10 chansons… des voyages

Publié le 27 février 2013 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Je pars dans une semaine maintenant pour mon deuxième voyage en dehors du sol européen. Le premier, c’était il y a 23 ans, en août 1990. J’ai en effet eu l’immense bonheur d’aller en Polynésie française avec ma famille. Ce qui était frappant dans ce voyage, c’est que ma mère m’a exhorté à en rapporter des souvenirs précis et précieux. C’est ainsi que je me souviendrai toute ma vie du coucher de soleil sur Tetiaroa, des champs de bananes et d’ananas de Moorea, du sable noir sur les plages de Tahiti, des cascades à l’intérieur de l’île, des margouillas qui grimpaient le soir sur les murs de la chambre, des caramboles dans le jardin du Taoné…

Et puis je me suis mise à voyager, seule ou accompagnée, un peu partout sur le sol européen. Que ce soit en Allemagne, en Belgique, en Irlande, en Italie, aux Pays-Bas, en Croatie, en Suisse, en République tchèque, au Portugal, j’associe toujours mes souvenirs de voyage à des morceaux. C’est comme ça, vous me connaissez, en mode obsessionnelle. Ces morceaux sont parfois issus de mes playlists personnelles, mais aussi des chansons que j’ai découvertes sur place.

On y va ? C’est parti pour le décollage !

Manu Chao, Clandestino

Je ne sais pas pourquoi. L’album Clandestino est sorti en 1997, quand j’avais 14 ans, et il a accompagné tous mes voyages d’adolescente. Peut-être pour prendre conscience que je voyageais librement et sans contraintes d’un point à un autre – même avec ma mère –, ce qui n’était pas le cas de tout le monde. Peut-être aussi pour me dire que, de toute façon, au bout du voyage, mon retour à la maison était possible.  Vous allez rire, mais cet album, avec les vacances que j’ai passées avec ma mère, a formé ma philosophie du voyage : dans la mesure du possible, on part du jour au lendemain, on ne sait pas où on va, parfois on se contente d’aller à 50 kilomètres, mais on vit une aventure le plus vite possible.

Cesaria Evora, Sodade

*Dédicace à ma Ness de l’amour*. Autre chanson que j’emporte systématiquement quand je pars en voyage, le titre-phare de la carrière internationale de la Cap-Verdienne m’évoque à la fois la nostalgie d’un bord de plage quand je cuis dans mon bureau, mais aussi cette phrase de Charles Aznavour : Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil. Alors oui, la chanson raconte des moments pénibles, mais j’ai à chaque fois l’impression d’entendre la mer qui rythme la chanson que je chante quand je rêve en marchant sur la plage…

Mauruuru Ia Orana

Ma cousine de 6 ans (en 1990) que j’allais voir à Tahiti était en boucle sur cette chanson. C’était une chanson traditionnelle qui, apparemment, est apprise à l’école primaire par les enfants. Ce qui m’a davantage marqué que ma cousine dansant le tamure toute la journée est le passage en français au milieu : Ia’orana Polynésien, mets un sourire à ton accueil… Vous rigolez, mais après un mois à ce tarif, non seulement une dame a cru que ma mère m’avait adoptée à Tahiti (j’avais les cheveux noirs et épais jusqu’aux fesses et je n’ai jamais été aussi mate), mais ça ne me dérangeait pas d’appeler un chien Décembre (Titema) et un chat Crabe (Tupa). Et puis cette chanson, qui me poursuit depuis 23 ans…

DJ Ötzi feat. Anton, Anton aus Tirol

De tous mes voyages en Allemagne, c’est celui de l’été 2000 qui m’aura le plus marqué. Non seulement j’y allais pour travailler et percevoir un salaire, mais c’était la continuité d’un été de dingue avec les potes, le bac, les barbecues, les copines qui squattent dans mon grenier, mon inscription à la fac… Au voyage aller, j’y allais en bus avec mes potes allemands. Et à une trentaine de kilomètres de l’arrivée, le chauffeur passe cette chanson et ils se mettent tous en mode hystérique. Je n’ai pas compris pour le moment. Je n’ai pas compris non plus de l’entendre tout le mois que j’ai passé là-bas. Et surtout, je ne comprendrai jamais la fascination de mes cousins Germains d’une part pour le combo accordéon-basse-shirley-chanteur des montagnes :

(remarquez, on a bien ça en France aussi, hein)… mais d’autre part de massacrer le tout à coups de claviers et de boom-tsss-boom-tsss en mode Love Parade du pauvre. Ceci restera ma grande incompréhension de la culture allemande, avec la soupe du samedi munie de la saucisse parée de moutarde qui baigne dedans.

