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Discours de François Fillon de la Mutualité à Paris le 26 février 2013 (texte
intégral)
Mesdames et messieurs,
Mes chers amis,
Nous sommes donc à nouveau là !
Vous êtes très nombreux ce soir, et c’est un message lancé aux Français.
Contre le désenchantement et le découragement, vous êtes en résistance.
Mais qu’est-ce qui vous fait tenir ainsi, se demandent certains ?
Eh bien, vous êtes des militants de la France, et pour vous, l’amour du pays n’est pas une valeur qu’on négocie à la hausse ou à la baisse au gré des
circonstances.
Votre confiance et votre ténacité forcent le respect.
C’est pourquoi je vous dis qu’être parmi vous est bien plus qu’un plaisir, c’est un privilège.
Merci pour votre loyauté et votre amitié, merci à vous, élus de Paris et de toute la France qui se sont joints à nous.
Nous sommes réunis pour réagir ensemble.
Nous avons tout perdu : l’Elysée, le gouvernement, le Parlement, mais nous avons notre honneur et nos convictions.
L’échec fait partie de la vie, et la démocratie est là pour rappeler que la République n’appartient à personne. C’est nous qui lui appartenons, et notre vocation
est d’être toujours utile à notre pays.
Mes amis, comme vous, j’aime la France. Je l’aime de toutes mes fibres, et je l’ai servi durant cinq années.
J’ai vécu dans l’intensité des responsabilités gouvernementales, au point de me sentir parfois dépossédé d’une part de moi-même.
La politique peut vous broyer.
L’épopée du général de Gaulle, c’est elle qui avait fait de moi un militant … 35 ans plus tard, vous êtes à Matignon, dans votre bureau, face à votre
époque.
Les marges de manœuvre sont réduites à néant par la crise.
Vous réformez dans l’urgence, parfois sans lisibilité. Et le pays tape à votre porte pour qu’on l’aide et le protège.
Vous l’aidez, vous le protégez du mieux possible, mais vient le moment où vous dites «non». Et vous savez que ce « non » fera mal, qu’il sera incompris.
Mais ce «non», fait de vous un homme qui fait passer ses responsabilités avant ses intérêts.
Ce « non » vous transforme.
Je me souviens que lorsque j’ai parlé de «faillite», j’ai suscité une sacrée polémique et attiré les mêmes critiques que celles que j’entends aujourd’hui au regard
de ma stratégie.
Mais au fond de moi, j’étais soulagé d’avoir dit ma vérité.
Car c’est elle qui permet d’être cohérent avec soi-même et avec les Français.
Sans la vérité, les responsables politiques sont condamnés à subir cet écart dévastateur entre le temps de la conquête du pouvoir où tout peut être dit pour
s’attirer des suffrages, et le temps de l’exercice du pouvoir où tout ne peut être fait.
J’ai cherché à être fidèle à cette exigence de vérité.
Ce ne fut pas toujours facile, pas toujours possible, mais du moins, je ne crois pas avoir été atteint par le cynisme.
J’assume ce quinquennat.
Je l’assume avec ses réussites et ses revers.
Nous avons évité à notre pays le drame que vivent les grecs, les espagnols, les irlandais.
Nous avons préservé les chances de l’Euro.
Nous avons commencé à déverrouiller la société française.
Autonomie des universités, réforme des retraites, service minimum, défiscalisation des heures supplémentaires, réduction du nombre de fonctionnaires, lutte contre
l’insécurité: la France était tellement plus audacieuse du temps de Nicolas Sarkozy car Nicolas avait du courage, de la fougue, une vision.
Pour autant, nous pouvons avoir des regrets et il faut les méditer : celui de ne pas être allé suffisamment loin dans l’assouplissement du droit du travail qui
reste un obstacle mortel à l’embauche des jeunes; celui de ne pas avoir débarrassé la France de ses pesanteurs réglementaires; celui de ne pas avoir refondé le financement et le fonctionnement de
notre modèle social; celui de ne pas avoir défendu, comme il le fallait, l’idéal de la justice.
Nous avons perdu la bataille de la solidarité face à une gauche mensongère et perdu la bataille du bon sens face à une extrême-droite démagogique. La crise
économique a fait le reste, et nos lignes ont été enfoncées.
Je regarde lucidement le passé, je regarde ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, et je m’en sens pour partie comptable car je ne me défausse
pas.
Non, je ne regrette rien de ces années de service, de fidélité, d’abnégation.
Mais ce chemin étroit a pris fin.
Nos lauriers sont à terre. Il n’y a plus ni préséance, ni hiérarchie.
La défaite présidentielle et législative nous remet tous à notre place, et il faut nous réinventer, nous désaccoutumer du passé pour repartir sur de nouvelles
bases.
Ne cherchons pas d’excuses ou de sauveur suprême car en République ce sont les citoyens eux-mêmes qui se sauvent ou qui se perdent.
Nous devons tous refaire nos preuves, moi le premier.
Quant à notre parti, l’UMP, il doit lui aussi se repenser de fond en comble.
Dix ans de défaites aux élections locales se soldent par une impressionnante hémorragie en hommes et en talents, et laissent apparaître de plus en plus d’espaces
perdus sur la carte électorale.
Autrefois, les partis politiques étaient d’immenses chaudrons où se forgeaient les idées, les projets, les rêves d’action.
Ils reflétaient la société et la faisaient avancer.
Aujourd’hui tout se fait en vase clos.
