Nul n'a oublié l'inénarrable Xavier Bertrand notamment dans sa période ministre du travail et du choooooommmage, comme aimait à le qualifier le regretté Patrick Roy ! Hé bien, Xavier Bertrand qui, rappelons le, ambitionne de devenir Président de la République en 2017 (du moins s'il gagne la primaire de l'UMP) vient de prendre la parole pour nous parler de ... l'âge de la retraite.
Que dit-il ?
« (...) La prochaine étape pour les retraites, disons-le sans détour, c'est 65 ans entre 2025 et 2030" mais "certainement plus près de 2025 (...) Il va falloir accepter de travailler plus longtemps (...) » - Libération
Ce que dit également Geoffroy Roux de Bézieux, candidat à la présidence du Medef : « (...) L'allongement de l'espérance de vie implique d'augmenter la durée d'activité. C'est non négociable ! (...) »
La seule différence entre ces deux promoteurs du travailler plus longtemps ?
Le fait que Roux de Bézieux ajoute : « (...) Cela passe aussi par un effort des entreprises pour maintenir les seniors dans l'emploi car, même si du chemin a été fait depuis dix ans, c'est loin d'être suffisant (...) »
Un effort des entreprises vis à vis des seniors ? Parlons en justement, au travers d'une étude publiée par l'association "A compétence égale" reprise par Capital sur son site Web.
Qu'y apprend t-on ?
« (...) Les recruteurs ont tendance à écarter leurs profils perçus comme trop coûteux ou surdimensionnés par rapport au poste. Les consultants en recrutement, eux, redoutent qu'une recrue âgée ne s'intègre pas dans une équipe jeune, voire témoigne d'une trop grande résistance au changement (...) la loi de 2009, qui oblige les entreprises de plus de 50 salariés à mettre en place un plan d'action pour le maintien dans l'emploi et le recrutement des seniors, n'a eu qu'un effet très limité. Pour 84% des DRH et 83% des consultants en recrutement, elle s'avère même totalement inefficace (...) le taux d'emploi des 55-64 ans n'a quasiment pas progressé à 41,5%, un niveau encore bien en deçà de la moyenne européenne à 47,4%. Parallèlement, la crise a entraîné la flambée du taux de chômage des 55-64 ans (à 6,8% fin 2012). Ils sont ainsi plus de 682.000 quinquas à pointer à Pôle emploi (+16,9% sur un an) soit la plus forte hausse, toutes générations confondues (...) »
Est ce à dire que M. Roux de Bézieux, comme ses collègues du Medef, se moque du monde ?
Certainement, dans la mesure où les entreprises françaises ont outrageusement abusé de la rupture conventionnelle pour se débarrasser de leurs salariés âgés !
Ainsi : « 17% des ruptures conventionnelles ont été signées par des salariés de 50 ans ou plus au 1er semestre 2012 (...) » et : « (...) 6,7% des ruptures conventionnelles concernent des salariés de plus de 58 ans (...) » Ecrit sur son blog Nathalie LAILLER avocate spécialisée en droit du travail.
Ce que confirme son confrère Frédéric Benoist : « (...) La rupture conventionnelle est utilisée dans 3 cas sur 4 par les entreprises de moins de 50 salariés. Elle concernerait majoritairement les seniors (...) » tout comme le site Intelligence RH : « (..) un demandeur d’emploi de 55 à 60 ans sur cinq s’est inscrit à Pôle emploi au cours du premier trimestre 2010 suite à une rupture conventionnelle de son contrat de travail (...) »
Loin d'être suffisant disiez vous M. de Bézieux ? Reconnaissez tout simplement que l'objectif des entreprises est de transférer à l'UNEDIC la charge des salariés les plus âgés.
Hé oui, certains, après deux ou trois ans de chômage indemnisé, pourront faire valoir leurs droits à la retraite. Ceux nés en 1952 ou 1953 pourront espérer toucher l'allocation équivalent retraite (AER) rétablie à compter du 1er mars, quant aux autres ....
Du côté de Xavier Bertrand qui, au passage, avait supprimé l'AER pour faire des économies, pour ensuite lui substituer l'ATS, quasi impossible à obtenir, puisqu'elle n'avait concerné que 500 personnes en juillet 2012, au lieu de 68 700 allocataires en janvier 2008 pour l'AER, on évite le sujet, préférant reprendre l'éternel fantasme du Medef : La capitalisation retraite !
Or, ce que demandent les salariés seniors, ce n'est pas de jongler d'une indemnisation ou d'une aide à l'autre. Ce qu'ils réclament, c'est :
Le droit de continuer à travailler sans subir de discrimination à cause de leur âge Le droit à être formé si nécessaire pour s'adapter à toute nouvelle technologie Et surtout celui de ne pas voir leurs candidatures être rejetées avant même d'avoir été étudiées ou même simplement lues !
Alors, MM. de Bézieux et Bertrand, avant de nous obliger à attendre 65 ans pour partir à la retraite, laissez nous déjà travailler jusqu'à ... 62 ans !
Crédit et copyright image Faujour