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Cette nuit, l’écrivain/résistant/ambassadeur Stéphane Hessel est mort à l’âge de 95 ans. Surtout connu ces dernières années pour son manifeste Indignez-Vous, véritable best seller politique, il serait injuste de restreindre la vie extraordinaire de ce monsieur à ce simple livre. Retour sur le parcours d’un vieux de la vieille.
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Déjà, il est le fruit d’une histoire d’amour entre deux personnages passés à la postérité littéraire et cinématographique puisque ses parents ont inspiré le classique Jules et Jim qui relate l’histoire tumultueuse que vit une jeune bourgeoise allemande avec un traducteur juif mais aussi un autre monsieur. Bref, pour un homme de la trempe de Stéphane Hessel, ceci relève de l’anecdote.
Après avoir obtenu une licence de philosophie, il est engagé dans le conflit franco-allemand en 1940 où il assiste à la défaite française. Prisonnier, il réussit à s’évader et entre en résistance en rejoignant Londres. Il devient agent de liaison avec l’état britannique, sous l’impulsion de l’appel du Général de Gaulle.
En 1944, lors d’une opération sur le territoire français, il est arrêté, torturé et déporté au camp de Buchenwald avec 36 autres agents secrets. Difficile d’imaginer une fin glorieuse à la hauteur de son (leur) courage. Pourtant, il va une nouvelle fois s’échapper en prenant l’identité d’un camarade mort du typhus. Sur les 37, ils seront seulement trois à s’en sortir…
A la fin de la Guerre, il tente sa chance au concours du Quai d’Orsay ouvert aux anciens combattants et résistants pour devenir diplomate. C’est ainsi que commence sa carrière « politique » au cours de laquelle il sera tout d’abord amener à participer à la rédaction de la Charte des Droits de l’Homme de l’ONU. Proche de Mendès-France (auquel il restera fidèle toute sa vie d’un point de vu des convictions), il rejoint ce dernier lorsqu’il devient chef du gouvernement en 1954.
Lors de la chute de celui-ci, il entame une carrière de baroudeur et de représentant français à travers le monde: Viet Nâm, Etats-Unis et occupe différents postes prestigieux.
Il retrouve la France avec l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand et devient ambassadeur. Là encore, il endossera des responsabilités d’ordre sociale et morale à plusieurs reprises.
Ses missions et son rôle s’épaississent de plus en plus, ses convictions s’affinent. Homme de gauche depuis toujours, il est aussi un européen pur et dur, pensant que la France ne peut peser qu’avec l’aide d’une institution européenne. Défenseur des droits de l’homme et des droits des immigrés, il arrivera à s’attirer les foudres de son propre camp lorsqu’il dénoncera l’attitude française avec l’Afrique: « la politique française devrait être revue dans le sens d’une plus grande rigueur et du rejet de toute complaisance clientéliste ».
Stéphane Hessel est aussi connu pour ses prises de positions dans le conflit israélo-palestinien, n’hésitant pas à citer Israël comme un état tyrannique au même niveau que la Chine ou l’Iran, ou en désignant comme crime de guerre les différentes attaques dans la Bande de Gaza.
C’est sur la fin de sa vie qu’il prendra le temps de publier plusieurs ouvrages dont le très bon Citoyens sans frontières en 2008 et bien évidemment, le mini manifeste maxi bruit Indignez-Vous qui mettra en lumière ce personnage qui le méritait tant. Une vie menée à grand train pour défendre ce qui devait l’être tout en étant un grand amoureux de la France. On ne peut qu’être triste d’une telle perte mais vu la merde que c’est partout, on se dit que c’était, pour lui, le meilleur moment pour partir. Merci Monsieur.
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