Qui élabore les projets, les programmes ?
Qui reçoit les doléances des entrepreneurs, qui écoute les économistes, les philosophes, les chercheurs ?
Qui accueille et remotive les étudiants et les salariés ?
L’UMP est loin d’être la maison des Français qui se pressent dans le RER de 18 heures.
Ce qui se faisait autrefois à chantier ouvert, dans le chahut des salles de banquet et des tonitruants discours, se fabrique maintenant à quelques-uns, dans de
petits cercles, à partir d’expertises, de séquences et de communicants.
Dès lors, comment s’étonner de la fracture entre l’opinion et la politique ? Comment s’étonner que l’administration et les médias aient pris les rênes du débat
?
Pourtant, le déclin des partis politiques n’est pas inexorable !
Notre ambition doit être de donner aux Français une raison d’adhérer à notre mouvement qui est fait pour eux et pas pour lui, qui est fait pour porter des idées et
pas seulement acclamer ses leaders.
Pour réconcilier notre parti et le pays, nous partons de loin.
L’élection interne de novembre devait nous relancer, mais le processus démocratique a tourné au fiasco.
J’avais le choix : me taire ou me révolter.
Se taire, cela aurait été plus confortable pour moi et pour nous tous… Mais se taire, c’était accepter l’idée que la démocratie à l’UMP n’était qu’une façade.
Personne ne serait sorti grandi d’une telle capitulation morale.
Alors, je me suis battu pour rendre justice à nos adhérents et faire en sorte que ce qui s’est passé ne se reproduise plus jamais !
Je n’ai pas aimé ce combat qui nous a blessé, mais je l’ai mené pour nous tous. A présent, nous avons trouvé les moyens de sortir de cette crise douloureuse mais
salutaire pour notre formation politique qui va refonder ses statuts et instaurer des règles électorales transparentes et exemplaires.
Le pouvoir de choisir reviendra pleinement entre vos mains, afin que jamais plus les adhérents et les Français n’aient à douter de l’UMP.
Pour ma part, je redeviens un militant parmi les militants.
Dans la direction collégiale, je n’ai aucun poste et n’en réclame aucun.
Je suis libre !
Certains en ont profité pour me prédire une «traversée du désert», comme si l’enfer s’ouvrait sous mes pas du seul fait de s’éloigner de l’arène pour prendre un peu
de recul.
Le «désert», «l’enfer», «l’arène», la «guerre des chefs»… Pour faire le spectacle, les formules ne manquent jamais !
Je ne suis pas un novice en politique, mais que valent ces péripéties par rapport à cet homme qui s’immole devant Pôle Emploi; que valent nos fièvres partisanes par
rapport à l’angoisse des salariés dont l’entreprise ferme ses portes; que vaut cette comédie par rapport à nos soldats qui risquent leur vie en Afghanistan et au Mali; que valent nos polémiques
devant la sauvagerie de ceux qui n’hésitent plus à prendre des enfants en otages pour faire plier les démocraties devant l’obscurantisme ; que valent toutes ces bisbilles quand la seule cause qui
vaille est de sortir la France de sa dépression économique, sociale et civique.
L’actualité politique peut tourbillonner, moi, je n’ai pas changé.
Ce que je crois, c’est que les circonstances sont décisives.
La vieille Europe est en train de sortir des radars de l’Histoire.
Chaque soir, nous nous demandons de quoi sera fait demain. Et chaque matin, en Asie, en Inde, au Brésil, des centaines de millions d’hommes et de femmes se lèvent
en se disant que le progrès est à portée de leurs mains.
En Occident, nous ne savons même plus ce que ce terme signifie ! Pire que cela, l’idée même du progrès nous angoisse.
Je veux que nous retrouvions le goût de croire au progrès et de nous battre pour lui, et cette bataille exige plus de foi en nos atouts productifs, scientifiques,
technologiques. Plus de foi dans notre capacité, tant de fois vérifiée au cours des siècles, à surprendre le monde par notre indépendance de ton, par notre culture, notre ingéniosité, notre art
de vivre.
Notre premier ennemi est en nous: il est dans cette façon nocive de persifler notre propre pays, cette propension à douter de tout et de nous complaire dans la
discorde.
Il est aussi dans cette façon lâche d’éluder les faits les plus têtus.
Il aura fallu 25 ans pour réformer nos universités alors que tout le monde savait depuis longtemps que leur organisation était caduque ; 15 ans pour commencer à
réformer nos retraites malgré les rapports successifs qui tiraient le signal d’alarme.
Combien de temps faudra-il pour comprendre que la compétitivité est la mère de toutes les victoires ?
Combien de temps faudra-t-il pour réformer notre système social qui est à bout de souffle ?
Combien de temps faudra-t-il pour comprendre qu’une nation surendettée est une nation vulnérable ?
Combien de temps attendrons-nous pour responsabiliser nos concitoyens ?
Nous sommes l’un des pays au monde qui compte le plus de réglementations.
Chez nous, tout est encadré, calibré, surveillé : de la cueillette des champignons à l’extension de votre terrasse, des conditions d’embauche d’un jeune à la
surface des escaliers de secours, de l’organisation des taxis à la gestion du personnel d’une PME.
Cela, c’est la marque d’une société qui se défie de tout, et surtout d’elle-même ! Or, une République sans confiance est une République civiquement
faible.
