WADJDA
Film de Haifaa Al-Mansour
Wadjda est donc une mouflette d’une douzaine d’années, une pré-ado en baskets n’ayant pas la langue dans sa poche. Elle s’oppose avec naïveté à la société machiste dans laquelle elle vit, sans comprendre pourquoi c’est une honte d’être une femme dans ce pays-là. Fuir devant les hommes, devoir se cacher, ne pas oser ce que font les hommes. Parmi ces actes typiquement masculins, il y a le vélo. Les filles n’y ont pas droit : c’est impudique et ça rend stérile. Or Wadjda est amie avec le jeune Abdallah, un minot de son âge ou un poil plus jeune, beau comme un cœur. Et Abdallah a un vélo, avec des rubans accrochés au guidon et qui volent dans le vent. Wadjda aimerait faire la course avec Abdallah. C’est son objectif, celui pour lequel elle est prête à tout.
Wadjda est un film sur l’enfance, sur une certaine forme d’insouciance. La gamine découvre à ses dépens qu’il n’est pas toujours bon de dire la vérité aux adultes. C’est aussi un film féministe, ce qui transparait nettement dans les relations qu’elle a avec sa mère, en particulier à la fin du film. Celle-ci est confrontée au quotidien à la brutalité légale des hommes, du chauffeur qui lui parle comme à un chien, à son mari qui convole en justes deuxièmes noces. C’est là toute la force de ce film : nous faire toucher du doigt la réalité de cette société ultra-religieuse, tout en nous faisant sourire et même rire (les scènes dans lesquelles Wadjda négocie pour acheter le vélo interdit ou pour se procurer la somme nécessaire sont à se tordre de rire).
Pour conclure, voici la bande-annonce du film :