Quand la magie retrouve une certaine élégance...

Publié le 27 février 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Depuis quelques années, une nouvelle génération d'illusionnistes tente de dépoussiérer son art en s'émancipant des codes esthétiques un peu kitsches que celui-ci véhiculait. Il y a peu, Arthur Jugnot mettait en scène trois de ses amis magiciens dans un show vif et moderne ("Tout est écrit"). Eric Antoine eut pour sa part la bonne idée de mêler avec talent ses illusions à un stand up déjanté et hilarant. Son succès ne tarda pas. Il est mérité. Dans un autre genre, Laurent Beretta, actuellement au Théâtre Trévise, propose une magie poétique et grâcieuse qui vaut la peine d'être découverte et encouragée par les amateurs du genre, en dépit des légères réserves que nous émettrons plus bas.

La lecture du "Portrait  de Dorian Gray",  et plus généralement l'ensemble de l'oeuvre d'Oscar Wilde, fit basculer la vie de Laurent Beretta. Celle-ci le poussa à abandonner le monde de la finance, dans lequel il évoluait, pour se consacrer à sa véritable passion et réaliser ses rêves. C'est ce qu'il nous expose en préambule d'un spectacle truffé de citations de l'auteur anglais qui déteignent avec raffinement sur les tableaux qu'il nous présente.

Epousant l'allure des dandys "wildiens", l'artiste alterne donc manipulations superbement maîtrisées (quelle dextérité !) et grande illusions parfaitement réalisées. Sobriété et minimalisme mettent en valeur la poésie et l'onirisme des numéros exécutés. Le travail sur le corps est soigné. Précis. De véritables chorégraphies nous sont données à voir, dans un érotisme parfois latent. Joli. Le public se voit par ailleurs incité à mettre en oeuvre, lui aussi, ses rêves les plus fous à travers un tour participatif efficace. Esprit, classe et savoir faire composent donc ce show habilement pensé.

Nous regretterons toutefois une partenaire manquant de temps à autre d'assurance ainsi qu'une ou deux réflexions "philosophico-bistrotières" longuettes et dispensables (systématiquement appuyées par une main sur le menton...), à l'incidence fâcheuse sur le rythme du spectacle, l'empêchant d'atteindre totalement la perfection et la virtuosité espérées.

Rien qui ne doive toutefois vous dissuader d'aller applaudir Laurent Beretta.

Tous les mardis jusqu'à fin mars.

Photo : Michel Deschamps