Oui, mes Amis, combien d’années et combien d’illusions et de désillusions faudra-t-il pour comprendre que la France que nous aimons n’est pas éternelle
?
Ce que je crois, c’est que la situation est périlleuse.
Voilà dix mois que François Hollande est responsable de l’Etat.
Notre pays s’enfonce dans les marais de la récession sans qu'aucune décision forte n'intervienne pour organiser son sauvetage.
Alors que nous devrions accélérer sur l’investissement, sur la compétitivité et le désendettement, la France redevient championne d’Europe des impôts et des
dépenses publiques.
La gauche promettait monts et merveilles.
J’ai rencontré les délégués syndicaux de Petroplus…
Pour eux comme pour d’autres, rien n’est pire que ces faux espoirs qu’on fait miroiter, rien n’est pire que ces rodomontades et cette mielleuse empathie de gauche
qui masque l’hésitation des pouvoirs publics.
Mieux vaut la sincérité et l’action que la compassion et la communication !
La stratégie économique du gouvernement est mauvaise.
Le moteur de la consommation est noyé par l’augmentation des impôts.
Les socialistes préfèrent demander aux ménages et aux entreprises de payer la note des déficits plutôt que d’exiger de l’Etat qu’il se serre la ceinture.
On réembauche 65.000 fonctionnaires, on garantit à la fonction publique qu’elle n’aura plus de jour de carence en cas d’arrêt maladie, contrairement aux salariés du
privé…
Ce renoncement est plus qu’une faute financière, c’est une faute morale car nos agents publics ne doivent pas donner le sentiment d’être dispensés des efforts
fournis par tous les Français.
Je dénonce cette politique corporatiste qui accroit le fossé entre la France qui sert l’Etat et la France exposée qui sert notre économie.
Quant au moteur de l’investissement, il est paralysé par les récriminations incessantes contre les entrepreneurs et les investisseurs.
Le gouvernement stigmatise et surtaxe le capital mais supplie les investisseurs étrangers de venir sauver nos entreprises malades.
Voilà la contradiction du socialisme: d’un côté, la démagogie fiscale dans l’hexagone, de l’autre la course aux financements extérieurs.
Il est vrai qu’on vient de créer une Banque Publique d’Investissement.
Mais c’est aussitôt pour en confier la direction à la promotion Voltaire.
« Moi Président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit exemplaire ! »
Je ne savais pas Madame Royal si experte des circuits financiers…
Vous aimez Voltaire ?
Vous feriez bien, car on nous prend pour Candide.
Contrairement à ce qui est dit, la croissance n'est pas au coin de la rue, et la France est la seule des grandes économies européennes dont le décrochage
s'accroît.
Nous sommes enfermés dans une spirale déflationniste marquée par la baisse cumulative de l'activité et de l'investissement, de l'emploi et des revenus.
L'engrenage de la paupérisation s’accélère et notre PIB recule alors qu’il est en hausse aux États-Unis et en Allemagne.
Ni la faiblesse de la croissance, ni l'effondrement des marges des entreprises, ni la désindustrialisation, ne datent de l'élection de François Hollande…
Mais sa responsabilité est entière dans l’affaiblissement de notre appareil de production.
Il aura suffi de 6 mois pour pulvériser les hypothèses de croissance que le gouvernement avait érigées en objectifs centraux de son action.
Le taux de croissance sera proche de 0 et le déficit de 3,7%.
On appréciera au passage la nouvelle cacophonie gouvernementale, avec Fabius qui ouvre le bal en livrant son pronostic sur le taux de croissance, Moscovici qui voit
passer les balles, et Ayrault et Hollande qui pédalent.
C'est grave pour notre crédibilité économique, mais sur le terrain politique ça l’est aussi.
François Hollande s’était engagé à réduire le déficit. «Moi président», 3% en 2013 !
Un engagement de campagne de plus aux oubliettes !
Le cimetière des promesses électorales non tenues s'étend chaque jour. Bientôt, il n’y aura plus assez de sapins.
Fallait-il prendre des engagements de réduction des déficits pour avouer aujourd'hui qu'on continue à vivre à crédit ?
Fallait-il promettre de renégocier le Traité européen pour le ratifier aussitôt ?
Fallait-il parler de réduction des dépenses pour finir par admettre qu'on ne sait qu'augmenter les impôts ?
Fallait-il se boucher le nez devant la TVA compétitivité que nous avions mise en place pour annoncer une "réforme des taux" qui ne trompe personne ?
Fallait-il se poser en pourfendeur des banques pour présenter aujourd’hui une petite loi bancaire sans conséquences ?
Fallait-il aller plastronner devant les usines menacées de fermeture pour devenir le président des plans sociaux ? Fallait-il garantir aux Français que le chômage
allait bientôt se stabiliser pour devenir le Président du record absolu du nombre des demandeurs d’emploi ?
Fallait-il se poser en champion de la croissance en Europe pour accepter à Bruxelles un budget dicté par les réalités ?
Mais qui va encore croire ce gouvernement ?
Sur la scène internationale, notamment en Europe, plus personne ne semble se préoccuper de ce qu’il dit.
Pourquoi ?
Parce que sa politique n’est exemplaire en rien : plus d’impôts, plus de dépenses publiques et pas de réformes structurelles… qui voulez-vous que ça impressionne
?
Le Président de la République ne comprend pas que l’Etat providence dont nous avons hérités des Trente glorieuses est à bout de souffle.
Nous l’avons maintenu sous perfusion en accroissant l’endettement; on l’a même surchargé de nouvelles responsabilités.
Les recettes nécessaires à son entretien n’existent plus, ou alors elles risquent d’engloutir l’essentiel de la croissance. Et la ponction finira de nous achever
tous.
Cette vérité, le pouvoir actuel ne veut pas la regarder en face.
Du coup, le gouvernement nous rejoue en permanence « le Salaire de la Peur » : on conduit le pays comme on conduit un camion bourré d’explosif au bord des
précipices.
A la moindre défaillance tout peut basculer, et la France se retrouver au banc des nations défaites, sommée d’accepter la potion amère que d’autres entreprendront
de lui faire avaler sous la contrainte de Wall Street ou des investisseurs chinois.
Pour ses alliés, la France devrait faire partie de la solution, non du problème. Elle devrait être entraînante. Or elle se retrouve isolée.
Parmi les nations développées, elle est seule à poursuivre l'augmentation de ses coûts de production.
Seule à abaisser l'âge de la retraite quand tous les autres l'ont porté entre 65 et 69 ans.
Seule à surtaxer le capital.
Seule à refuser de réformer l’Etat.
Seule avec ses 35 heures.
Ainsi va la petite France de M. Hollande avec ses petites blagues et ses petites gesticulations, sans ambition, sans audace, sans cap… Normale !
Evidemment, la «normalitude» ne fait pas bon ménage avec l’exactitude allemande.
Le couple franco-allemand connaît la plus grave crise de ces trente dernières années.
L’anniversaire du traité de l’Elysée a révélé l’absence totale de volonté commune pour imposer un pilotage serré de la zone euro et imaginer une stratégie
économique concertée.
La décision de David Cameron d’organiser un référendum sur l’appartenance de la Grande Bretagne à l’Union Européenne n’a fait l’objet d’aucune réaction commune de
la France et de l’Allemagne.
En cherchant à isoler Angela Merkel dans le débat sur le Budget de l’Union, François Hollande a réussi l’exploit de permettre au Royaume Uni, pour la première fois
dans l’histoire de l’Union Européenne, de dicter ses conditions.
François Hollande juge l’Allemagne à l’aune de la couleur politique de la Chancelière. C’est une faute car le pacte franco-allemand n’a jamais été un pacte
partisan, c’est un pacte historique !
La récession nous guette, l’Europe stagne, et sur le plan intérieur, la France se déchire sur la question du mariage.
Derrière ce mariage pour tous que nous combattons au nom d’une tradition qui n’est pas démodée et qui protège la filiation, je vois poindre une vision de la société
à laquelle j’oppose ma conception de la République.
Je veux parler de cette société où l’extension des droits l’emporte sur toute autre considération.
Le gouvernement nous parle du droit au mariage pour tous, du droit de vote des étrangers non communautaires, du droit de pouvoir se droguer dans des conditions
dignes, du droit des prisonniers à pouvoir bénéficier de peines de substitution, et voici à présent qu’on évoque un droit à mourir en fin de vie.
Je ne veux pas caricaturer tous ces sujets qui sont sensibles et sur lesquels aucune réflexion n’est en soi illégitime.
Mais je pose une question : à quand un projet de loi où figure le mot «devoir» ?
Il y a une dérive inquiétante à voir un gouvernement se pencher sur les attentes de chacun sans jamais s’interroger sur l’unité de la nation.
Pour moi, l’intérêt général n’est pas la somme de toutes les requêtes ! Il est un axe autour duquel nous devons tous faire l’effort de nous adapter et de nous
fédérer.
La France est déjà suffisamment émiettée et déboussolée comme cela pour ne pas attribuer à chacun le goût de se retrancher sur lui-même.
Je m’oppose à cette vision communautarisée, parcellisée, ghettoïsée de la vie française.
Je m’oppose à cette citoyenneté à géométrie variable.
Dans un monde de 7 milliards d’habitants, tout notre objectif doit être au contraire de solidifier nos repères communs.
Les 65 millions de Français ne doivent pas être encouragés à dire «et moi et moi et moi», mais entrainés à dire « et nous» !
«Nous plutôt que moi !», «tous ensemble plutôt que chacun pour soi !» : cela, c’est le cœur de la rupture culturelle que je voudrais enclencher avec
vous.
Le présent et l’avenir de notre pays m’alarment.
La France doit être plus compétitive pour échapper à la récession.
La France doit être rigoureuse pour libérer ses enfants du poids de la dette.
La France doit être réformée pour échapper à l’emprise du chômage de masse.
La France doit être plus innovante pour se forger un avenir industriel.
La France doit être plus européenne pour répondre à la mondialisation.
Nous sommes sur la pente du déclin, et je n’accuse pas François Hollande d’en être le seul responsable, je ne l’accuse même pas d’être socialiste, je l’accuse
d’être à côté de l’urgence !
Que sera la France dans 4 ans ?
Si rien n’est fait, nous subirons une chute brutale du niveau de vie qui peut déboucher sur une conflagration civile qui peut mettre en péril notre pacte
républicain.
Face à ce risque, face à un pouvoir impuissant, face à la montée du populisme et des extrémistes qui rêvent de rééditer le coup du 21 avril 2002, la reconstruction
de la droite républicaine, unie et populaire, n'est plus une question partisane, elle relève de l'intérêt national !
Le devoir de l’opposition est de se préparer et de préparer la France à se relever.