Red Hot Chili Pepper, Californication

Entendre ça le matin pour aller au taf, entendre ça le soir en soirée avec tes copines… L’Allemagne, en 2000, ça a été aussi le voyage où j’ai failli commettre des meurtres à force d’écouter cette chanson des milliers de fois. J’y ai même eu droit en revenant en France. Même au Geisler’s (un bar de dingue dans la forêt), on y avait droit. Et pourtant, Dieu sait si c’était l’endroit le plus cool du village où je vais régulièrement. Mais 13 ans après, quand je réécoute cette chanson, quand je n’ai pas mon cerveau qui bouillonne comme avec l’écoute de Supremacy de Muse, je considère cet été 2000 avec nostalgie.

The Fugees, Ready or not

Je voyageais pas mal quand j’étais ado. Je faisais du camping avec le centre de loisirs que gérait ma mère, c’était plutôt classe. Même si j’ai fait de sacrées frayeurs à mon entourage – au choix multiples chutes de vélo, risque de noyade en restant coincée sous un kayak… –, je rigolais bien avec mes copines. Et on écoutait beaucoup de cassettes : Foo Fighters, Bob Marley, Zebda et surtout The Fugees. Comme je disais à ma crevette récemment : C’est du rap, c’est pas Ilona Mitrecey.

Ry Cooder, Paris, Texas

La seule chanson qui me fait rêver d’espaces arides. Parce qu’honnêtement, les gens qui fantasment comme des dingues sur des treks au Sahara ou sur la traversée de la Route 66 suscitent la plus grande incompréhension de ma part. Mais la langueur du slide de Ry Cooder est juste la meilleure traduction en musique de ce que pourrait représenter la quête de l’absolu, de la petitesse et de l’humilité humaine face à l’immensité de la nature.

Eros Ramazzotti, Terra promessa

Mon pseudo le trahit : j’ai toujours été amoureuse de l’Italie. Depuis toute petite, depuis ma rencontre avec ma professeure de piano qui venait de Rimini. J’ai longtemps rêvé de pouvoir me faire un trip dans les ruines de l’empire romain, au point d’étudier le latin et de faire des études d’histoire. Alors quand j’ai accompagné ma mère à Rome, j’ai eu l’impression d’atteindre enfin la terre promise chantée par le divin Eros. Par la suite, j’ai aussi fait Milan et la Toscane, toujours avec ce même ravissement.

Vinicius de Moraes e Toquinho, Berimbau

Depuis l’acquisition de ma première guitare et quelques après-midis avec mon père, je rêve d’aller au Brésil. Mon père m’a en effet transmis son amour pour la bossa nova en même temps que sa guitare. Et à force d’écouter du samba durant mon adolescence, je me suis mise, une fois arrivée à Paris, à voyager par procuration avec mon orchestre qu’il est dingue…

… tellement dingue qu’il met du Brésil sous la neige parisienne. Mais un jour, j’irai me négocier ma cloche sur place, boire des caïpirinhas et de la Pitu, me trouver un orchestre et jouer jusqu’à ne plus sentir mon corps exister…

Tri Yann, Je m’en vas

Que ce soit en avion, en voiture ou en train, chaque déplacement autre que quotidien est une aventure pour moi. Même pour aller voir ma tante à 20 kms. Et puis, pour l’anecdote, je glisse effectivement du Tri Yann dans mes playlists de voyage pour ne pas oublier de rentrer chez moi une fois que je me serai bien émerveillée devant l’inconnu. Cela peut paraître bizarre, mais on dit toujours qu’un Breton quitte son pays pour mieux y revenir.

Les chansons que j’intègre dans mes playlists de voyage correspondent à la philosophie que j’y associe : ce sont des chansons qui parlent de liberté ou d’absence de liberté, de nostalgie, d’espoir d’un meilleur ailleurs… Car voyager, tel est mon destin.