Dans le cadre d’une recherche pour mon cours de graphisme, j’ai décidé de creuser pour assouvir ma curiosité sur ce courant artistique. En voici un court résumé:
Extrait de mon travail de recherche
« Né à la fin des années 60, le Land Art est une tendance de l’art contemporain qui utilise le cadre et les matériaux de la nature. Les œuvres sont à l’extérieur, exposées aux éléments et soumises à l’érosion naturelle.
Avec le Land Art, la nature n’est plus simplement représentée mais c’est au cœur d’elle-même que les créateurs travaillent. L’œuvre n’est plus une valeur marchande mais bien une véritable expérience liée au monde réel. On assiste donc à une dématérialisation de l’œuvre d’art. Les artistes recherchent des sensations nouvelles dans la conception et la réalisation de l’œuvre. Quant au spectateur, il doit main- tenant poser un regard différent sur cette création. En effet, la notion d’échelle, souvent gigantesque, entraîne le corps dans un rapport assez particulier avec l’œuvre qui est nommé « flottement existentiel ». Le spectateur perd ses repères et sa perception de l’espace est chamboulée. Il participe activement en entrant, parcourant et découvrant l’œuvre de l’intérieur. Cette dernière n’est plus simplement un objet de consommation à voir facilement mais elle doit se mériter.
Durant les années 60, le monde de la création artistique est un champ de bataille. On voit exploser la réaction postmoderne. Les artistes s’interrogent dans une certaine confusion sur leur mode d’expression. Le principal mot d’ordre est de briser les cadres où les enfermait le modernisme et transgresser les frontières entre les différents arts. La plupart des artistes rejettent alors le concept traditionnel d’œuvre d’art en tant qu’objet esthétique et font donc des tentatives pour échapper au musée, à la galerie et à la notion traditionnelle des expositions.
Les concepteurs travaillent donc dans des lieux éloignés des centres urbains comme les déserts. Les œuvres s’articulent toutes autour de la notion de terrain. Ils partagent la conviction qu’on peut exprimer des gestes sculpturaux en dehors de l’institution, dans le monde extérieur, modifiés par la situation variable et organique. Tous ont développé, au travers de leur engagement artistique varié, une pensée subtile de l’espace, de l’étendue, de la limite et du paysage… On joue avec la masse, la tension, l’élévation, les lois de la pesanteur qui s’apparentent à l’architecture. La terre devient un socle de sculpture, la sculpture elle-même et le matériau de conception. L’homme désire dans ce cheminement artistique, laisser une trace de son passage sur terre. Il veut créer des liens avec son environnement et trouver sa place dans l’espace.
Toujours liées à un site particulier, ces œuvres ne peuvent être déplacées et par conséquent, elles sont éphémères et périssables. Dépendantes des caprices de dame nature, on conclut donc à un renoncement d’un contrôle absolu sur l’œuvre. La nature l’achèvera selon ses propres règles et mouvements.
Bien que peu d’œuvres constituent physiquement aujourd’hui la mémoire de ce mouvement, on conserve aujourd’hui des photos, films, dessins et témoignages, plans et cartes. Ces supports artificiels nous aident à les fixer dans notre souvenir collectif. »
Quelques oeuvres emblématiques
Sur la première photo, il s’agit des tunnels solaires de Nancy Holt (1973-1976).
Quatre tunnels de béton de 6 m de long et 2,5 m de haut sont posés sur le sol du désert en X ouvert, alignés sur l’axe du lever et du coucher du soleil ou de la lune. Des trous ont été creusés à la surface des tunnels de manière à former des constellations. L’installation est placée dans un paysage immense qui change selon les cycles solaires et lunaires.
Sur la deuxième photo, il s’agit de Spiral Jetty de Robert Smithson (1970)
Longue jetée en forme de spirale de 475 m de long et 5 m de large au bord du grand lac Salé. Des engins ont travaillé 292 heures et des ouvriers 625 heures pour remuer 6783 tonnes de terre. Elle fut engloutie par une brusque montée des eaux en 1972. De temps en temps, Spiral Jetty émerge de l’eau, cette monumentale structure est un témoignage de la dominance de la nature sur l’homme.
Sur la troisième photo, The umbrellas de Christo et Jeanne-Claude (1984-1991)
1800 ouvriers ont ouvert au même moment 3100 parasols installés dans deux contrées du monde éloignées l’une de l’autre. Au Japon (bleus) et aux États-Unis (jaunes). L’installation a duré 19 jours.
Sur la quatrième photo, The lightning field de Walter De Maria (1977)
De Maria a installé 400 piliers en fer dans le désert du Nouveau Mexique. Ces piliers font 4,57 à 8,15 m de haut, distancés de 67 mètres l’un de l’autre. Leur apparence change de couleur selon le temps et la lumière. Le Nouveau Mexique est une région à fort risque d’orages. Ces piliers attirent la foudre et créent des toiles d’éclairs. L’artiste a pris le soin d’installer des postes d’observation pour profiter de l’oeuvre.
Suite aux critiques de personnes qui, au début des années 70, accusaient certaines œuvres du Land Art de détruire l’environnement, on propose la notion d’œuvre de réhabilitation. On lance un grand mouvement incitant les artistes à réaménager des sites industriels ravagés, des endroits pollués ou trop acides et des sites miniers fermés.
Le Land Art est toujours présent aujourd’hui. Les artistes créent maintenant des formes diverses d’art écologique centrées sur les forces naturelles telles la lumière, l’énergie, la croissance, la gravité qui en font des œuvres moins interventionnistes et plus harmonieuses! En voici quelques-unes:
1. Gerry Barry 2. Andy Goldsworthy 3. Simon Beck 4. Nicole Dextras
Inspirant non? Je pourrais regarder ces images pendants des heures (d’ailleurs, j’ai formé un babillard Pinterest Land Art pour celles qui aimeraient en regarder davantage!)
Je vais définitivement louer les livres de Marc Pouyet à la grande bibliothèque! Des tonnes d’idées à réaliser pendant les vacances cet été
Et pour terminer, que diriez-vous de regarder un artiste dans le feu de l’action? M-a-g-n-i-f-i-q-u-e! Pensez-vous qu’il aurait besoin d’aide? Je passerais bien quelques jours en sa compagnie!
RUARRI JOSEPH :: Till The Luck Runs Dry from LIGHT COLOUR SOUND on Vimeo.