Cela ne se fera pas avec des petits ajustements.
L’heure n’est pas au programme clé en main, mais je sais les nœuds que nous devrons trancher pour relancer notre pays.
D’abord, trancher le nœud qui nous fait hésiter entre le choix d’assumer la mondialisation et la tentation de la rejeter.
Notre ambiguïté nous démotive et nous trompe !
Il faut s’organiser pour être une puissance internationale, sinon nous subirons les coups qui sont réservés aux puissances régionales.
Etre une puissance internationale, c’est choisir l’Europe. Et la choisir vraiment ! En l’utilisant comme un levier décisif pour le rayonnement de la
France.
Trop souvent, nous voyons l’Europe comme un mal nécessaire alors qu’elle est notre protection et notre tremplin dans le monde.
Trop souvent, nous la ressentons comme une mécanique, alors qu’elle est une civilisation millénaire.
L’Europe a besoin d’une vision, et la France a besoin d’un dessein stratégique.
Quels pourraient être nos objectifs ?
D’abord créer avec l’Allemagne un noyau dur politique.
Il faut – je pèse mes mots- une forme de confédération entre nos deux patries qui doit nous amener à créer un espace le plus homogène possible, en matière
économique, fiscale et sociale.
Autour du cœur franco-allemand, la zone euro doit être dotée d’un gouvernement économique digne de ce nom qui fixe les buts communs, les calendriers et qui s’assure
de leur respect par tous.
L’Europe à 27 doit quant à elle poursuivre son chemin sur la voie d’un marché unique aussi efficace que possible.
Et au-delà de cette Europe à 27, je crois à l’intuition du Général de Gaulle.
Il conviendrait de bâtir les structures d’une Europe continentale avec l’appui de deux Etats qui joueront un rôle crucial dans les prochaines décennies: je veux
parler de la Russie et de la Turquie.
La première, la Russie, est soumise directement à la pression de la Chine et elle ne peut pas, un jour ou l’autre, ne pas s’interroger sur son destin
européen.
La seconde, la Turquie, est à la frontière de toutes les tensions qui agitent le Proche et le Moyen Orient.
Elle ne peut pas, elle aussi et nous aussi, ne pas réfléchir à une association continentale.
En disant tout ceci, je mesure les débats et les crispations que je peux faire naître.
L’euroscepticisme et le repli sur nous mêmes sont tellement dans l’air du temps, mais l’air du temps ne fait pas l’Histoire. Il la subit
!
Mes amis, il est également nécessaire de trancher le nœud qui nous fait hésiter entre la productivité nationale et la protection de nos acquis.
Ceux qui vous disent qu’on peut tout conserver en l’état sans faire de choix vous trompent.
Si la croissance et l’emploi sont véritablement notre objectif absolu, alors assumons des changements de fond.
Il faudra décentraliser le dialogue social et sortir des 35 heures pour aller vers les 39 heures, en modulant le temps de travail pour tenir comptes des réalités
économiques et des aspirations sociales.
Il faudra repenser notre fiscalité : celle qui pèse sur le travail, mais aussi celle qui pèse sur les ménages. Il faut d’un côté alléger le cout du travail et de
l’autre élargir les bases fiscales et les simplifier.
Nous devrons nous réconcilier avec le capital et l’investissement, et cela ne se fera pas sans une double ambition: celle de respecter ceux qui créent des richesses
et celle d’élargir les voies d’un capitalisme populaire.
Nous devrons réformer radicalement la formation professionnelle en brisant les clivages et les chapelles qui gèrent le système.
Les règles qui régissent les professions réglementées devront être réformées car c’est toute une partie de notre activité nationale qui est bridée.
Universités et recherche: une nouvelle étape de leur autonomie devra être enclenchée, et elle devra assurer un lien quasi organique avec le monde économique qui a
besoin de s’appuyer de façon concrète sur des qualifications intellectuelles et professionnelles.
Quant à l’Ecole, elle devra être la priorité de notre projet de redressement national.
Le pitoyable feuilleton des rythmes scolaires dont chaque épisode nous éloigne un peu plus de la «refondation» promise par François Hollande, est le concentré de
tous les maux qui accablent l’école de la République.
Quelle autre école dans le monde vit au rythme des foucades d’un ministre qui affectent 12 millions d’élèves et leurs familles ?
Ce n’est pas de centralisme démocratique dont l’école a besoin mais d’autonomie et de liberté.
L’urgence n’est pas de créer des zones pour les vacances d’été mais de recentrer l’école sur les savoirs fondamentaux, sur l’apprentissage du respect des autres et
de l’autorité, l’ouvrir sur le monde du travail, la placer au cœur de la République.
Mes amis,
Rien de tout cela ne sera possible, si le nœud des déficits publics et sociaux n’est pas tranché.
Cette schizophrénie nationale qui nous conduit à ne plus supporter les impôts mais à demander toujours plus à l’Etat et à la solidarité sociale ne doit plus
durer.
Arrêtons de croire qu’il y a des trésors cachés que l’on peut débusquer pour rester une nation fraternelle.
La remise sous contrôle de nos finances publiques est impossible sans une profonde refonte de l'Etat-providence dont les dépenses atteignent 33% du PIB, soit près
de 600 milliards d'euros, tandis que la dette sociale s'élève à 200 milliards d'euros et se creuse année après année.
L’Etat doit dépenser moins, et il ne doit pas hésiter à dire ce qui est prioritaire et ce qu’il ne l’est pas.
Il doit réduire ses effectifs et revoir ses structures.
Parmi elles, il y a le mille feuille de la décentralisation.
En dix ans, nos collectivités locales ont embauché 350.000 fonctionnaires supplémentaires et la redondance de leurs politiques s’est accrue.
Ni l’efficacité territoriale, ni la maîtrise des dépenses publiques, ni la démocratie locale ne sortent grandies par notre absence de choix.
Nous n’échapperons pas éternellement à la fusion des régions et des départements et à celle des communes et des communautés.
Quant à nos comptes sociaux, ils sont en pleine dérive.
Notre réforme des retraites a permis d’éviter le crash financier de notre régime par répartition. Mais l’âge de départ à la retraite doit être relevé à 65 ans, en
revoyant de fond en comble le travail des seniors qui doit être adapté à leurs capacités et leurs expériences.
Il faut engager un travail d'évaluation des dispositifs d'aide qui se sont superposés, à l'exemple du Revenu de solidarité active qui s'ajoute à l'impôt négatif
institué par la prime pour l'emploi.
L’assurance chômage est menacée d’effondrement.
Qu’on le veuille ou non, la question de la dégressivité des allocations est posée.
Et puis, il faut trancher le nœud qui enserre notre civisme et nos responsabilités.
L’Etat ne peut pas tout faire et la République ne peut pas tout prendre à sa charge.
Il est temps que les citoyens prennent en partie le relais.
La sécurité pour tous et partout n’est pas négociable. La guerre à la délinquance et à l’impunité relève de la puissance publique.
Pas de faiblesse ! Pas de démagogie ! Un voyou est un voyou avant d’être une victime de la société.
Mais la police, la gendarmerie, la justice ne peuvent pas tout.
La sécurité, c’est aussi nous !
Pour moi, l’insécurité commence quand dans le métro un voyou agresse un voyageur et que chacun détourne les yeux.
Il en est de même pour l’instruction de nos enfants.
Avant de tout exiger de l’Ecole, bien des familles feraient mieux de ne pas détourner leurs yeux de l’éducation de leurs propres enfants.
Sur l’essentiel, l’Etat et ses services publics répondent naturellement présent !
Mais je voudrais convaincre les Français que tout ne peut pas venir d’en haut, surtout dans une période difficile comme la nôtre.
Depuis trente ans, nous avons augmenté la dépense publique souvent sans progrès décisif.
Pourquoi ?
Parce que nous oublions qu’une part de la solution dépend de chacun de nous, de notre éthique, de notre conscience morale et civique.
Nous devons donc refonder la société républicaine en commençant par le début, et je dirais par l’essentiel, l’esprit citoyen.
Enfin, il y a ce nœud qui étrangle l’unité française.
Il y a des moments en France, et il y a des lieux en France, où le sentiment d’appartenir à la même nation est complètement oublié et même
méprisé.
La faute est partagée.
Partagée par ceux des Français qui n’ont que faire de leur pays au lieu de le respecter comme tout citoyen loyal et responsable.
Mais elle est aussi le fait d’une immigration qui a été trop longtemps incontrôlée et qui n’a pas toujours su ou voulu s’approprier l’identité de la
France.
Du coup, trop de nos concitoyens ont le sentiment de ne plus se sentir chez eux et bien des étrangers ne se sentent pas Français.
Il faut être clair !
L’immigration doit être réduite à son strict minimum en fonction de nos capacités d’accueil et de nos besoins économiques car il n’y a aucune générosité à laisser
entrer des étrangers qui sont condamnés à la pauvreté et au déracinement.
Le mot assimilation – c’est-à-dire le goût et le devoir de devenir un Français comme tous les autres – doit être préféré à celui d’intégration qui n’est qu’une
formule déguisée pour éluder le défi qui est devant nous, qui est d’unir la nation française.
Filtrer nos frontières, casser les ghettos et rénover les cités qui sont devenues des cocottes minutes, imaginer pour nos banlieues des incitations puissantes à la
création d’entreprises, exiger de l’Islam comme de toutes les religions qu’il distingue la foi et la politique, tout cela est nécessaire mais ne servira à rien si nous ne redonnons pas à la
France le patriotisme qu’elle mérite !
Le patriotisme est la seule façon de transcender nos origines, nos races, nos religions.
La droite républicaine est parfaitement dans son rôle lorsqu’elle défend l’histoire et les valeurs du drapeau tricolore qui appartient à tous ceux qui
l’aiment.
Elle est parfaitement dans son rôle lorsqu’elle met en avant l’extraordinaire génie de notre pays qui a bâti des cathédrales, qui a inspiré l’Europe au siècle des
Lumières, qui a porté sur les barricades de Paris et du monde l’étendard des droits de l’homme, qui a brillé et qui continue de briller dans les arts, les sciences et les technologies, qui oppose
aux terroristes et aux tyrans sa force morale et militaire.
Nous devons trancher le nœud du populisme qui confond patriotisme et nationalisme.
Une large partie de l’Europe est traversée par un vent de démagogie et de xénophobie.
Contre la mondialisation, contre l’euro, contre les financiers, contre l’étranger… les voix de la radicalité sont différentes, mais toutes ont pour caractéristique
d’improviser des réponses binaires qui n’en sont pas.
De l’extrême droite à l’extrême gauche, ce ne sont que des appels au protectionnisme, à l’exacerbation nationale, à la revanche sociale. Comme si la France pouvait
trouver son salut dans le repli et la colère.
Etre populaire sans être populiste, c’est le défi des républicains que nous sommes !
Mes Amis,
Tous ces nœuds qu’il faut trancher et toutes ces mesures que je viens d’évoquer sont difficiles à entendre, elles seront difficiles à faire accepter et à
mettre en œuvre car elles remettent en cause nos acquis, nous placent en situation de responsabilité et d’effort.
Je ne doute pas que le cortège des conservateurs et des prestidigitateurs ne manquera pas de dire que tout cela peut être évité.
Les complices du déclin sont subtiles, et ils savent détourner notre instinct de survie…
Peut-on les affronter en disant la vérité ?
Peut-on vaincre en allant à l’encontre de nos habitudes et de nos conforts ?
Peut-on battre la gauche, non par défaut, non par le biais des promesses intenables mais en voulant tirer la France vers le haut?
Les experts et les sondages vous diront que non.
Ils vous diront que la démocratie est ainsi faite que l’art de flatter et d’adoucir les esprits est le plus sûr moyen d’être élu; et en la matière, les socialistes
sont passés maîtres.
On vous dira «non», et moi je dis «oui» !
Oui, nous pouvons faire partager à notre pays l’idée du redressement national, et il faut commencer maintenant !
Bâtir un projet pour relancer la France, construire une dynamique gagnante capable de rassembler les Français et de leur faire partager la volonté de se dépasser,
c’est le défi qui m’obsède, c’est le défi que je porte en moi et pour lequel je suis déterminé.
C’est le défi que je me lance et que je vous lance !
Cette entreprise ne se fera pas en quelques mois, à la fin du quinquennat.
Il faudra du temps pour retrouver notre crédibilité, pour faire mûrir les esprits, pour enraciner nos convictions dans le cœur de chacun et pour changer la France
de l’intérieur.
Je parle de la changer de l’intérieur, car on ne redressera pas notre pays du sommet et seulement avec l’UMP.
Nous devrons fédérer toutes les forces du pays.
Je veux aller vers la jeunesse qui se détourne de la politique, mais qui ne demande qu’à y croire.
Je veux soutenir les entrepreneurs pour les encourager.
Je veux redonner confiance aux agriculteurs et au monde rural qui ne sont pas les derniers vestiges d’une France disparue.
Je veux convaincre les ouvriers que la compétitivité est l’alliée de leur industrie.
Je veux débattre avec les syndicalistes pour régénérer le dialogue social.
Je veux nous réconcilier avec les intellectuels pour revigorer le débat politique.
Je veux réveiller la vocation des fonctionnaires qui servent l’Etat et le bien public.
Je veux être aux côtés des familles qui sont le creuset de la France qui veut de l’éducation, de l’autorité, du travail pour ses enfants.
Je veux que nous investissions ces zones périurbaines où les classes moyennes, de moins en moins en moyennes, se sont réfugiées en silence.
Je veux que nous réinvestissions les banlieues qui sont cadenassées par les bandes et les intégristes.
Dans nos cités, il existe des citoyens courageux qui en appellent à plus de République, plus d’instruction, plus de fermeté !
Ils ne votent pas Taubira !
A nous de les convaincre que nous sommes là: intraitables sur la sécurité, inflexibles sur l’unité nationale et la laïcité, décidés à ouvrir les portes aux
initiatives.
Je veux aller vers les abstentionnistes qui sont le premier parti de France.
Vers les électeurs modérés qui nous ont lâchés. Vers les électeurs du Front national qui pensent que la France est fichue. Vers les électeurs socialistes qui se
mordent les doigts.
Je veux percuter les lignes partisanes; je veux écouter et débattre, convaincre et rassembler.
Je veux le faire sur nos valeurs, sans chercher à copier la gauche pour nous donner bonne conscience, sans chercher à dupliquer l’extrême-droite car on ne
rassemblera pas la France avec des tactiques mais autour d’un projet solide et longuement muri.
C’est à ce travail que je veux me consacrer.
J’ai un fils qui a onze ans.
Quel avenir puis-je lui promettre ?
Cette question, je la porte en moi lorsque je regarde la France.
Je souhaiterais qu’il grandisse dans un pays enfin débarrassé de la hantise du déclin.
Un pays audacieux, qui se réforme pour conserver la maîtrise de sa souveraineté.
Un pays à la fois moderne et respectueux de toutes ses traditions qui nous rappellent que notre histoire est profonde.
Un pays où le dépassement de soi est encore possible. Où le goût de la liberté est plus fort que la peur de l’échec.
J’aimerais qu’il vive dans une France fraternelle, où les individus sont jugés sur leurs mérites et leur civisme et non sur leurs origines, leur puissance ou leur
fortune d’un jour.
Je souhaiterais qu’il soit porté par les lumières de la culture et de la raison et qu’il échappe aux superficialités et aux brutalités de son époque.
J’aimerais qu’il se sente ébloui par nos paysages, et qu’il se souvienne des sentiers que nous empruntions ensemble le long de la Vègre.
Je souhaiterais qu’il soit fier de son pays et fier d’être citoyen d’une Europe brillante et protectrice.
Si je poursuis mon itinéraire politique, c’est pour tout cela, et c’est pour une certaine idée de la France à laquelle je crois et pour laquelle je veux me
battre.
En 2016, il y aura des primaires ouvertes à l’UMP pour désigner votre candidat à l’élection présidentielle.
