Magazine Culture

- Alleluia Marie-Bernadette ! D'ici là, prenons donc une liqueur !

Par Absolut'lit @absolute_lit

rimbaud.jpg- Ah, regardez donc, Marie-Bernardette, encore un peuple en guerre, à feu et à sang..
- Que voulez-vous, Henri-Paul, le peuple n'est jamais content !
- Je suis d'accord avec vous, Marie-Bernadette, mais enfin, les pauvres enfants..
- Oui, je sais, Henri-Paul, c'est affligeant, c'est affligeant..
- Tous ces orphelins, qui n'y sont pour rien, victimes des idéaux de leurs parents...
- Au nom de quoi se battent-ils, présentement ?
- De la liberté, Marie-Bernadette ! N'est-ce pas déroutant de quérir la paix en s'écartant du Paradis ?
- Evidemment, très cher, évidemment ! Avons-nous pris une quelconque vie pour atteindre aujourd'hui ?
- Que non, ma chère, nul besoin de prendre les armes pour donner du charme à ses jours !
- Comme vous parlez bien Henri-Paul, votre âme de poète m'a toujours ébahie
- Vous me flattez Marie-Bernadette, vous me flattez ! Qu'y puis-je, vous m'inspirez alentour !
- Arrêtez, Henri-Paul, je vais rougir.. c'est péché !
- Allons, Marie-Bernadette, allons, il est bien loin d'être capital ! Ah ah ah !
- Oh Henri-Paul ! Hi hi hi ! Si l'abbé nous entendait...
- Il rirait aussi, Marie-Bernadette, il rirait aussi ! Ah ah ah ah !
- Rooo, ce n'est pas bien Henri-Paul, ce n'est pas bien..
- Soit ! Nous irons demain au presbytère nous confesser, et surtout prier pour ces païens !
- Oh oui, Henri-Paul ! Purifions nos âmes, élevons nos cœurs !
- Alleluia Marie-Bernadette ! D'ici là, prenons donc une liqueur !

Heureusement pour Marie-Bernadette et Henri-Paul ils n'entendirent pas la suite du journal télévisé :


"Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu ;
Qu'écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;
Tandis qu'une folie épouvantable broie
Et fait de cent milliers d'hommes un tas fumant ;
- Pauvres morts ! dans l'été, dans l'herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !...
- Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l'encens, aux grands calices d'or ;
Qui dans le bercement des hosannah s'endort,
Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l'angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !"*

Cela aurait gâché le tintement du cristal, cela aurait gâté la liqueur vespérale.

(* : Le mal)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Absolut'lit 804 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines