Lettre d’une inconnue est un échange épistolaire unique.
Le lecteur assiste à l’évolution progressive de l’admiration d’une enfant pure et sans arrière pensée à l’amour sexualisé mais idéalisé qu’elle éprouve pour cet homme, élevé au rang de dieu.
La particularité de ce roman est qu’il est basé sur des éléments qui se répètent sans cesse et donnent du rythme au récit. Comme ces expressions, qui reviennent comme un leitmotiv « Toi qui ne m’as jamais connue », « Mon bien-aimé », « Mon enfant est mort hier »…
Mais cela se marque aussi dans le va et vient constant entre le rêve de l’amour partagé dans lequel la narratrice se complait, elle est alors convaincue que l’écrivain pense à elle et se languit de la revoir, et le retour à la réalité qui lui fait répéter sans cesse « Tu m’as oubliée ».
Cette lettre questionne nos relations aux autres. Est-on plutôt comme cet écrivain, tellement imbu de lui-même et si peu intéressé par les autres qu’il ne voit pas la jeune fille qui l’admire ou comme cette femme qui reste sans cesse en retrait, oubliant même de vivre pour elle-même ?
La lettre émouvante et déchirante d’un amour absolu qui n’a même jamais été remarqué. Pour moi, cette lecture a aussi été l’occasion de découvrir l’écriture magnifique de Stefan Zweig, capable de sublimer le moindre objet ou sentiment.
La première parution francophone de cette Lettre d’une inconnue date de 1927 aux Editions Stock. La version lue ici est celle du Livre de poche, qui a réédité l’ouvrage avec une couverture imaginée par le styliste Christian Lacroix : magnifique !
Lecture commune avec Vivi Potter et Walpurgis.
Lettre d’une inconnue – Stefan Zweig – Le livre de poche – 2010