C’est encore loin, mais comment ne pas avoir ce rendez-vous en tête ?
Personne ne peut prétendre devenir l’homme de la nation. Cela ne se décrète pas !
C’est l’aboutissement d’un engagement qui n’a de sens que s’il est porté par un projet.
C’est un chemin exigeant et c’est un travail de tous les jours qui nécessite de nouer avec les Français une relation de confiance.
Si on veut servir son pays, si on veut le convaincre que votre démarche est intègre, on ne doit pas monter dans tous les trains qui partent.
Je sais que les Français ne supportent plus de voir les responsables politiques cumuler tous les combats, viser toutes les fonctions, courir après tous les
postes.
C’est pour cette raison là que je vous dis avec franchise et amitié, que je ne veux pas être candidat à la mairie de Paris.
Ca n’est ni la peur d’affronter le suffrage, ni la crainte d’attaquer le bilan de M. Delanoë qui me conduise à ce choix.
C’est tout simplement qu’on ne peut pas tout faire, sauf à mentir, ce que je ne veux pas.
Etre candidat à la mairie de Paris, c’est s’engager auprès des électeurs à être maire de Paris et rien d’autre.
Or je veux essayer de servir mon pays et pas uniquement Paris.
Cette franchise, je la dois aux Parisiens et à tous mes amis de la capitale.
D’autres que moi auraient certainement joué sur tous les tableaux comme si c’étaient des tableaux de chasse.
Je ne crois plus à cette façon de faire de la politique.
Je serai à vos côtés pour gagner les municipales mais pas à votre tête.
J’irai partout où nos candidats parisiens me solliciteront, et partout en France où il faudra défendre nos couleurs dans ces élections
municipales.
Sachez-le et mettez cela dans votre âme de combattant: à Paris, je crois à nos chances de victoire parce que la gestion actuelle de la ville est
poussiéreuse.
Paris vit avec de tout petits rêves.
La ville n’est plus, ni populaire, ni dynamique. Quant aux classes moyennes, elles ont été les oubliées de la gestion socialiste.
On a embouteillé l’activité et la vie des familles. Les touristes flânent pendant que les Parisiens sont à la peine.
La capitale est barricadée, congestionnée, fossilisée, et l’espoir du Grand Paris est en train de couler.
Paris mérite une autre politique, une autre équipe.
J’ai choisi de soutenir la candidature de Nathalie Kosciusko-Morizet, parce que c’est une femme innovante qui a la volonté d’apporter des réponses aux questions qui
se posent à Paris.
Maintenant, mes amis, je vais me consacrer pleinement à la tâche que je me suis assigné.
Je vais engager un tour de France, et j’entends nous donner les moyens de créer une dynamique collective.
France.9, l’association qui m’a soutenu dans tous mes combats devient « Force Républicaine » car c’est bien l’énergie de la République qui rassemblera et soulèvera
la France.
Ses équipes vont être élargies, notamment aux parlementaires, élus et militants qui sont engagés depuis plusieurs mois à mes côtés.
Et à ce titre, je veux les saluer avec amitié, avec reconnaissance, et avec la certitude que notre aventure ne fait que commencer.
Notre organisation va être décentralisée: dans chaque département, Force Républicaine aura son antenne locale.
Ses objectifs vont être revus : il s’agit d’attirer tous les Français qui ne se reconnaissent pas dans les structures actuelles et qui veulent contribuer à
redresser le pays.
Au côté de l’UMP et pour l’UMP, j’entends ainsi ouvrir nos capacités d’attirer d’autres citoyens qui cherchent de nouvelles raisons de s’engager.
D’ici 2017, nous devons rassembler des milliers d’adhérents de toutes professions, de toutes sensibilités, qui seront autant de relais capables de prendre leurs
responsabilités pour la France, capables d’aller au contact de nos compatriotes pour défendre un projet et des valeurs, capables de créer des synergies partout où règnent les
divisions.
Je veux que ces militants se sentent dépositaires d’une mission personnelle qui est de transmettre au pays leur foi et leur volonté.
Il faut que la vague du redressement national vienne des Français eux-mêmes, et ce sera le rôle de ces militants d’en être les aiguillons.
La politique est souvent à l’image du pays.
Lorsque les Français exigent la vérité, la vérité s’impose.
Lorsque les Français exigent les réformes, on arrête les réformettes
Lorsque le peuple est courageux, les politiques le deviennent.
C’est donc à nous tous de prendre en main la France car la France aura le destin pour lequel vous êtes prêts à vous battre.
Nous avons trois années pour réussir.
Mes amis, serai-je prêt le moment venu, et les Français seront-ils au rendez-vous?
Aujourd’hui, je ne le sais pas. Mais je me lance, et je vous demande à vous, qui m’avez si souvent témoigné votre confiance: êtes-vous prêts ?
Etes-vous prêts à marcher, à mes côtés, sur le chemin du rassemblement et de la reconquête ?
Etes-vous prêts à traverser les doutes, les attaques, les vents contraires ?
Etes-vous prêts à tenter cette aventure ?
Si vous l’êtes, alors nous irons au-devant de toutes les forces françaises, et nous les réveillerons, nous les entrainerons, et vous verrez qu’elles nous porteront
au-delà de nos propres espérances.
Nous serons alors, tous ensemble, la République en action qui s’engage pour la France !
Vive la France et vive la République.
François Fillon, Paris le 26 février 2013