'est arrivé 3 ou 4 fois dans ma vie d'amateur, et devant témoins. Que oui que les chevilles se gonflent un tantinet ! Même qu'une fois j'ai annoncer le cru et le millésime rien qu'au nez ! Un Haut-Brion en magnum 1952… que des amis m'avaient fait dégusté 2 jours auparavant, et ce vin était tellement marqué par son arôme entêtant de fumé que je ne prenais vraiment pas grand risque en lançant cela à la table. Et méchant comme je suis, j'ai attendu la fin du repas pour relativiser sérieusement mes compétences de dégustateur en avouant l'avoir bu 2 jours auparavant. Honte à moi !
Maintenant je passe très vite sur les innombrables gamelles où j'ai confondu Bordeaux et Bourgogne, Alsace et Loire et plein de honteusetés (©) du même calibre ! Là, on est dans le lourd !
Mais donc, toujours ce besoin, souvent un jeu, de trouver. Après tout, c'est ce qu'on fait très régulièrement dans les plus belles caves bourguignonnes. On va d'ailleurs remettre cela tantôt en mars.
Alors, ressent-on plus de plaisir à la vue de la signature ou est-ce une expression perverse de notre vanité personnelle ?
Même en solo, on est capable de cet orgueil assez médiocre, convenons-en !
Et, in fine, ne jamais oublier qu'avec la signature devant nous, qu'est ce qu'on peut radoter comme conneries supplémentaires, surtout quand les auditeurs, pas forcément à votre niveau de culture vineuse, boivent vos paroles comme du petit lait ! Petitesse : le mot qui convient parfaitement.
Bon : je retourne au verset 1 de l'Ecclésiaste…
DES IMAGES POUR FAIRE JOLI
J'aimerai que ce cru soit celui de mes dernières gorgées
Le vélo d'un vigneron dont j'ai perdu le nom
Sélection parfaite pour un dîner de vrais amis
Souvenir ibère d'un voyage avec le Grand Jacques
Preuve parfaite qu'il faut un Maître pour mieux apprécier un art
Le livre de chevet d'un grand comédien
Mon Maître, ès Brunello : Monsieur Soldera
J'aime… et ne peux dire pourquoi…